EDC de 57624

Le caisson nacré recouvert de givre s'ouvre, lentement, sans bruit perceptible. Le corps dénudé qui y repose s'éveille brusquement dans un soulèvement rauque du torse, comme s'il recherchait de l'air a happer. Après quelques secondes de suffocation, les pupilles laissent entrevoir des iris grisâtres, alors qu'une surface de petites stalactites surmontent le visage de l'être. Les lèvres gercés, l'humain expire à nouveau un souffle chaud souligné d'un embuage irrégulier au niveau de ses voies respiratoires. Il se redresse.

« Combien ? Combien de cycles se sont écoulés ?...

J'ignore tout de l'environnement qui m'encercle, tout en étant persuadé d'en savoir tant à présent sur lui, plus que jamais désormais. Je me souviens encore de mon engagement envers l'Imperium, la dévotion intacte ébranlée après quelques brèves années d'éternité, tous les fondements désorientés à la rencontre des émotions du Vivant. Ma nature humaine, qui se voulait pourtant parfaite, conditionnant ma propre défaillance.

Futilité que de s'éloigner de ses caractères humains, la cyrogénie comme refuge devant les failles... lâche que je fus. Fuir. Cirius a offert une éternité à un faible. »

L'être s'étend hors de la cuve, s'échappe de son conditionnement, son visage venant gagner le reflet des autres caissons nacrés à son horizon. Le reflet d'un visage humain, celui d'un Indigne, disparu depuis des années. Oublié.

Vallon, c'est ainsi qu'on le nommait autrefois. Une succession de choix a tracé un chemin torturé que l'Indigne n'a pas su traversé.

« Illuminez la voie que vous m'avez destiné. »

La vue est brouillée, une douleur lancinante frappe le ventre, une migraine gambade dans le crâne, les muscles sont comme atrophiés, la gorge est sèche, les cheveux rasés. Une véritable renaissance.

« Je renaquis de mon éternité glacé, ma dévotion fut-elle salvatrice ? Est-ce un dessein de l'Imperator ? M'offre t-Il une nouvelle chance ? Aujourd'hui et à tout jamais, je serai le prisonnier de ma réalité. »

Trois années. Voilà 3 années que l'humain s'était trahi, avait trahi son serment, ses engagements. Réfugié dans les tréfonds des glaces, parcouru de bougies poussiéreuses en graisses d'écureuils.

« Cirius, pardonnez-moi car j'ai péché. »

Ses pas l'éconduisent en direction de la sortie, une clope sur le bord des lèvres comme pour réchauffer des poumons encore grelotant.
Holographie de surveillance du centre de cryogénie.