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Rêveries d'un coeur solitaire

Toits de Dreadcast, juste après une averse.
La pluie avait formé un peu partout des flaques couleur arc-en-ciel, aussi acides que belles. Plus d'un passant dans les rues en contrebas avait prit l'habitude de sortir avec un chapeau, un casque, une casserole, ou n'importe quoi qui empêchait d'avoir la tête mouillée, sous peine de perdre rapidement quelques touffes de cheveux. Les plus sensibles voyaient même leur peau se couvrir de plaques rouges irritantes qui démangeaient terriblement. Un vent de terre s'était levé, chassant les nuages gris qui laissaient encore tomber à regret quelques timides rayons d'un froid soleil d'hiver.
Assis sur une conduite de chauffage rouillée, au bord du toit de son immeuble, Xarthius observait la ville qui s'étalait sous ses yeux, frémissante d'une intense activité à la fois vivante et robotique, qui ne ralentissait qu'à la nuit. De loin en loin, un rare véhicule antigravité passait, tel un insecte de métal occupé à butiner les fleurs artificielles de son champ magnétique. Une fois n'était pas coutume, l'homme souriait.
Il avait longtemps hésité à se mettre en hibernation permanente, comme tant d'autres avant lui. Et puis, sans que personne ne puisse vraiment expliquer pourquoi, le nouveau venu avait résisté à la tentation.
Oh, bien sûr, le monde n'avait pas changé. Il était toujours aussi absurde, les gens toujours aussi égoïstes, ou demandeurs d'une nouveauté qu'il avait du mal à leur apporter. C'était lui qui avait changé. Un peu, en tout cas.
Quelque part dans son cœur mélancolique, un peu de bonheur avait réussi à pénétrer. L'amour, par des moyens détournés, avait fini par le toucher au plus profond, lui apportant la chaleur et le réconfort dont il avait tant besoin. Alors, oui, Xarthius souriait, parce que sa vie venait de changer, en mieux.
Autrefois soumis, d'une timidité absolue, l'homme avait gagné en assurance au fur et à mesure qu'il devenait utile aux autres. Ayant perdu cette tristesse permanent qui lui collait à la peau et attirait sur lui l'ennui ou la pitié de ses concitoyens, il pouvait à présent sans trop de difficulté tutoyer une personne bien connue, ou se risquer à glisser une plaisanterie anodine dans une conversation.
Puis tout s'était enchaîné. Rencontres, paroles, échanges de services, qui lui avaient permis de renforcer son corps et son âme, à son meilleur profit. Xarthius avait même un rêve, à présent: devenir médecin militaire, le jour hypothétique où le Militarium serait remis en service. Pour la première fois depuis son arrivée, l'espoir naissait, aussi ténu mais aussi solide qu'un fil d'araignée.
Tout cela il le devait à Elle, sa muse, son inspiration. Il l'avait rencontrée une nuit, par hasard, et tout de suite elle l'avait conquis, par son charme innocent, ses manières parfois décalées et pourtant si "Dreadcastiennes". Elle n'était pas aussi jolie qu'une elfe, mais tout de même, elle avait ce "je-ne-sais-quoi" qui faisait qu'on la trouvait belle.
L'amoureux n'avait pas d'image holo de sa bien-aimée, comme tant d'autres, mais il pouvait voir son doux visage, magnifié par l'amour qu'il lui portait, briller sur l'écran de son communicateur, en pièce jointe à chacun de ses messages. Du bout des doigts il caressait l'écran de l'appareil sans y penser, comme si à distance il pouvait lui faire ressentir tous les sincères sentiments qu'il avait pour elle.
Vaincre la sourde dépression qui l'habitait avait demandé un effort presque surhumain pour Xarthius. Mais devoir avouer le dernier secret de son âme était encore au-dessus de ses forces. Un jour, il le savait, il y parviendrait, et pourrait encaisser la peine destructrice d'un éventuel refus. L'heure, cependant n'était pas encore venue.
Loin, très loin à l'horizon on pouvait apercevoir le mur qui entourait la cité. Impossible de voir, même depuis cette hauteur, ce qui se trouvait de l'autre côté. Il aurait aimé l'emmener là-bas, dans un unique voyage sans retour en arrière possible, pour la mettre à l'abri de ses propres chimères, dissiper ses tourments, et finalement lui rendre cet émerveillement simple et enfantin de la vie. Elle, son amour, sa raison de vivre ici-bas.
- Si tu savais combien je t'aime, murmura-t-il.
Dans la lumière terne du petit matin, seul le silence lui répondit.

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Moments heureux
25 Février 2014
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◊ Commentaires

  • Callian~48825 (366☆) Le 25 Février 2014
    C'est très bien écrit et poétique *
  • Saphyra (28☆) Le 25 Février 2014
    Joliment écrit *
  • Xarthius (145☆) Le 26 Février 2014
    Il est à noter que je suis volontairement resté imprécis, pour que ma muse ne se reconnaisse pas facilement à la lecture de ce texte!