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Que nous restait-il ?

Une démangeaison de piqûre au creux du coude, un masque en papier sur le visage, une combinaison Tech5 qui me serrait et ma bouteille de skiwi pleine, j’étais enfin prêt. L’épidémie venait de commencer et déjà le nombre d’infecté augmentait à grande vitesse, c’était comme il y a douze ans, mais cette fois-ci je ne ferai plus les mêmes erreurs. Je n’avais plus envie de connaître la folie de l’enfermement, la faiblesse de la maladie, les supplications de cuves, le visage a moitié déchiré par un malade devenu cannibale. L’hôpital m’avait contrôlé négatif à la maladie et je comptais le rester. J’avais de quoi me protéger des bactéries, mais il ne me manquait plus qu’une chose : de quoi repousser les infectés. Mon épée ne suffisait pas, ça tranchait, ça cautérisait, mais les infectés devaient trop se rapprocher de moi, il me fallait quelque-chose qui puisse les tenir à distance, il me fallait de l’armement longue portée. Un putain de fusil exploseur de tête ! C’était pour cela que mes bottes frottaient les escaliers menant sous terre, menant au cercle Noctis. J’avais peur de trouver quelqu’un de mourant, quelqu’un qui essayait d’arracher mon masque et de me cracher du sang à la figure. J’avais la garde de mon épée en main, je n’avais toujours activé la lame énergétique mais je n’hésiterai pas si quelqu’un s’approchait de moi. Le long couloir sombre et crasseux menant à la grande salle semblait délaissé depuis un moment, pas de traces de vie, cela devait faire un bon bout de temps que personne n'y avait mis les pieds, c’était rassurant en quelques sortes, mais ça ne voulait pas dire que personne ne m’y attendait à l'intérieur depuis plusieurs jours. Le temps semblait se dérouler au ralenti dans ce bâtiment, je n’avais que le son de ma respiration dans le masque comme compagnon. Autrefois, il y avait du passage ici, puis les guerres d’ego l’ont emporté sur l’activité du cercle, pourvu qu’elles n’aient pas aussi emporté l’armement.



La porte menant à la chambre d’Alexe et Geoffrey arrivait, je posai mon oreille dessus : personne, j’entrouvris la porte : personne. Le terminal du cercle était éteint, je pouvais avoir accès aux caméras. Je l’actionnai, un petit bourdonnement se fit entendre, l’écran bleuté rayonnait dans l’obscurité de la pièce. Les enregistrements de l’entrée depuis un an étaient comme une photo, rien ne s’était passé ici depuis longtemps, comme je l’espérais. Mon regard balaya la pièce, le lit était fait, les meubles rangés, comme si rien ne s’y était jamais passé, cet ordre me mentait. Je poussai la porte de la chambre pour continuer mon chemin dans le grand couloir. Un autre virage et me voilà dans la grande salle. Rien n’avait été dérangé depuis un moment. Mes mains se posaient sur le comptoir à l’entrée de la pièce, rien n’avait changé. Kell n’était plus là, il avait complètement disparu, il était sorti de cryogénie mais ne répondait plus à mes com’. Il s’était disputé avec un membre du cercle et n’était plus jamais revenu, le comble pour l’un des fondateurs. Je crois que maintenant ce bâtiment ne servait plus à rien, juste à stocker des armes de guerre. Je saisis le clapet du comptoir pour le soulever, prêt à entrevoir les trésors en dessous, les FI, les sulfateuses améliorées… Rien. Rien ? Rien ! J’arrachais mon masque de rage, en ouvrant tour à tour les autres comptoirs, rien, plus rien n’était présent dans les meubles. Je pressai mon nez contre la centrale de vente : des rapports de caméras de personnes disparues depuis plusieurs années. Il n’y avait plus d’armes capables de désintégrer un troll en armure, seulement un pistolet à bille à moitié défoncé et un sac de billes, comme si l’homme qui nous avait pillé s’était moqué de nous. Même si j’étais seul ici, pour le moment, je devais partir, qui pouvait savoir ce qui allait rentrer ici ? Un membre infecté lui aussi à la recherche d’une arme ? Des pillards ? Je devais sûrement être le combattant le moins doué de tous ceux qui ont leur nom dans le terminal. Je devais partir, laisser une bonne fois pour toutes ce bâtiment et les souvenirs affiliés. Tout semblait figé et suintant de nostalgie ici.



Je sentais encore Nitripi contre moi, c’était peut-être parce que la veille il avait dormi avec moi et que ça faisait un petit moment que je n’avais pas pris de douche… Mais maintenant il était en train de crever la gueule ouverte sur un lit d’hôpital. Je devrais lui envoyer un com’ de soutien peut-être… mais dans tous les cas cela ira mieux plus tard, s’ils trouvaient le remède à temps, il serait complètement guéri et au pire : il mourrait. Noctis était fini, Kell en fuite, Nitripi mourant… je posai mon fessier sur un comptoir pour ouvrir ma bouteille de skiwi avec une seule question en tête : que me restait-il de nous ? Ma seule réponse fut un courant d’air dans la figure.

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