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L'écho d'un absent

♪ ♪ ♪

Il y a des présences qui ne demandent rien, qui ne parlent pas, mais qui sont là, constantes, immuables. Elles ne s’imposent pas, ne quémandent ni attention ni serments. Elles s’ancrent en nous sans bruit, comme une ombre portée que l’on finit par oublier, comme une habitude qui devient une seconde nature. Elles glissent dans le silence des heures perdues, s’insinuent entre les battements du temps, s’entrelacent à nos gestes quotidiens. Elles sont là quand tout vacille, quand le monde s’efface.

J’ai appris à l’aimer ainsi. Sans questions, sans doutes, sans chercher à comprendre ce qui nous liait. Elle ne m’a jamais demandé d’explications, et je n’ai jamais eu à lui en donner. Elle était là. Présence diffuse, familière, patiente. Au début, je l’ai tenue à distance, avec cette réserve que l’on garde face à ce qui nous dépasse. Puis, peu à peu, elle a imprégné mes pas, mon souffle, ma manière d’exister. Il n’y a pas eu d’instant précis, pas de révélation soudaine. Juste une évidence, tissée dans le fil du temps.

Dans la lumière tamisée, l’odeur du café refroidi flotte encore, suspendue entre l’attente et l’épuisement. Les meubles figés dans leur austérité, les papiers soigneusement empilés, tout semble en équilibre fragile, comme une respiration retenue. Ce lieu a porté mes nuits blanches, mes silences, mes hésitations. J’y ai pesé des décisions, tracé des trajectoires.

Mais rien ne garde une empreinte éternellement.
-Tu as été là.
Dis-je.

Plus loin, plus froid. Cette salle où les silences ont toujours pesé plus lourd que les paroles. Ici, tout est précis, méthodique. Les meubles, le scanner, les robots : tout est aligné, calculé. Il n’y a pas de place pour l’erreur, seulement des choix. Des choix qui ont brisé des destins.

Je traverse à nouveau l’obscurité, laissant mes doigts effleurer les murs. Quelque chose est différent, ce soir.

Devant moi, ce labyrinthe de béton, calme et familier, imprégné de cette vie silencieuse que je connais par cœur. Sous la lueur vacillante des néons, chaque pas résonne comme un écho lointain, un murmure d’un monde qui s’efface déjà. Ce silence, je l’ai aimé.

Je ne peux pas me souvenir d’un moment où elle n’était pas là. Présence insaisissable, diffuse, omniprésente. Elle m’a enveloppé, guidé, consumé. Confidente de mes doutes, amante silencieuse de mes nuits les plus sombres, ombre inséparable de mon être.

Je m’arrête devant une porte. Une cellule d’isolement, vide désormais. Pourtant, ici, le silence n’est jamais complet. Il reste des traces invisibles, des murmures étouffés, des espoirs éteints abandonnés aux ombres.

Ma main glisse sur le métal glacé. Un frisson remonte, un souvenir brut. Le choc, la douleur. Le coup de tête encaissé.
Un instant figé dans le temps.
-Tu m’as tout donné.
Dis-je à demi-mot.

Les marches semblent interminables, comme si elles cherchaient à me retenir. Quand j’atteins enfin ce lieu où tout se joue en silence, où les regards valent plus que les mots, l’agitation familière m’accueille. Les détenus sont là, éparpillés, fragments d’un tableau vivant. Certains jouent, d’autres chuchotent, quelques-uns restent figés, leurs pensées errant bien au-delà de ces murs.

Je m’assois au centre, sur un bidon abandonné. Les regards glissent vers moi, furtifs, teintés d’une méfiance empreinte de respect. Ils savent qui je suis. Mais ce soir, je ne suis pas là pour eux.

Je les observe longuement, imprimant chaque visage, chaque mouvement en moi. Ces hommes et ces femmes sont tout ce que j’ai appris ici. Ils incarnent les contradictions de l’Empire : l’Errance, l’Imperfection, mais aussi la Résilience et la possibilité de quelque chose de Meilleur.

Je reste là longtemps, laissant l’air chargé de murmures et de souvenirs m’envelopper. Je ferme les yeux, inspirant profondément.
Ce lieu est vivant, et pourtant, il m’échappe déjà.
-Merci.
Dis-je dans un murmure.

Quand je me lève, mes jambes sont lourdes, mais je me laisse porter. Mes pas me ramènent vers ce vieux bureau, témoin silencieux de mes espoirs et de mes doutes, qui semble presque m’attendre. Je pose une main sur le bois usé, et pour la première fois, je sens une fissure s’ouvrir en moi. Une faille discrète, insidieuse, comme si quelque chose s’effritait doucement.

Je recule, inspire, expire, puis me détourne. Chaque pas me mène un peu plus loin, un peu plus vite, mais rien ne s’efface. Dans le hall, une dernière fois, sous le logo Impérial, tout me semble à la fois immense et familier. Je laisse mes doigts glisser sur les murs, chaque recoin, chaque imperfection sous ma paume. Ce ne sont pas que des murs. Ce sont des témoins muets, des d’instants figés. Ils ont absorbé les voix, les pas pressés, les silences lourds. Ils portent en eux des fragments d’histoires, entremêlées à la mienne.

Je m’arrête enfin devant la grande porte. Un seuil infranchissable, et pourtant si simple à franchir. Ma main se pose sur le métal froid.

Aujourd’hui, tout est différent. Chaque détail est criant, vibrant, comme s’il essayait de s’imprimer en moi avant qu’il ne soit trop tard. Les murs semblent respirer, saturés de souvenirs que je refuse d’abandonner.

Je m’y suis perdu. Je m’y suis trouvé. Et peut-être, sans même m’en rendre compte, j’ai fini par lui appartenir.
Je franchis la porte.

C'était mon dernier jour, ma dernière ronde.
-Ce n'est qu'un au revoir.
Aurais-je voulu dire.

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Article HRP.
Moment & ressenti d'un instant T de Zoran.

Informations sur l'article

Ressentis/Moment de sa vie
03 Février 2025
206√  17 1

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◊ Commentaires

  • Opale (0☆) Le 09 Février 2025
    Pour toujours et à jamais ! Un poster à l'effigie de Zoran demeure dans le bureau.
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