EDC de 39094

Je jette un œil à l’écran de veille de mon aitl. Le vingtième cycle touche bientôt à sa fin, l’heure de mon rendez-vous au DCN. Je m’arrache du canapé et de la frange. Profond soupire. Je m’efface dans le corridor avant de gagner l’air saturé de la ville. La flemme de bouger jusqu’au T-Cast, je remonte la rue vers la Haute…

Le paquet vermeil regagne la poche de mon blouson, alors que la Bloody Crystal se consume, nonchalante. Pétillement enivrant sur la langue, je penche la tête en arrière, recrache la fumée laiteuse vers le smog ambiant. Va falloir que je me remette à la production, les dernières cartouches pâlissent. Je regarde mon avant-bras cyber, neutre de toute émotion. Fichue boîte de conserve…

Petit arrêt par le Plazza. Je repère une silhouette accoudée au zinc, je ne connais l’autre que de nom, de son surnom plutôt. Mon regard glisse sur l’humaine. Brunette plutôt mignonne. Je souris à la pensée de notre court échange, un peu plus tôt. Une intonation désagréable m’en tire à coup de pied. Des morveux en ville…

L’échange avec la DI se termine rapidement. Quelques banalités échangées, le sujet des mioches effleuré. L’impression que ça n’intéresse pas. Je quitte les locaux du DCN, clope entre les lèvres. Le néon flashi du bar qui porte mon patronyme grésillement furtivement. Un pseudo attroupement non loin. Une blouse qui rase le sol. Un des mioches ? Un gobelin ? La chose s’éclipse, les autres à sa suite.

J’ai l’impression d’avoir plongé dans un de ces jeux matriciels débiles qui pullulent. Tokémon ! Attrapez-les tous ! Musique entêtante, graphismes basiques. Une occupation pour vautour frustré…

La ville se réveille, émulsionne. Quelques corps au sol, meurtris. Des ordres qui fusent. Des citoyens refoulés. La prison risque de se remplir ce soir. Chacun court dans tous les sens, tente de mettre la main sur les mômes. Sont 5 parait-il…

Toujours les mêmes visages. Des plumes. Des chauves. C’en est presque écœurant. Je reste à l’écart, mais reste alerte. Ils sont 3 à la Moule. Je ricane face aux artifices déballés pour les amadouer. Une sucette par-là, un joujou téléguidé de l’autre. Je triture mon paquet vermeil, dessine du pouce le cristal en relief. Celui aux lunettes rouge s’éclipse, je fais de même par une sombre ruelle. Le spectacle me lasse.

Quelques messages échangés. Je les crypte dans la foulée, le stockage matriciel étant indisponible pour le moment, saturé par un message, boucle binaire. Moi ce sont leur noms qui se bouscule dans ma tête. Je me dirige vers l’immeuble, sceptique sur le comportement un peu plus aliéné de la ville. Demain sera sans doute pire. Les langues se délient si facilement pour quelques crédits… dans le meilleur des cas.