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EDC de Phylène

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四 MORO





Dans la pénombre disgracieuse d'un pays lointain les flanelles mousseuses volent au grès d'un vent surnaturel. Il fait chaud. L'humidité avait saisit ses poumons et le rendait fragile. La lumière de quelques loupiotes vaporeuses dans le smog s'éteignait peu à peu derrière lui. Le chuintement d'un sas qui se referme. Il est seul. Il fait noir. L'odeur de mousse est partout. Désagréable. Une source mentholée pique ses narines. Il éternue. Etouffé par la végétation son cri passe pour effrayé. Il est seul. Sans s'en rendre compte il avait fait un faux pas sur le sol mousseux et spongieux gorgé d'eau. Sa chaussure grince. Son souffle est lourd. Il appuie sa main contre sa bouche pour tenter d'étouffer le bruit insupportable qu'il fait dans cet espace clos. Une étrange sueur froide s'est mise à couler tout le long de sa colonne vertébrale. Il fait trop chaud. Des tremblements indistincts lui prennent les jambes. La nature s'ouvre comme si elle s'habituait à lui. Comme si elle était vivante. Il chasse cette étrange pensée d'un revers de la main. Nouveau couinement des chaussures. La lumière rouge et blafarde du SAS lui semble rassurante. Son halo le couvre avec bienveillance. Le rassure. Avant qu'une nouvelle pensée ne l'assaille. Et s'il était visible depuis la pénombre ?

Cette pensée lui prend la tête. Elle débute dans un gargouillement affolé de ses intestins, remonte jusqu'à ses épaules. Le frisson lui hérisse les poils de la nuque. Il se baisse. Soudain s'accroupit. Mais un prédateur l'aura sans doute vu. Il doit bouger. Il se traine. La terre sous lui est toujours molle. Elle est mouillée. Elle sent étrangement bon. Drôles d'aromes. Ils paraissent... Vrais. Incomparables avec l'écureuil. Ou le champignon. Elle s'agrippe à ses vêtements; La terre. Une petite voix espère secrètement que le raclement de son pantalon sera suffisamment étouffé sur la terre molle. Un petit tintement l'alerte. La fermeture éclair de son veston bute contre les dents à chaque fois qu'il avance. Ce tintement le gêne. L'étouffe. Il devient omniprésent dans ses oreilles. Il s'arrête. S'écrase au sol pour étouffer le bruit de son veston. Le craquement des feuilles et des herbes sous sa cage thoracique. Il se tapisse si bas qu'il est certain qu'aucune âme même nyctalope ne saurait l'apercevoir. Mais il ne se sent pas à l'abris. Pas tout à fait. Une ombre a bougé dans le noir. Une immense forme. Il la devine à peine depuis qu'il a quitté le conseil malavisé de la lumière rouge. Elle lui paraissait vaporeuse. Surréaliste. Deux étranges gouttes qui ne cillent ni ne bougent. Deux ronds jaunes. Un nouveau frisson lui tord l'intestin et en se repliant il fait irrémédiablement bruisser la toile de sa veste. Il faut la quitter. Tout risquer et courir se mettre à l'abris. Faire du bruit puis se cacher. Et ne plus bouger. Jamais.

Son cœur bat. Il visionne; Revisionne dans son esprit. Pousser sur ses bras pour se mettre debout le plus vite possible. Courir. Abandonner sa veste derrière lui tout en courant. Brouiller les pistes. Trouver un trou. Se recouvrir de terre et attendre, attendre qu'elle disparaisse.

Les secondes paraissent des minutes. L'impulsion qu'il aurait dû trouver dans ses bras ne vient pas. Quelque chose le tétanise comme si un poids le maintenait au sol. Les paumes dans le sol, il se perd un instant dans les sensations grumeleuses de la terre et du sable. L'humidité est stagnante et tout à la fois quand on y plonge les doigts, le sable chaud coule le long de ses phalanges. Ses ongles emportent quelques grains avec eux et si la sensation est désagréable au début, ils deviennent comme des trophées pour lui. De minuscules victoires. La pensée victorieuse le ramène à la réalité. L'envie plus sourde qui lui enserre le cœur le rappelle à son but. Celle de vouloir partir, disparaître. Alors sans plus penser à son plan, il se jette en avant; D'aplomb se met à courir comme un dératé oubliant la clochette. Son souffle rauque et paniqué, le bruit lourd de ses pas dans les amas feuillus. En course, il tire sur la fermeture éclair qui l'enveloppe contre cette lourdeur exiguë qu'il ne peut plus supporter. Alors qu'il tire en arrière sur les manches de son veston, quelque chose le gêne. L'agrippe. Le tissus se prend dans une branche basse, le surprend assez pour qu'il crie. Il bascule. Se rattrape en glissant. Enfonce ses mains dans une flaque visqueuse dont il se retire avec dégoût. L'affolement passe en flottant. Sentant devant lui une énorme masse il s'essaie à un pas en arrière et se laisse emporter par une chute de terrain. La chute est brève. Trop pour qu'il ne se rende compte de quoi que ce soit. Il roule et s'empêtre dans les branchages qui le giflent et le griffent. Il bute contre des pierres et s'aplatit dans un bruit mat. Le souffle coupé.

Il reste là. Son souffle affolé, douloureux. Un autre genre de mousse a amortis sa chute. Il se tourne difficilement sur le côté. Eberlué par sa situation oubliant un instant les prédateurs imaginaires qui grattent à ses oreilles et lui font voir des lucioles prédatrices. La pénombre lui offre le luxe de pouvoir défier les formes sans noms d'une clairière ouverte. Un immense arbre d'une quelconque espèce laisse dépasser des lumières inconnues là-haut. Un étrange tapis de lueurs blanches. Il fait lézarder ses branches immenses comme des bras tentaculaires loin encore derrière lui. Plus haut qu'il ne peut voir. Trop loin sans qu'il n'ait à se tordre la nuque. Tout est si vertigineusement grand. Malgré l'apparence monolithique de l'endroit il se sent écrasé et à l'étroit. Une gène a prit possession de son cœur. Un froid glacial comme si quelque chose avait fait souffler un vent de panique sur sa nuque. Quelque chose d'autre est là. Assis devant le tronc aux branches mégalithiques. Quelque chose d'assez grand pour le surplomber. La curiosité enfantine qui l'a prise le quitte et une paralysie le saisit alors sans qu'il ne soit capable de bouger sa cage thoracique au rythme saccadé de ses côtes douloureuses. L'ombre se tord face à lui, avalée par le néant dont elle est faite. Impossible à décrire dans sa cape d'encre tant elle semble avaler le peu de poussière lumineuse qui est pourtant ici aussi rare que la poussière d'étoile. Ce tourbillon semble l'entrainer malgré lui à fixer son centre sans qu'il ne fasse rien d'autre que le deviner. Et la terreur d'une toute autre sorte s'éveille comme la minuscule piqure d'un insecte microscopique. Silencieusement d'abord. Puis par quelques tremblements qui lui font claquer les dents. N'y pouvant plus, il tente de lever la voix en se faisant le plus ferme possible.


Qui est là ?! S'étrangle t-il d'une voix chevrotante.

Tout tremble. La réalité se transforme et son corps est aspiré par la voix naissante au centre du tourbillon. Il se disloque, se détache par filaments brumeux, la déliquescence de ses muscles et de sa peau alors que la voix brise la réalité en morceaux. Il tombe. Statufié, la bouche ouverte sans qu'aucuns cris n'en sorte. Il chute irrémédiablement dans le vide sans que ses oreilles ne perçoivent l'irrationalité des voix qui l'assaillent.

Dans le vide glacé et abyssal, il se voit jaugé par quatre immenses formes. Ces formes se meuvent dans la pierre noire, et leurs reliefs sont teintés d'une lumière rouge et craie. Il s'étire. Aspiré dans un tube trop petit. En une fraction de seconde, il voyage dans l'exiguïté d'un univers infime, il perçoit des années lumières, des civilisations entières. Il perçoit les espèces millénaires et leurs champs de batailles. Les Guerres, les assauts, les Morts. Dans le champs des tombés, pleure les morts et les veuves. Dans la joie d'une naissance, fête celle du Fils qui les guidera Tous. A la veille de la fin de l'univers, un nom résonne inlassablement avant qu'une tempête n'éclose. Le craquement apocalyptique tombe d'une pierre en flamme. Le monde se meurt, hurlant dans un pincement pitoyable pour appeler à l'aide. Une tour s'échoue dans un craquement retentissant, brisant l'espace dans une déflagration sonique, le hurlement d'une bête blessée à mort, puis sa chute retentissante entre les parois colossale d'un ravin infini. La souffrance, la haine, se perçoivent des milliards d'années plus tard alors que la vie courre à nouveau entre les lézardes asséchées d'une planète désertique.

Le noir.

Il fait jour. Une lumière blafarde pointe là-haut, entre les lignes indistinctes des feuilles et des lianes. Il fait chaud. Une forme brumeuse le surplombe de toute sa stature, encapée d'un noir qui éteint toute lumière environnante, aspirant l'univers dans son tourbillonnement incessant. Sa face de craie ne recèle aucune émotion. L'Animale n'offre du visage qu'une face rongée par un quelconque métal rouillé, mangé par sa peau brûlée, sans yeux à gauche. Ils sont à droite, l'un au-dessus de l'autre, aux pupilles superposées. Deux gouttes jaunes aux entrelacs rouges qui lui donnent cette lueur orange. Un brasier.


Qui êtes-vous ? Babille t-il en reculant comme il peut sur ses membres. Il est faible. Ses bras écorchés, son débardeur déchiré. Le menton poisseux et le rictus morveux et sanguinolent. A t-il pleuré ?

La brutalité de sa vision l'assaille encore, et la migraine lui descend jusqu'aux yeux. Un battement de tambour qui étire ses tempes, les brûlent comme si on y enfonçait un tison chauffé à blanc. Un spasme douloureux. Il porte la main à sa figure. Il a soif. La voix s'élève à nouveau. Il la perçoit cette fois. Elle est grossière et carnivore. Méchante. D'autres semblent chahuter en même temps qu'elle, comme si de sombres jumelles se cachaient derrière, caquetant et riant à mesure que ses syllabes se découpent dans sa mâchoire volumineuse. L'une est absurde. Aiguë, stupide. Elle rit plus qu'elle ne parle. Hache bizarrement les mots d'un patois incohérent et exogène. L'autre est langoureuse. Une belle voix de femme qui allonge les lettres et lèche avec volupté chaque syllabe comme si elle les aimait d'amour, comme si elle capturait déjà ses lèvres sans les avoir touché. Une autre encore, est si sombre et noire qu'il est difficile de la percevoir. Elle fige ses intestins dans son ventre, les glace de terreur et ne s'exprime que d'un mot, ou d'une idée ténébreuse et gourmande. La dernière, la plus forte, qui couvre les autres veuves comme une guerrière, s'exprime avec distinction. L'intelligence de cette Bête lui paraît pourtant plus dangereuse que toute les autres. Plus sournoise et patiente. Il le lit dans ses yeux qui ne se tordent pas d'un cil pour l'observer. Il la craint, autant que les visions qui troublent encore son esprit et son estomac.

Qui êtes-vous ?! Répète t-il avec plus de force en plongeant ses doigts dans la terre meuble sous lui pour se donner une contenance.

私はモロ、墓の守護者です。 そしてあなたは私の領域にいます。*


*Je suis Moro, la Gardienne des Sépultures. Et tu es dans mon Domaine.

Informations sur l'article

Caterpillar de l'Acrochordon
03 Février 2023
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