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Ouvrage : Gratis pro Imperatore

Gratis pro Imperatore
PREFACE de Lord ThOr Brokers.
«L'Imperium donne à la franchise, à la fidélité et à la droiture un accent qui ne peut être ni contrefait, ni méconnu.» Lord Thor Brokers.
La grande muette, voila ce qui qualifiait l'armée de nos ancêtres. Elle est tel une mère protectrice, agissant pour le bien de ceux qu'elle aime sans que ces derniers ne se rendent compte pourquoi ni comment.
Cette force calme et brutale, silencieuse et mortelle qui passionne certains et en effraient d'autres ne peut se décrire autrement qu'en y vivant, dormant pour elle, mangeant pour elle, mourant pour elle, c'est le quotidiens de nos gardiens.
Ce témoignage raconte la vie d'un de ses soldats, devenu sergent, relatant ses moments de combat intenses pour la plus grande gloire de notre Empire, ses moments de souffrance mais aussi ceux de bonheur et de satisfaction personnelle.
L'évolution d'un homme ayant appris par l'écoute, l'apprentissage et le temps qu'il n'y a de récompense plus intense que le don de soi au service d'un idéal.

***********

GRATIS PRO IMPERATORE
de S. Oakenshield

PROLOGUE
On est toujours maître de ses silences, quand la parole toujours nous enchaîne. C'est du moins ce que m'ont appris ces quelques trois années qui se sont écoulées depuis mon Grand Réveil à Dreadcast, et ma manière de reprendre l'adage de feu Alleria Windrunner, «Voir sans être vu est la maîtresse action de la survie».
L'Imperator veuille que même en stase, perdue pour nous dans la quiétude d'une cuve, toujours je tourne mon regard vers cette Incarnation de l'Imperium. C'est à elle que je dédie cet aveu et ce témoignage. Sans doute le voile du temps s'est il déjà abattu sur les évènements que je m'apprête à raconter, et mes efforts pour rassembler des images et des voix seront ils mis en doute. Qu'importe. La vérité est ce que nous faisons, et elle suppose une démarche pratique. Que ce texte en soit un exemple, et le premier pas d'une prise de conscience pour un éventuel lecteur. Que celui-ci me pardonne mes divagations, que l'Imperator m'épaule dans mes efforts pour rendre intelligible les réminiscences de mon esprit.
Pour ma part, je dirais plutôt que ce que ce sont les derniers cycles du jour 3/215.3 qui m'ont poussé dans les abîmes du défi à relever pour l'Imperium.
Ce soir là, j'ai appris ce qui rendait le soldat supérieur au guerrier, le silence plus incisif que le cri, et le sacrifice plus honorable que le suicide.
Ce soir là, je suis devenu un serviteur de l'Imperium.

- Témoignage validé par l'Académie impériale.-
Service de la censure code 1b. Classification des Services des Archives Impériales-
Date: 4/218.1
RECIT :
Mon enrôlement au Militarium releva d'une pulsion indéfinissable mais réelle. J'ignorais à peu près tout du vaste échiquier en place autour de moi, poussière que j'étais bousculée par l'avance d'un holopion, quelle que soit sa couleur. Répugnant à grossir les rangs des innombrables établis des STV, ou bien à intégrer l'administration du CIPE, je me tournais naturellement vers ce bâtiment massif qui se dressait, isolé à l'est du secteur, le long d'un mur qui m'obsédait et m'interrogeait. Le salaire était correct, et je fus vite encadré par le lieutenant Jezebel dont le nom s'est pour l'heure perdu dans le silence. Puisse l'Imperator la ramener à nous et la faire brandir à nouveau l'agrimensor de jadis!
Apprenant laborieusement, dans une relative indiscipline, les consignes qui m'étaient énoncées, je subissais les quelques injustices inhérentes à toute "correction disciplinaire", me souvenant notamment de nos chants à l'établi avec le conscrit Rod, disparu depuis. A force d'heures passées sur le vibropolisseur, et des nuits passées à comprendre les commandes matricielles, je devins finalement capable d'enclencher des lignes de codes défensifs utiles à la solidité du sas.
C'était d'ailleurs à peu près la seule chose que j'avais compris. J'étais plus «massif» alors et je me revois encore, la barbe mal rasée, à rire des disputes de Khan -que sa traîtrise pétrifie ses codes de clonage!- et du sergent Darkdzen, les injures des Trolls résonnant sur les poutrelles métalliques de la salle d'entraînement. Les sergents Darkdzen et Gabriel me formèrent au combat, m'apprenant à parer et attaquer, et les règles tacites qui régissent les entraînements.
Le lieutenant Jezebel, et plus encore Sydre, me firent effectuer les heures de pompes et de garde à vous nécessaires aux automatismes justifiés par la discipline.
Ici, j'ai appris à me taire. Ici, j'ai appris à endurer.
Chaque fin de journée, je guettais sur mon Terminal la tombée d'une paye qui, si elle était modeste, me semblait alors une fin digne de mes efforts. Non, je n'étais pas encore soldat.
Peut-être fut-ce ma rencontre avec l'agent [application du code 1-b. Effacement...effacement...effacement]. Quoiqu'il en soit, ses premières consignes officieuses furent une première initiation, de même que l'ordre en infraction avec le code qui me fut donné un matin par [application du code 1-b. Effacement...effacement...effacement]. Ce fut ma première expérience des souterrains, même si elle fut brève.
A cette date, je regardais toujours le sas illuminé en salle Est par les faisceaux rouges, comme la bouche d'un colosse humide et sombre, prête à engloutir les téméraires qu'on payait pour y entrer. Fortifiant mon corps sans m'être remparé l'esprit, accumulant les crédits sans avoir compris mes efforts, je n'étais qu'un guerrier soldé attendant le grand basculement avec une impatience mêlée de crainte, entouré que j'étais d'orcs, de trolls et de vétérans muets du haut de leur expérience.
Alors vint le soir de cette journée codée par la matrice comme celle du 3/215.3.
Lady Andraste, qui commandait alors le Militarium d'un silence qui ne souffrait ni la contestation, ni la faiblesse, lança une opération dont les consignes furent énoncées par le lieutenant Jezebel. Je crois revoir Khan qui brandissait une large épée énergétique, Mylianne préparant son deck dans un soupir d'agacement. Je voyais le Dr Shivah, qui n'était pour moi qu'une outrilienne à l'accent prononcé, préparer ses sérums sous un regard aux yeux fixes et à la pupille petite et ronde. D'autres étaient là, peut-être Yaboss, Fitz également je crois, à l'époque où, Major, il ne se montrait guère, sans pour autant donner l'impression de méditer l'infamie dans laquelle il est tombé depuis.

Le sergent Gabriel, peu volubile, donna les dernières consignes tandis que nous nous tenions autour du sas. Le PAM consigne militaire. Terminologie codée par la classification 1-b.] fut donné. Les faisceaux virèrent au vert, et c'est le visage éclairé par la couleur de l'espoir que je m'engouffrais pour ma première grande opération, quand bien même était-ce ma troisième expédition.
Progressant par escouades, nous entendions les consignes nous parvenir sur nos radios. L'inexpérience de plusieurs d'entre nous nous motivait des bravades feintes, mais réconfortantes, et ce serait mentir que de ne pas avouer que je lançais alors les saillies des lâches, déblatérant au loin ce qu'ils n'osent répéter de près, ceci en progressant d'un pas lent.

Les quelques exclamations de plusieurs d'entre nous avaient en effet pour but de nous faire oublier les ténèbres de ces égouts fétides, tagués de messages impurs. Le sang froid de nos officiers n'amoindrissait en rien mon mal être dans ces recoins humides, où pullule toute la vermine biologique que l'on voit plus rarement à la surface. Pour la première fois, j'entendais des os craquer sous nos pas.
Les angles se succédaient, et nos lampes frontales me faisaient découvrir des recoins que j'avais déjà vus, sans y avoir prêté attention alors. Les heures passaient, tandis que nous progressions de manière concertée. J'entends encore la voix qui retentit soudainement au réseau com, sur le canal du Militarium:
«Objectif en vue! Regroupement et déclenchement de hack à 5...4...3...2...1!»
Je ne portais pas de casque alors, et je me souviens avoir fait glisser mes mains moites le long des manches d'arbalètes, avant de de m'emparer d'un deck acheté à grand frais quelques jours avant. Le soldat Myliane, à mes côtés, était bien plus agile avec cet engin, et si elle n'avait pas ma précision au tir, ses doigts lançaient des lignes de code qui valaient bien mes carreaux.
On sentait la nervosité des Trolls, le lieutenant Jezebel hurlant dans la radio:
«Go!»
Ce n'est qu'à cet instant que j'aperçus Lady Andraste, notre général, dressée à côté de l'échelle conduisant au sas rouillé et suintant du Secteur Dissident et Traître. Nous nous disposions en formation, comme appris en manœuvre. Je me souviens du calme glacial de Gabryelle, qui ne disait mot tandis que je scrutais les alentours d'un œil alerte et, à vrai dire, nerveux.
Soudainement, un cri retentit.
«Saloperie de voleur!»
Me remémorant l'expression de fureur du sergent Gabriel, je ne crois pas mentir en l'avançant comme la victime de la cleptomanie de ceux qui n'ont pas eu la Révélation de la Bienveillance de l'Imperator. Des lames furent tirées, et deux soldats quittèrent les rangs, tandis que le lieutenant Jezebel nous ordonnait de garder la formation. J'aurais juré voir le sas rebelle vibrer de manière infime tandis que ses abords crépitaient ponctuellement d'une étincelle provoquée par les branchements de nos decks. Je restais muet, le visage éclairé par la lumière de la matrice impériale à l’œuvre.
Des injures résonnèrent dans un écho lointain, je crus même entendre un «Petit, petit!» suivies de tirs...et d'un bruit sec qui suivit un vrombissement métallique.
Quelques minutes plus tard, une tête d'un individu aux lèvres encore crispées sur une cigarette mal éteinte roulait à nos pieds. Khan et moi levions les yeux: nous venions de voir pour la première fois à l’œuvre le capitaine Sydre, tandis qu'il désactivait son agrimensor.
«Et d'un!»
Lady Andraste et le lieutenant Jezebel hochèrent silencieusement la tête.
Les heures passèrent et nous étions assis. Je me donnais une contenance en frottant mon arbalète, après qu'on m'ait ordonné de ne plus dire un mot. Puisse Cyrius Enclism me pardonner ma jactance d'alors!
Myliane pianotait sans cesse son deck, Gabryelle dégageait une mèche de cheveux d'un air songeuse, Khan jouait du coude, insultant vainement les rebelles sans doute en pleine agitation au dessus de nous, car il est vrai que les plus bruyants sont ceux aux convictions les plus vacillantes et les plus troubles.
Un clapotis d'une eau polluée et malodorante, un cliquetis métalliques et des faisceaux lumineux, me firent tourner la tête. Je tendais mes arbalètes, le souffle coupé par un masse sombre obstruant un tunnel. Elle s'approchait.
«Bonsoir soldats.
  • Bonsoir Lord Ricou.»
Je découvris la réserve. Composite mais relativement nombreuse, elle mettait côte à côte un Troll velu, aux mains assez épaisses pour faire le tour de mon crâne, et une kobolde chétive et discrète, fouinant dans un minuscule sac des "précieux" que je ne parvenais pas à identifier.

L'attente repris, et je me retrouvais aux côtés de Gabryelle, juste derrière Khan. J'échangeais à voix basse quelques mots avec la dénommée Lillidjah, qui m'assurait pouvoir se replier rapidement pour peu que Lord Ricou la laisse grimper sur son dos.
C'est alors que se produisit un évènement qui me stupéfia. Nos torches vacillèrent tandis que le sas sembla grincer un bref instant. Nous jurâmes avoir entraperçu quelque chose. Un instant plus tard, une silhouette apparut sur nos cibleurs. Un androïde non identifié.
«Merde!
-Furtif détecté!
»
J'eus à peine le temps de tirer une salve de carreaux. Khan et une réserviste se trouvaient déjà sur la cible. Quelques secondes plus tard, l'androïde dut se trouver un nouveau modèle corporel. Mais nous n'avions rien vu.
Un léger clapotis attira d'abord notre attention, suivi d'un léger cliquetis. Un courant d'air me fit trembler dans l'armure métallique archaïque que je portais alors, quand deux fentes jaunes et luisantes apparurent dans l'obscurité.
Dans un souffle, je reconnus une silhouette de petite taille encapuchonnée, qui semblait penser qu'on ne l'apercevrait pas.

Un cri retentit, que l'on devait entendre bien souvent plus d'un an après, lors du premier grand raid rebelle en Secteur Loyaliste:
«Nikea!»
En un éclair, tout ne fut qu'acier et crépitement d'armes. La pièce s'illumina de visées lasers, de faisceaux de torches et de tirs traçants. Je vis une elfe bondir, une orque hurler, les Trolls s’amasser. Le canal radio satura sous les ordres, et malgré la violence déchaînée, la formation ne se brisa pas.
La petite silhouette s'abattit non loin de moi, dans un grincement de dents qui me fait encore frissonner. Elle avait tenté de fuir un temps, s'approchant de moi sans que je puisse l'atteindre de mes carreaux.
J'eus à peine le temps de m'abaisser et de poser une main dans le sang répandu, portant à mes narines une odeur âcre et fétide. A côté, Khan, le futur traître, rangeait un membre tranché dans la lutte, macabre trophée du leader dissident.
Pourtant, ce fut moi qui ramena les germes de la maladie au retour de cette expédition, celles qui allaient affaiblir mon corps pour mieux rasséréner mon âme.
Le sas crépita d'étincelles, et dans un grand vacarmes, tout fut soufflé. Une onde magnétique perturba un temps nos decks. Et nos lampes s'éteignirent. Silence.
«Ils descendent!»
Mon terminal s'affola soudainement, et tous nous vîmes apparaître des signaux matriciels cryptés tout autour de nous. Le sas allait céder, et la racaille dissidente montrait la rage des désespérés.
Je serai bien incapable de me rappeler le détail du combat qui suivit. Je me souviens avoir combattu dos à dos avec Myliane, avant d'acculer dans un angle un rebelle des plus véloces. Derrière nous, Khan était tombé, face à un rebelle qu'on m'a affirmé être un dénommé Maatheo. Sa lame était d'une longueur digne de sa furie, son regard empli d'une rage qui me semblait frénétique. Mon armure céda son l'impact de son coup et je versai pour la première fois mon sang pour l'Imperium...en abondance.
Fléchissant les genoux, je ne pus que me replier.
Je sentais le colosse progresser à ma suite, avide de pouvoir achever un adversaire affaibli. Je pus progresser encore, profitant de la confusion des combats et de l'obscurité pour emprunter un chemin que je voulais chaotique...jusqu'à atteindre l'escouade du général, où j'apercevais le lieutenant Shivah en train d'injecter un sérum à un combattant blessé.
Tous tombèrent alors sur mon poursuivant, qui s'effondra non sans brandir à plusieurs reprises sa lame reflétant les crépitements d'armes braquées sur lui. Etait-ce le XVI qu'aimait arborer Killman? Je serai incapable de le certifier.
L'ordre de repli vint rapidement, après que le lieutenant Jezebel nous annonça que le sas se trouvait à nouveau clos. Un sentiment de déception aurait du nous traverser, et nous faire ressentir l'amertume de l'échec.
Pourtant, le sang rebelle était abondamment répandu autour de nous, en dépit de nos pertes.
Le retour fut rapide, bien que mes bottes de titane me semblaient aussi lourdes que des neuvopacks chargés. La boue, le sang -d'ailleurs de qui était-il?- ralentissaient ma marche. Je crus défaillir, inspirant avec avidité un air malsain. Je ne disais pas un mot, sentant en moi germer un sentiment de gratitude et de reconnaissance. Non, je n'étais pas seul dans l'obscurité, et entouré de mes camarades, je n'avais plus pensé ni à la solde ni au confort, pas plus que je n'avais raisonné sur le péril dans lequel je m'étais trouvé.
La matrice -louée soit l'intelligence de l'Empereur!- était formelle. Je me trouvais sous le sas impérial. D'une main malhabile et glissante, j'empoignais le premier barreau. Un à un, mettant à l'épreuve mes membres douloureux et mon torse ensanglanté, je serrais les dents en gravissant l'échelle.
Enfin j'enclenchais mon deck, et s'ouvrit la porte du retour, et jaillit la lumière.
Alors je sus.
Je sus que ce soir là, je n'étais plus un combattant attendant sa solde pour boire un verre au Requiem for a Drink, le lieu de débauche alors en vogue, prisé de la racaille criminelle. Je sus que je n'étais pas un guerrier transcendé par la violence déchainé. J'étais venu, j'avais sacrifié et j'avais survécu pour et par la seule Volonté de Celui qui Préside à la Destinée de l'Humanité.
Du sas Impérial jaillissait la lumière, et l'Empereur en était le faisceau rayonnant! Le faisceau rouge de la salle Est du Militarium m'éblouissait, tandis qu'une recrue m'aidait à sortir des Ténèbres.
J'avais versé mon sang, j'avais contracté la plus terrible des maladies, mais j'étais en vie, et cette vie avait désormais un sens.
Louons l'Empereur, sans qui il n'est aucune lumière dans les ténèbres des affrontements!
Louons ceux qui le servent, car ils ont transcendé la mort tout en donnant leur vie !
Louons la matrice, qui tous nous unit, louons la Cuve, grâce à laquelle la lutte se poursuit, jusqu’à la Victoire Totale de Celui qui nous les a offert, jusqu’à la Victoire de l’Ordre et de l’Unité, sous Son regard vigilant !
Ad Majorem Imperatoris Gloriam !

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