EDC de Katia

Voilà bien deux heptades, qui s'étaient écoulées depuis lors. Écoulées, écroulées. Aux yeux de l'Elfe, les deux définitions n'en formaient qu'une. Prostrée au dos d'un mur dont les lumières tamisées peinent à en éclairer l'écrin de poussière qui enveloppait l'air sous l'absence de ses visiteurs. Installée là où furent célébrées mémoires, profitant d'accès sans doutes oubliés avec le temps, l'Officier de Brigade se joignait à la pénombre des lieux, avec pour seule compagnie nocturne ses douces amies Pixelliennes.
Pourquoi ce soir ? Pourquoi ici ? Pourquoi ainsi ?

Tu sais que je me déteste?
Que je lui ai gueulé dessus pour qu'il revienne?
Et donc, qu'est-ce que tu penses ?

Toujours première sur le pied de guerre, première avec Lui, Elle, Elle et eux, elle commençait déjà à sombrer dans un oubli où elle se complaisait, le regard tourné vers cette structure, cette Organisation qu'elle chérissait tant, qui s'effondrait pierres après pierres, comme si elle avait perdu une partie de son âme avec Lui. Elle s'y est vu grandir, s'y élever. Devenir compétente, démontrer droiture, engagement et passion. Vie. C'était sa vie finalement, qu'elle laissait s'étioler comme les fibres d'une soie trop usée. Spectatrice forcée d'un massacre gouvernemental contre lequel elle pensait ne pas pouvoir lutter.
Nominations Politiques. Où est donc passé l'Excellence ? La Rigueur ? L'investissement ?

Que sans moi il serait en vie.
Ma petite Katia.
Je vais te dire les choses simples, telles qu'elles sont et ont toujours été.
Que je sois Commissaire, Noble, Citoyenne ou glandeuse des STV, je te demande de bien me croire, tu n'as pas envie que je m'énerve. [...]

Ne lis pas jusqu'au bout, va. Elle et ses sermons qui n'en finissent jamais, ersatz de mentor hystérique. Deux pas devant, un dans le derrière, toujours, même.. Même si elle a souvent raison, en bout de compte. Tu l'aimes autant que tu la détestes, ou redoute. Va savoir. Les vautours sont-ils tous pareils ?


Tu penses à ta sœur, ton Honora quand tout va mal. Elle semble mieux le vivre, elle. Ou alors elle le cache derrière un masque. Toi qui semblais avoir tellement d'avance sur elle. Grande Sœur est devenu la Petite, Lady de son état à présent, même si tu n'as jamais voulu prendre cette direction. Tu aimerais pouvoir lui dire que tu es fière, mais ton orgueil t'en empêche. Ton opinion qui se forge au sujet de ce jeu à chaises musicales à cause de l'affect te rend aveugle, et elle en fait les frais.

[...] Un jour tu comprendras que la vie et la mort vont de paire, et que tu ne peux rien y faire.
Comme les choix que font les gens. [...]

Finalement tu penses à Lui. Idéalisé, c'était un con. Un sale con parfois même, avec une aura bienveillante, protectrice, peu importe les conneries qu'il te faisait subir, tu en ressortais avec le sourire. Il n'était pas non plus l'Excellence, mais inspirait à l'être. Des défauts à ne savoir qu'en faire, mais tu les gommais, sans doutes était-ce là l'idée lointaine d'une quelconque figure paternelle que tu pouvais t'en faire. Tu lui aurais dit, il se serait bien foutu de ta gueule à tous les coups.

Tu te détestes, te blâme, mais est-ce pour les bonnes choses, finalement ?
Tu as hurlé pour te faire entendre, sans vouloir y prendre part.
Tu critiques, sans faire l'effort de t'y investir.
Tu pointes du doigt, sans tendre la main.

[...]Alors je te donne un bon conseil, ôte toi vite cette idée de la tête avant que je vienne moi-même la chercher pour te la faire avaler de travers.

Je pars en cryogénie, quelques années. Laisser le temps au temps.
Killiann.. Qu'il repose en paix.

Conne d'elgie, comme dirait l'autre.