EDC de 65442
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[Irl - Hommage] Près de chez nous
Comment dire sans fausse pudeur ?
Nous avons cherché deux jours l'autre, la survivante.
Parce que pour la première il n'y avait rien à faire.
Son corps en morceaux
Qui ponctuait son cerveau
Sans un soubresaut
Comment écrire sans faire le jeu des voyeurs ?
Je me rappelle de la deuxième, on a fini par la retrouver, un soir.
Dans ce quartier qui a maintenant un arrière-goût de cendres.
De coeur comme de corps, elle s'est accrochée à moi, là, dans les rues noires, se déversant à en faire perdre au gris ses couleurs, avec ses entailles et ses coups dont elle se foutait éperdumment.
Ca m'a rappelé le théorème du Joker, mais si, vous savez, celui où il disait qu'il n'y avait entre lui et nous qu'une seule mauvaise journée.
Puis ça me rappelait aussi le lendemain et cet être humain en lequel j'avais osé avoir confiance qui me disait que j'avais qu'à pas avoir proposé de coucher, si je pouvais pas assumer, c'était un peu ça que la plupart lui cracheraient au visage, à ma survivante, pourtant elle était prête à témoigner.
Vas-y, petite rôdeuse du gris.
L'espace d'un fait divers, tu as tes chances contre le classement vertical.
L'espace d'un instant de trop j'ai vu par ses yeux.
La cité administrative sur son horizon monochrome,
le ciel qui n'était plus qu'un mur comme les autres.
Le type a pris beaucoup je pense. Il n'était pas d'ici.
Les juges aiment moins ça, les gens pas d'ici.
J'aimerais bien dire qu'il s'est passé plus sur cette nuit là, à part trop de choses dans sa tête, et dans la mienne, des choses qui n'ont pas leur place ici et ne devraient pas avoir leur place tout court, d'ailleurs. Mais la pression était trop forte, alors elle s'est déversée, puis elle s'est éloignée, juste le temps de consommer, juste le temps de disparaître quelques jours de notre vue et d'elle-même.
Elle est allé déposer son témoignage en solitaire, après, en déclinant les soins, repartant ensuite.
Je la croise régulièrement, parfois trop près, souvent bien loin. Nous avons un étrange lien.
De temps à autre, elle vient dans notre salle d'attente pour y dormir quelques heures.
Chaque année, il y a en théorie une cérémonie des morts de la rue par les pouvoirs publics.
Cette année on devait mettre un banc et une plaque, puis ils préféraient planter un arbre,
et finalement ils ont annulé cela au profit d'une petite cérémonie dans l'hôtel de Ville.
Je les comprends. Les bancs, ça attire les sdf.
De toute façon, on avait fait le deuil en rue.
On était cinq ou six, dont quatre tapineuses.
Un long instant de silence involontaire.
Puis d'une voix un peu alcoolisée, une a dit :
« C'était un peu une emmerdeuse. Mais je l'aimais bien. »
C'était un beau moment.
◊ Commentaires
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Enylwën~65945 (578☆) Le 25 Mai 2018
"Fait divers", un mot qui dénote d'une bien triste banalité.
On aimerait lire que ceci est une pure fiction de DreadCast, que ce n'est que le fruit d'un récit qui n'a aucun lien avec notre réalité, et pourtant.
Un bel hommage, même si comme tout le monde (je pense) , j'aurai préféré que tu n'aies pas à l'écrire. -
ID41931~41931 (0☆) Le 05 Janvier 2019
Si seulement c'etait faux mais c'est mieux. C'est quantique!