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Complainte d'un autre jour

Une lumière effleura mon visage, non, ce n'était pas cet astre lumineux qui était caché derrière le smog. Non. C'était la fonction de réveil de mon com' qui s'activait. L'astre de lumière ne brillait que par son absence qui avait blanchit ma peau, je me rappelais, il y a à peine quelques années, ma peau encore un peu brune avait mué, comme celle d'un outrilien, pour montrer une peau blafarde, palote, maladive. Je me dressai, postérieur sur mon lit, mes pieds effleuraient un bout de carton poussiéreux, j'entendais un couinement.
Les rats...
Il n'y avait pas de nids à proximité, j'étais persuadé qu'ils n'étaient présents que pour me narguer, dans une ancienne vie, j'avais commis l'imprudence de venir les voir chez eux, un de leurs amis volants s'est attaqué à moi, la suite, je ne m'en rappelle pas, je n'étais plus là pour savoir. L'odeur de transpiration froide et de sang séché m'exhorta de mes souvenirs, j'avais passé la nuit dans ce taudis, du temps où j'avais un peu placé dans l'immobilier. Ma poitrine me pesait, elle me rappelait, elle aussi, la période où j'étais NI, la période où je pouvais encore voir mes pieds, où mon fessier ne débordait pas des tabourets de bar. Je pressai sur mes jambes, une légère douleur logée dans mon arrière-train se fit sentir, je n'avais pas passé la nuit seul. J'enfilai mes sous-vêtements, et je pus sentir : moi aussi, je puais la sueur avec supplément salive. Mon cosmopolitain recouvrait maintenant mon débardeur onyx, je boutonnai mon pantalon, le regard perdu dans le miroir.
Ce reflet...
Ces yeux verts tranchaient l'obscurité de la pièce comme l'épée énergétique la jugulaire de ma première victime. Je n'avais pas eu d'empathie pour elle, elle voulait que l'abatte, pauvre taré. Je crois que l'empathie était quelque chose qui me faisait défaut, je crois, des fois, du moins, peut-être, probablement, sans doute. Je me frottai les lèvres, pâteuses, visqueuses. Le bleu de mes lèvres semblait lui aussi luire dans le sombre de la pièce, peut-être moins clinquant que le vert de mes yeux. Ce reflet voulait m'embrasser, mais je ne le voulais pas, il était violent, je savais qu'il se moquait de moi, quand je dormais, il voulait que je sois un peu plus chienne, un peu plus mordant. Il aurait voulu que je reste au DCN pour gueuler, que je prenne le pouvoir là-bas, que je force ma façon de penser au DCN, d'arrêter les discours illuminés qui faisaient fuir ceux que l'on devait accueillir, les gens voulaient trouver d'abord l'intérêt qu'ils pouvaient avoir en vénérant Son Nom, Son Héritage... c'était ensuite, quand l'intérêt était bien installé, que l'on pouvait le remplacer par de la foi. Mais non. J'aurais été accusé d'hérésie. J'avais préféré me tasser aux STV, je me suis auto-neutralisé. Tant mieux. D'ailleurs, mon pantalon était mis, il ne restait plus que mes bottes. Fallait-il que je mette du parfum pour aller au travail ? Non, je n'étais pas une pute, je n'avais pas honte d'avoir couché avec quelqu'un, l'odeur de poussière de mon cosmo' ferait très bien l'affaire pour masquer les odeurs corporelles. Mes bottes mises, je me jetai sur le petit trou de la porte de ma chambre, il n'y avait personne dans le couloir qui menait au dehors.
Dehors...
Le problème, avec le dehors, c'était la foule, et attention, je ne parlais pas de la foule de combattants qui s'entretuaient parce qu'un péquenaud a dit qu'il avait un pénis énorme et que cela n'a pas plus au collectif des gnolls qui ont le monopôle des sexes démesurés, non, moi j'avais peur de cette foule déchaînée du dehors, des bars, cette foule démesurément muette des grands discours, cette foule fougueusement polie des sites de fouilles, cette foule qui savait se montrer écrasante. J'avais peur de cette foule-là, je crois que c'était ce qui me rattachait encore au genre humain quand j'avais l'impression de perdre pied, de partir dans un onirisme décadent, ce genre d'onirisme ou l'on ne revenait jamais. Je crois que j'y étais un peu dedans, je crois qu'une partie de moi était loin, déjà. Je fermai mon oeil horrifié, une voix résonna dans mon dos :
-Tu pars Solstice ?
-Oui.
-Je crois que le type d'hier a bien apprécié ses découvertes nocturnes.
-Mhh... Qui de mieux qu'un garçon pour connaître les envies d'un autre garçon ?
-Tu as raison... Encore une journée de travail ?
-Encore une journée tout court.
Le garçon dans le miroir se tut, ma voix bisexuée cessa de résonner dans la chambre. Je poussai la porte, une lumière effleura mon visage, non, ce n'était pas cet astre lumineux qui était caché derrière le smog. Non.

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