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EDC de DREYER~53827

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[1.1] Don't Dream Baby Girl

Attention, cette fiction est réservée à un publique majeur et averti.
Possibles scènes de sexe, de violence, de cannibalisme et d'autres joyeusetés dans ce genre, sans vouloir tout vous spoiler.
Les commentaires sont évidemment les bienvenus !



Chapitre 1
Un pas en arrière


La respiration se fait de plus en plus rapide. Sa poitrine nue se soulève et s'affaisse, faisant danser ses seins, les tétons pointus comme plantés dans la chair moite qui se colle à elle, lui insufflant ses propres mouvements, l'étouffant presque. L'homme grogne, s'acharne à sa besogne quand elle-même ne fait que serrer toujours plus fort les draps entre ses doigts. Ses cuisses écartées s'accrochent mollement aux flancs du mâle. D'habitude, elle fermerait les yeux, mais pas cette fois : comme il l'a demandé, elle se doit de le fixer, ou du moins d'en donner l'impression. Ses pupilles dilatées ne font parvenir qu'une image floutée de ce qui se trouve devant elle, un gribouillage coloré tout emperlé de rouge, d'un peu de vert, de reflets divers qu'en aucun cas elle n'analyse ou ne tente de déchiffrer. Les va-et-vient scabreux font danser les cercles colorés et le reste, le reste n'a aucune espère d'importance pour elle.
Lui en revanche ne songe qu'à son plaisir : il sait qu'avec les femmes de métier, il est inutile de se préoccuper du leur, tout simplement parce qu'elles font ça pour l'argent "ces salopes", rajoute-t-il pour lui-même. L'insulter mentalement, la détester toujours un peu plus de minute en minute le pousse à accélérer le rythme, sans considération aucune pour la douleur qu'il la voit taire autant que les gémissements qu'il lui a interdit de pousser.
Un premier tintement lugubre se fait entendre derrière lui. Une sorte de son de cloche mécanique, rien de plus, qui ne parvient pas à couvrir le bruit peu ragoutant que fait l'homme quand il inspire par les narines, ce sifflement grotesque. Derrière la porte en bois foncé, quelques mouvements s'esquissent déjà, mais rien qui ne vienne pour le moment perturber le coït bestial de l'Orc et de sa compagne. S'il a très bien entendu le rappel de la machine dans son dos, cela ne le préoccupe pas le moins du monde. Il s'acharne à sa besogne, perd peu à peu contenance tandis que son désir grimpe jusqu'au point culminant sans qu'il ne parvienne à l'atteindre pour de bon. S'il pouvait la frapper, nul doute qu'il n'aurait pas eu à perdre autant de minutes, ni autant d'argent.
Le second tintement est tout aussi maussade que le premier, si pas bien plus malheureux. Il s'accompagne de trois bips de tonalités différentes et de l'ouverture de la porte, à la volée et pourtant sans un bruit.
Ce n'est que lorsqu'il se sent observé que l'homme s'arrête. L'oeil glacial d'une sulfateuse vient de se poser sur lui et contrairement à la femme sous son corps en nage, ce regard-là le fixe pour de bon, au point de venir coller un baiser glacial sur sa tempe.
- Allez, dégage de là, gronde une voix rocailleuse.
Quand il se redresse pour lever ses deux immenses paumes en l'air, il est toujours en elle, elle est toujours immobile. La femme ne cille pas malgré le changement de couleurs dans son champ de vision. Un mélange vermeille et noirâtre, celui de la moquette recouvrant le plafond. Ses mâchoires ne se sont pas décrispées une seule fois, par contre lorsque l'Orc se retire d'elle, heureusement, elle relâche ses jambes qui tombent sans force sur le draps poisseux de ses ébats précédents. L'arme quant à elle suit sans patience les mouvements du géant vert qui s'écarte du lit et se dirige vers son costume posé méticuleusement sur la seule chaise de la pièce. Quand il va pour enfiler plus que son slip à trous, un triple claquement de langue l'en décourage bien vite. Il récupère seulement sa carte de crédit recrachée par la machine et d'un hochement de tête presque courtois vers la créature armée, finit enfin par quitter la pièce, ses effets sous le bras et son orgasme au bout de la verge.
- Sanja…?
Elle n'entend pas son nom, malgré le ton doux emprunté pour le prononcer. Cette voix familière et amicale ne parvient pas jusqu'à son inconscient où elle s'est enfuie il y a de cela plusieurs instants.
- Sanja, allez…
Cette fois, une bribe, infime, la pousse à inspirer plus longuement qu'auparavant. Un frisson parcourt sa peau nue et humide quand l'individu armé se déplace de quelques centimètres pour étirer un pan de tissu qui vient recouvrir une partie du corps de la jeune femme.
- Sanja.
Enfin, elle daigne fermer les yeux, se fait violence pour s'appuyer sur ses coudes et se redresser. Des griffes creuses et acérées soutiennent le haut de son dos, l'aidant dans chacun de ses mouvements avec une extrême délicatesse. Son regard morne croise celui du Kobold qui n'ose pas lui adresser le moindre sourire. Tous les deux savent trop bien ce qu'ont signifié ces dernières minutes et préfèrent garder le silence que de s'exprimer à ce propos. Leur rituel autrefois bien rodé n'est oublié d'aucun d'entre eux. L'arme enfin baissée, le Kobold tend sa main libre pour l'aider, patiente que ses doigts roides daignent se détacher des drapes chiffonnés. Crispés comme de serres, ses phalanges trouvent celles naturellement écaillées de l'homme, dont la poigne est telle une caresse. La voilà enfin assise, non sans quelques plaintes étouffées, alors il s'éloigne vers la machine à cartes afin de la programmer pour le prochain client. Un visage s'affiche sur l'écran, ainsi qu'un nom, les désirs à réaliser et d'autres informations qui n'intéressent que vaguement l'employé du bordel. Il se contente de retenir que le montant et le temps impartis sont définis sur illimité, ce qui peut annoncer le meilleur comme le pire.
De son côté, la prostituée parvient à gagner la salle-de-bain crasseuse, avec beaucoup d'efforts. Ses jambes la portent à peine, tremblantes et menaçantes de fléchir à chaque pas. Malgré tout, elle ne demande aucune aide. Les ongles du Kobold continuent de tapoter méthodiquement sur le clavier de la créditeuse, jusqu'à ce qu'elle referme la porte et n'entende plus rien que le gargouillement émanant des tuyauteries.
Face au miroir, Sanja évite son reflet, ce pestiféré. Elle prend quelques instants pour rincer les résidus de sperme recraché un peu plus tôt et qui collent déjà à l'émail gris de l'évier, ce avant d'enfin prendre un peu d'eau dans ses mains en coupe. L'odeur acidulée et la couleur tirant parfois sur un jaune souffre inquiétant ne l'empêchent pas d'asperger son visage à plusieurs reprises. Le maquillage de ses yeux bave à peine, s'estompe quand elle se tamponne à l'aide d'une serviette encore humide. Elle ignore ce qu'elle a essuyé avec ce torchon précédemment et l'odeur n'aide d'ailleurs pas à la rassurer, alors elle l'abandonne à nouveau sur le radiateur crasseux, près du mur infecté de moisissures aussi diverses que variées.
Le dos d'un index vient taper à trois reprises sur la porte, faisant sursauter la femme derrière celle-ci. Sans répondre néanmoins, elle vient ouvrir au Kobold qui la regarde d'en bas, ses grands yeux lumineux trahissant des émotions qu'il n'est pas en droit d'avoir durant ses heures de service. C'est pourtant le meilleur mode de communication dont ils disposent, se comprenant sans mots. Sur un simple hochement de tête, la jeune femme délaisse la petite pièce pour entrer dans la non moins petite chambre à peine quittée. L'odeur, autrefois, lui aurait sans doute provoqué un haut le coeur. A présent, elle ne sent plus rien, ne perd plus de temps entre deux clients. Ses sous-vêtements regagnent sa peau, le porte-jarretelle s'accroche aux bas remontés au milieu de ses cuisses rougies et irritées par les innombrables frottements.
- Le prochain semble plus…Commode, ajoute le Kobold à voix basse lorsqu'il se glisse hors de la chambre pour regagner son poste de surveillance.
Ils savent bien tous les deux qu'il ne faut pas se fier aux photographies des clients. Pourtant il est vrai, quand elle jette un regard à l'image, que l'homme paraît inoffensif. Ce sont parfois les pires, bien malheureusement. Mais pour elle, le pire vient de passer. Le pire, elle est en plein dedans. Mais il ne faut pas qu'elle y pense, ou ses beaux yeux ambrés s'embueront de milles pensées obscures. A la place, Sanja s'assied sur la chaise dans le coin, celle où se trouvaient encore il y a quelques instants les vêtements soignés de son client précédent. D'un geste aux allures fluides lui demandant plus de force qu'il n'y laisserait paraître, elle croise ses fines jambes, déplace ses longs cheveux sombres pour qu'ils ne reposent que sur une épaule. La nouvelle silhouette s'immisce dans la salle au moment où elle expire longuement, mime un sourire du bout de ses lèvres écorchées. La porte se referme, les yeux du kobold aussi : derrière le mur, sa seule amie renoue avec un passé qu'il espérait loin derrière elle.

Informations sur l'article

Fictions
10 Novembre 2016
1131√  17 4

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◊ Commentaires

  • Aislinn (177☆) Le 11 Novembre 2016
    Très bien écrit, prenant et immersif. J'attends la suite avec impatience. Loin de la lubricité on se prend d' affection pour la pauvre Sanja. Se demandant pourquoi elle est là. Vraiment c'est digne d'un livre ! Une myriade d'étoiles .***
  • DREYER~53827 (111☆) Le 11 Novembre 2016
    Pfouh, je. Merci ._. ♥
  • Aislinn (177☆) Le 12 Novembre 2016
    De rien smiley