EDC de Madmax

Dans l'écrin nocturne de la ville, où les lumières vacillantes s'entremêlent à l'odeur âcre du tabac et des alcools forts, se tenait le Paradise's Bar. Ce lieu, souvent déconsidéré par ceux qui cherchaient la sophistication, était en réalité un refuge pour les âmes perdues, celles qui s'accrochaient à un peu de réconfort au milieu d'une existence tumultueuse. Il était là, Max, un homme à l'allure désenchantée, dont le regard nonchalant scrutait avec attention l'univers de ce bar enfumé et bruyant.

Neela, la serveuse, naviguait avec précaution entre les tables, son visage caché derrière une mèche de cheveux bruns. Elle ne parlait que peu, presque comme si chaque mot qu'elle formulait était une perle précieuse dont elle avait peur de la gaspiller. Sa timidité, palpable, ajoutait une aura mystérieuse autour d'elle qui fascinait parfois les clients, mais lui valait surtout des regards furtifs et des conversations creuses. Max, de son côté, n'était pas un homme de mots. Ses phrases étaient courtes, ses réponses succinctes, mais il ressentait une attirance inexplicable pour cette jeune femme silencieuse.
Un soir, alors que les ombres s'allongeaient et que les gens s'enivraient de promesses inassouvies, Max décida de briser cette barrière invisible. Il passa commande, un verre de skiwi, comme d'habitude, mais cette fois-ci, c'était plus qu'un simple geste banal. Il observa Neela alors qu'elle versait l'alcool dans un verre, ses mains tremblantes révélant une fragilité qui contrastait avec la robustesse du liquide.

"Vous travaillez ici depuis longtemps?" demanda-t-il, sa voix cassée par l'alcool et le tabac.

Neela leva les yeux, surprise par la question. Ses lèvres s’entrouvrirent légèrement avant de se refermer. Après un léger silence, elle fit un hochement de tête, une affirmation silencieuse, mais Max le percevait comme un murmure de son âme. Il y avait quelque chose de fascinant à découvrir derrière ces silences, et il était déterminé à parcourir ce chemin.
"C’est un endroit spécial, n'est-ce pas ?" poursuivit-il, cherchant à établir une connexion. Les autres clients étaient absorbés par leurs propres affaires, ignorant la petite scène qui se déroulait entre eux. La musique grunge en fond, mélodramatique et nostalgique, donnait une dimension presque cinématographique à leur échange.

Elle haussa les épaules, luttant contre une gêne palpable. Chaque faible mouvement était une défense, mais Max ne pouvait ignorer le désir qu’il ressentait de comprendre cette jeune femme. Il se pencha légèrement en avant, montrant qu’il lui accordait toute son attention.
"Avez-vous des rêves?" demanda-t-il finalement. C’était une question banale, mais il espérait qu'elle déclencherait quelque chose. Son regard intense chercha les yeux de Neela, et pour un instant, il crut voir une lueur d'espoir passer dans son expression.

Neela baille lentement, puis murmure, presque inaudible : "Je... je voulais voyager." La réponse était simple, mais la manière dont elle l'avait prononcée en disait long sur ses angoisses, ses désirs enfouis. Max se sentit ému. Lui aussi avait des rêves qu’il comptait seulement dans les creux de son cœur.

"Pourquoi ne pas le faire?" proposa-t-il, son ton encourageant. "Le monde est vaste. Parfois, il suffit de sauter dans l'inconnu."
Mais Neela ne répondit pas. Elle détourna le regard, réalisant que discuter de ses aspirations la rendait vulnérable. Dans sa timidité, elle se refermait, comme une fleur qui fane au premier souffle de vent froid. Max comprit alors que le chemin serait long. Cela nécessiterait des questions, mais aussi des silences, des moments partagés où les mots seraient superflus.

Alors que le bar continuait d’émettre son ambiance lourde et mélancolique, une chose était devenue claire pour Max : derrière le visage réservé de la serveuse se cachait une histoire, un monde qu'il était prêt à explorer, un horizon qu'il rêvait de partager. Dans ce coin obscur du Paradise's Bar, deux solitudes trouvaient échos l'une dans l'autre, prêtes à créer leur propre récit dans ce grand livre de la vie.