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Embrouilles et petits mensonges

Deux fois qu'on me dit que j'ai pas le profil pour être reçu à un poste honorifique que je convoitais. Et avec les mêmes arguments.
Mais revenons d'abord en arrière. Après avoir contacté Sokar et lui avoir fait part de l'opportunité de conseiller, rebaptisée bien moins glorieusement « stagiaire responsabilité », je connus au moins 48 heures de tranquillité. De longues vacances, pendant lesquelles je me remettais de la déception d'avoir été rejeté au poste de directeur de la Chambre des Lois.
Le gnoll Dren vint alors me faire une proposition franchement malhonnête, mais terriblement tentante. Il voulait me mettre directeur du bar qu'il voulait créer dans le sud-est, établissement destiné à servir de lieu de négociations de contrats louches. Apparemment, il avait entendu dire assez de bien de moi pour vouloir utiliser mon charisme. J'ignorai que j'en avais. Comme ça aurait fait mauvais effet sur mon CV de stagiaire impérial, j'ai aimablement décliné, avec un petit steak pour faire passer.
Fin des bonnes choses. Lyra devenait insupportable à vivre, avec un coup des « je t'aime », un coup des « casse-toi si t'es pas heureux ». Un soir, après qu'elle se soit barrée sur un nouveau caprice, je fis une chose particulièrement masculine et stupide. Sans doute le besoin de me prouver que je valais quelque chose. Je lui écrivis que j'allais voir son mentor de decking, Gilling, pour régler cette histoire. En effet, je trouvais qu'elle avait changé en sa compagnie, fumant malgré sa mauvaise santé et devenant peu à peu une vraie vipère.
Furieux, je contactai Dren pour lui proposer un contrat sur la tête de mon ancien collègue de travail, mais reculait devant le prix trop élevé qu'il me demandait.
Les choses en seraient restées là, après une bonne nuit de sommeil, mais Lyra le contacta dans la nuit pour le prévenir de mon message, et nous nous retrouvâmes à un coin de rue. Inconsciemment, je les accusai d'être ensemble et menaçait le vautour, lui disant de s'éloigner d'elle avec un aplomb que je ne me connaissais pas.
Le premier soir, il me menaça discrètement à l'académie pendant un entrainement. Le second soir, il me proposa un duel d'homme à homme. Croyant le connaître, j'acceptais, et nous nous rendîmes dans un hall de bâtiment désert pour lutter à mains nues. Hélas je ne parvins même pas à le toucher, tandis qu'il me mit rapidement à terre. Là, il me fit payer par une brève mais intense séance de torture à la fois mes menaces et mon passé, mettant dans le même sac loyers impayés, départ du Sud et tristesse causée à Lyra, dont je pense qu'il ne se souciait même pas. Agonisant, j'appelais Nahla, l'interrompant en pleine roucoulade avec sa nouvelle petite amie. Fin des histoires d'amour.
Durant trois jours je vivais une vie ermite à l'usine, dormant, travaillant et m'entrainant en compagnie de mon âme-sœur, redoutant de croiser à la fois Gilling et Lyra, dont je n'osai plus m'approcher par crainte qu'il ne soit pas loin. Mon amie elfe m'annonça qu'elle les avait croisés dans un bar, et avait négocié une paix durable. Le vautour ne me toucherai plus s'il me croisait. Incroyable Nahla a qui tous les postes s'ouvraient, tandis que je végétais malgré mes grandes ambitions.
Je sortis donc, et renouait contact avec Mythrilis, avec qui je m'étais brouillé à cause de ses opinions sur les gens qui allaient chez Donnellys. Ayant eu le problème inverse, je n'avais pas supporté et avait comparé l'ostracisme du nain à celui du patron du consortium qui m'avait jeté dehors. Si je n'étais parti fâché du bar ce soir-là pour aller m'entrainer, il ne se serait rien passé de plus fâcheux. Le destin.
Si Gilling restait sarcastique quand il me croisait, je ne savais plus que penser de mon ex, qui soufflait le chaud et le froid entre ses mots et ses actions. Je n'ai toujours pas compris ce qu'elle voulait, jouer avec mes nerfs par cruauté, ou se rapprocher de moi de nouveau, par amitié. Comment croire ce qu'elle me dit ? J'ai déjà été trop crédule.
La réserve m'engagea le lendemain, et j'assistai à la cérémonie de bienvenue, aux côtés du vautour placé juste derrière moi. Mais rien n'arriva, et je fis la connaissance de Tamaki, séduisante elfe rentière, poitrinaire et alcoolique, avec qui nous parlâmes caresse d'oreilles et femmes célibataires. Encore une qui n'aimait pas les hommes. Par contre, elle aussi aimait ma compagnie. Je devrais me poser des questions sur ma sexualité, je crois. Ça me rappelait le sondage du barman de la Moule à ce propos, il y avait longtemps. Je me demande s'il questionne toujours la clientèle.
Reprenant le dessus, je m'attelai une nouvelle fois à tout rebâtir. Je poursuivis les entrainements intensivement, m'inscrivis à l'IMERC et même à l'AANI des petits bleus, que je n'avais pas passé mais que de toute évidence, il fallait avoir sur son CV. Sur les conseils d'une amie, je me fis un look moins corporatiste, plus couleur locale, et repris mon ancienne coupe en chignon, y ajoutant une paire de lunettes stylées mais bon marché, en attendant d'avoir une paire plus cotée. Je décidais même de me mettre à fumer, non par besoin mais un peu pour chasser le smog de mes poumons, et un peu pour savoir ce qu'ils trouvaient tous dans cette activité. Mes Yeheyuans asiatiques mêleraient désormais leur fumée à celle des omniprésentes Rézo vautourdes, dont je commençais à détester l'odeur.
Le soir de mon examen de mécanique, une alerte sonna au SAS, retardant mes ambitions une nouvelle fois. Dites, les rebelles, vous voulez pas me laisser avoir mes diplômes ? Après une nuit blanche, tout revint à la normale. Je me consolais, ce soir-là et maintenant encore, de voir apparaître le nom de mon tortionnaire dans la liste des tombés au combat, étant moi sagement destiné à réparer ce gruyère qu'ils appellent une porte blindée.
Retour aux coups à l'académie. Mon agilité était à présent parfaite, et ma force presque au top niveau. Je pouvais enfin accéder à de l'équipement plus lourd. Le blouson noir et les bottes noires renforçaient mon côté bad boy, et me firent connaître une nouvelle amie, Verkir dont je tombais amoureux des bottes à piques. C'était une bad girl aussi, une vraie qui cognait et qui buvait un alcool de fabrication maison, bon à doper un moteur de bagnole. On se trouva une sorte de feeling, on causa, on but, et me voilà avec un nouveau contact. Dommage, elle travaillait aussi dans le Sud. Je lui souhaitais mentalement meilleure chance que moi pour le jour où elle en partirai.
Grande surprise le lendemain, je rencontrais brièvement Lady Laetitia, qui m'avait annoncé par message vouloir être ma marraine pour l'accession à la noblesse. La joie manque de m'emporter. Enfin de la reconnaissance ! J'acceptais immédiatement, et allait la voir, elle et Lord Ghost à la fondation Yugen, pour parler de tout cela. Je touchais le rêve du doigt.
Si le dialogue fut plus détendu, la conclusion fut la même qu'avec la legata. Pas assez d'expérience, pas assez connu, rien pour appuyer ma demande. C'était bien la peine de m'appeler... On ne brise jamais assez ses rêves, après tout ! Au moins j'aurai passé ensuite un moment privilégié avec la Lady, qui me fit l'honneur d'une visite privée des œuvres de sa fondation. Elle avait un réel talent. Je n'eut que peu à échanger avec elle à ce sujet. Sans doute mon blouson noir et la grosse clé de 13 dans mon pantalon me donnaient-ils l'allure d'un artiste en herbe. L'art n'est plus ce qu'il était.
Dans la cité, les bas viennent vite après les hauts. Le soir à l'entrainement, je croisais Eaven et Amen, mes deux amies journalistes qui faisaient salon dans la salle d'entrainement, discutant discrètement de choses apparemment privées. Les laissant tranquille, le Cercle de l'Orient me fit l'honneur d'un contrôle, précisément le soir où mon taux de hack était supérieur à la limite. Pour 3 points seulement, l'agent décida d'un simple avertissement et me laissa tranquille. Que ça vous serve de leçon, jeunes NI : rien de sert de courir devant les forces de l'ordre.
Juste après, Amen vint me voir, et me proposa d'aller prendre un verre, chose qu'on avait déjà projeté de faire. Que voulez-vous ? Les yeux rouges, la peau grise et les dreadlocks, ben... ça me plait. Allez comprendre. Après une petite dispute au bar entre une prostituée qui ne s'assumait pas et un client un peu trop franc, nous décidâmes d'aller chez mon amie orc.
On discuta sentiments, vision de la vie, mais dès que je voulais aller plus loin, elle restait froide et tendue. Ça ne me semblait pas plus bizarre que ça, puisque le prof de deck de Nahla, m'avait dit au cours d'une conversation que souvent ici, les femmes ne se donnaient pas le premier soir. Même un baiser brièvement volé ne lui a causa qu'indifférence, aussi laissais-je tomber.
Son patron, Lord Valmont, l'appela alors. Nous abordâmes le sujet de DCN, et des conditions de travail des journalistes. Amen me révéla que leur opinion des gens qu'ils rencontraient devait être celle du directeur. Que parfois, elle devait frapper des gens. Je comprends mieux, à présent, pourquoi Eaven ne me sourit plus guère, elle qui était autrefois si enjouée. Je donnais mon avis, disant qu'il était con de la part de Valmont de demander de modifier ses opinions, le tout étant ce qu'elle écrivait au final, non ce qu'elle pensait. Elle s'inquiéta alors de ce qu'il put être avec eux à cet instant. Je la pensais paranoïaque et surmenée, ce qui était normal vu la pression qu'elle devait porter, et ne pensais pas qu'une telle chose soit possible. Un Lord directeur, se rabaisser à venir en personne espionner un gars comme moi, célèbre pour son anonymat ?
Quand elle évoqua la possibilité qu'il ait un dossier sur moi, je raillais, disant que ce n'était pas les Renseignements Impériaux, et que je n'étais pas un criminel de toute manière. Amen parla alors de la notion de sacrifice pour l'Empire, et là je crois qu'elle avait touché le fond de la panique. Je ne me rappelle plus bien ce que je répondis, mais là encore ce fut avec spontanéité et sincérité, en faveur naturellement de notre société.
Lord Valmont continua de lui envoyer des messages, auxquels elle répondit par texte, et à la deuxième fois où elle énonçait « Mon DI est le plus beau » à la manière d'une récitation, je me tirais enfin des brumes de l'euphorie de l'alcool et du physique de l'orquette, et reconstituait les pièces du puzzle avec retard.
La froideur sentimentale d'Amen, malgré son invitation. Ses sujets de conversation orientés, comme une sorte d'appel à ma compréhension de la situation. Cette manière de jouer un texte, et bien sûr les échanges de messages. Enfin, il y avait le fait que j'avais eu cet entretien pour mon parrainage l'après-midi même, et complètement oublié.
Pauvre Amen, quand j'y pense. Elle essayait désespérément de m'avertir, de me dire qu'elle n'était là que pour m'abuser. Je crois qu'elle en a eu honte, en partant. Elle ne semblait pas particulièrement fière.
Si vous pensez que vous vous en seriez mieux tirés, que vous auriez vu venir, je vous réponds : possible. Mais chaque piège est prévu en fonction de votre personnalité, et si vous pensez ne rien avoir jamais révélé de vous à personne, vous faites erreur. La nuit, la fatigue, l'alcool, la possibilité d'une nouvelle relation et surtout mes propres problèmes à l'esprit m'ont empêché de voir ceux qui arrivaient. C'est quand je suis retourné aux sources qu'il aurait fallu que je conserve justement cette flamme du patriotisme qui se fait bien petite en ce moment. Qui sait, si j'avais répondu différemment, aurais-je été proposé à la noblesse suite à ce rapport favorable ? Pas forcément.
Je ne m'en suis pas trop mal sorti, finalement. Si Lord Valmont était effectivement dans la pièce avec nous, orientant la conversation avant que je ne décide de partir, bel exemple de profil irréprochable ! Enquêter certes, mais des micros auraient suffi. Je me suis trompé. Le Lord n'est pas con. Il est plutôt pervers, dans le sens de cruel. Déformation professionnelle sans doute.
Et puis au fond tant mieux !! J'espère bien qu'ils montent un dossier, un gros avec tous les détails de ce que j'ai fait pour l'Empire, et ce que ça m'aura couté, en sueur et en larmes de sang. Ce sera mon meilleur argument le jour de mon accès à la noblesse. Merci à vous, directeur. Continuez. Quand aux femmes, c'est fini pour moi. Jusqu'à la prochaine fois !
Tu me manques, Nahla. Que c'est long, une dizaine de jours à Dreadcast...

Informations sur l'article

Moments malheureux
23 Mars 2014
1141√  9 6

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◊ Commentaires

  • Djino~31724 (155☆) Le 24 Mars 2014
    Que j'aime lire les histoires de ce petit personnage.
    Que j'aime le voir aimer des nana du Sud ou proche du Sud, et le voir renoncer à ça . Muahahah
  • Julian~33748 (153☆) Le 25 Mars 2014
    J'aimerais pas te casser ton délire, mais ton bâtiment n'était pas désert du tout... la chambre était juste hors de portée. smiley
  • Xarthius (145☆) Le 27 Mars 2014
    J'ai donc rectifié en "hall de bâtiment désert". Pour les femmes, je ne tombe que sur des lesbiennes, névrosées, alcooliques ou violentes... Ça devient du sport, de draguer!
  • Nahla (0☆) Le 27 Mars 2014
    J'en suis 3 sur 4 !!