EDC de Veya

Tu ne pensais pas que le bar se remplirait aussi vite.

Hier encore, t’avais accepté la proposition d’Evangelyne avec un sourire en coin et un pincement au ventre — l’idée d’ouvrir à deux te semblait moins effrayante que d’affronter la foule seule. Et puis y’a quelque chose chez l’elfe qui t’apaise. Son calme, peut-être. Ou cette manière douce qu’elle a de ranger le chaos sans un mot.

Mais ce soir, c’est un autre genre de magie qui opère.

Les néons vibrent à peine que déjà, les visages se pressent. Dex, toujours avec cet air de savoir un truc que t’ignores. Asrunn, qui hoche la tête en silence mais qui t’offre un regard franc. Tam, évidemment, débordante d’énergie et de mauvaise foi délicieuse. Mamoru et Sha-sha complètent la scène, comme deux notes dissonantes mais justes dans une mélodie de fin de monde.

C’est Sha-sha qui dégoupille la première : un jeu de dés. Simple. Celui qui perd doit répondre à une question... ou boire un skiwi cul sec. L’idée est claire : elle veut tester la petite humaine timide. Elle s’attend sûrement à voir tes joues rougir, tes mains trembler, ta voix se briser.

Mais y’a rien de tout ça.

Parce qu’au fond, t’as rien à cacher. Tu réponds. Une fois. Deux fois. Sans baisser les yeux, sans mentir. Et quand tu perds — parce que t’as pas la main heureuse — tu poses ton verre sur tes lèvres comme si c’était juste de l’eau, et tu bois. Elle grimace plus que toi.

Tam rejoint la partie avec un grand sourire et un rire qui éclate comme une grenade sonore. Mamoru s’installe aussi, par curiosité peut-être. Boire n’a aucun effet sur lui, mais t’as l’impression que ça ne le dérange pas. Il joue le jeu. Parce qu’il est sympa. Parce qu’il est là. Et ça suffit.

Et toi, au milieu de tout ça, tu ne ressens plus ce vide que tu portes d’habitude entre les côtes. Ce soir, t’es là. Pas comme une ombre qui traverse. Mais comme une flamme, même petite, qui réchauffe l’air autour.

Tu souris.
Pas pour faire genre.
Juste parce que t’es bien.