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Episode III : la fuite

Car l'Univers s'oppose de lui-même à sa propre constance
Sans savoir ni comment ni pourquoi, je me mettais à développer des sentiments ainsi qu'à consigner quelques pensées dans un petit carnet. Depuis un certain temps, on me laissait plus de liberté, dans le sens où les scientifiques me laissaient un peu tranquille (sans doute étaient-ils en panne d'inspiration...). On m'avait laissé le droit de me promener à ma guise dans la base, car jusque là j'étais limité à mon placard à balais et au labo principal. Durant l'une de mes longues marches, j'ai eu la joie de découvrir une bibliothèque assez bien fournie, dans laquelle je passerai le plus clair de mon temps.
L'opinion que je portais sur ma vie était assez neutre (de toute façon, je n'ai jamais rien connu d'autre); je ne me plaignais pas, et il m'arrivait même de m'amuser à certains jeux avec les scientifiques. Il faut dire cependant que j'évitais le plus possible le contacte avec les autres en dehors des séquences expérimentales quotidiennes.
Je n'aimais pas beaucoup ces scientifiques; ils ne m'inspiraient pas confiance. Et il faut croire que je ne leur inspirais pas confiance non plus. Une fois, j'ai surpris l'une de leurs conversations dans la salle de la machine à café (lieu ultime de ralliement de tout le monde dans le laboratoire). Ils parlaient de moi.
" Il développe des sentiments, c'est incroyable, lança l'un d'entre eux.
-- Ou inquiétant, rappelez-vous les nouvelles d'Asimov, rétorqua un autre."
Un silence parcourut la salle, je sentais que l'atmosphère venait de se tendre d'un coup d'un seul.
"Ouais enfin c'est vieux quand même, les choses ont changé, non ?
-- Oui et puis il y a les trois lois de la robotique...
-- En même temps, son esprit est apparu ex nihilo, est-ce que les lois s'appliquent dans ce cas là ?
-- C'est vrai ça, on sait même pas comment il est fait..."
Le silence devint de plus en plus pesant. La jeune scientifique à qui je dois mon corps but bruyamment son café comme pour briser le silence et, tout en se dirigeant vers la sortie de la salle de repos, elle dit "Vous vous faites des idées, que pourrait-il vous arriver ?".
Au moment de sortir, elle me vit alors que j'écoutais en secret la conversation. Elle me regarda du coin de l’œil, un petit sourire au visage, et fit comme si je n'étais pas là. Je ne tardais pas à m'en aller moi aussi, laissant les scientifiques à leurs conversations.
Aussi étrange que cela puisse paraître, je dors. Sans doute cela vient-il du fait que je suis devenu conscient, alors mon esprit doit se reposer... Mon sommeil était lourd ce jour là. J'étais adossé au mur de ma "chambre", comme toujours, et je fus réveillé par des murmures. Quelques pièces plus loin, trois scientifiques discutaient.
" Je n'arrive pas à trouver le sommeil.
-- Moi non plus, notre discussion de tout à l'heure m'a comme qui dirait... tourmenté.
-- Moi aussi je peux pas dormir. Entre nous... imaginez qu'il se réveille pour tous nous tuer...
-- Dis pas de conneries, ça me fait peur.
-- On dirait un mauvais remake de 2001 : Odyssée de L'Espace..."
Les trois compères discutèrent un moment, puis ils retournèrent se coucher après avoir convenu qu'ils s'imaginaient des choses. Ce genre d'évènements arriva plusieurs fois dans les semaines qui suivirent, jusqu'à atteindre la fréquence d'une fois par nuit. Au début, c'était les trois mêmes scientifiques qui se réveillaient en pleine nuit mais progressivement, d'autres venaient les rejoindre.
À mon sens, cela n'avait pas vraiment de gravité. Je les voyais s'agiter un peu en me croisant dans les couloirs. Ils me regardaient avec un œil noir qui semblait dire "sale truc, barre-toi", mais comme ils m'étaient profondément indifférents, cela ne me gênait pas outre mesure.
Une nuit cependant, quelqu'un frappa à ma porte. C'était la jeune scientifique (toujours la même) qui voulait me parler :
" Je ne te dérange pas j'espère...
-- Non non, il n'y a pas de problèmes.
-- J'ai finis mon stage ici et je dois partir demain pour la ville la plus proche.
-- Ah ? Déjà ?
-- Je sais que tu vas trouver ça bizarre, mais je tenais à te dire au revoir...
-- Eh bien, euh... merci... enfin, je suis touché..."
Elle me sourit, se tourna et s'apprêta à partir de la pièce, mais finalement se tourna à nouveau et ferma la porte.
"K, ce que j'ai à te dire est on ne peut plus sérieux. Les scientifiques ont développé une psychose dont tu es le sujet. Leur imagination délirante a construit une image de toi peu reluisante. Ils pensent que tu veux les tuer ou un truc du genre". Elle baissa les yeux puis se tourna vers la porte et l'ouvrit. "Fait attention s'il te plaît".
Le lendemain, elle était déjà parti pour profiter de la fraîcheur de la matinée dans le désert. La vie continuait assez normalement. Peu à peu, les discussions nocturnes des scientifiques disparurent comme elles étaient venues même si les scientifiques paraissaient toujours surpris de me croiser dans les couloirs.
Mais cette douce vie n'était qu'illusion. Dans mon dos se tramait un complot destiné à me nuire. Alors qu'une nuit je me faisais insomniaque, je passai par hasard devant la salle de réunion. Dans cette salle, l'intégralité des scientifiques ainsi que le directeur étaient réunis et discutaient (encore) de moi :
" Il prépare quelque chose, c'est sûr.
-- Nous devons l'arrêter, il est devenu fou.
-- C'est une erreur, nous devons le supprimer."
Chacun allait de son commentaire élogieux lorsque le directeur déclara : "Demain soir, lorsqu'il sera couché, nous le détruirons. C'est tout ce qu'il mérite".
Je reculais dans le couloir, puis repartit d'un pas pressé dans ma chambre. Là-bas, je réfléchis. Après tout ce que j'avais vécu et enduré pour leur faire plaisir, alors même que je n'avais jamais protesté, que je ne me étais jamais plaint que je ne leur avais jamais fait aucun mal, ils décident tout d'un coup de me supprimer ? Mais pourquoi ?!
Le lendemain, tout était calme. Je ne suis pas sortit de ma chambre et personne ne vint me déranger. La journée me parut très longue. Je n'arrêtais pas de me demander ce qu'il allait se passer, et surtout ce que j'allais faire : je ne sais même pas me battre. Petit à petit, je me rendais compte que tout ceci était inévitable. Les humains sont assez stupides pour laissez leur imagination dicter leur conduite. Leur paranoïa avait gravement dégénéré au point qu'ils allaient vraisemblablement me tuer, alors que je n'ai jamais eu la moindre intention meurtrière ou même violente.
La nuit tombait sur le désert encore chaud de la journée. J'étais stoïque, dans mon placard à balai. Lentement, très lentement, je me levai et me dirigeai vers la grande salle du laboratoire. Dans les couloirs, j'entendais les scientifiques qui s'activaient. D'un geste parfaitement mesuré, je pris deux fioles et un erlenmeyer. Je mélangeai soigneusement les deux produits, puis j'y incorporai une pincé d'une poudre avant de boucher le récipient. Je plaçai délicatement le flacon dans le conduit d'aération, ouvrai le mélange puis fermait complètement la grille après y avoir fait passé une ficelle. Je mis en marche le système d'aération.
Toujours aussi posément, je pris quelques fioles emplies d'un mélange de ma conception et dans le bloc principal, des scalpels, des pointes et autres couteaux, et je m'apprêtais à parcourir les couloirs de la base. L'ennemi s'était divisé et arpentait les couloirs par groupes de deux. J'installai une petite minuterie sur la ficelle qui dépassait de la grille d'aération : 10 minutes. Je partis en chasse, toujours aussi calmement.
Je rencontrai un premier groupe qui ne se défendit pas beaucoup, pris au dépourvu. J'en rencontrai un autre, plus armé celui-ci, contre qui j'ai dû lancer deux scalpels et utiliser une de mes fioles explosives, ce qui alerta toute la base. Les groupes se mirent à courir vers ma direction. Ils s'étaient équipés d'armes expérimentales et étaient tellement effrayés qu'ils tiraient sur tout ce qui bouge (et même sur les plantes synthétiques). Les bruits, peu importe leur provenance, accentuaient peu à peu le stresse. Je décimai un à un les opposants en me dirigeant vers la sortie.
Sur les 34 membres du personnel de la base, j'en avais déjà exterminé 12. Je réussis à gagner la sortie et me mis à courir dans le désert. Derrière moi, la base pris feu d'un coup, puis explosa. Mon dispositif avait marché. La base n'existait plus, réduite en cendres.
Ainsi commença mon premier jour de liberté

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Chroniques
01 Avril 2012
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