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EDC de 54369

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Of times that never last.

Son
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Tout ce qui est or ne brille pas,
Tout ceux qui errent ne sont pas perdus;
Le vieux qui est fort ne dépérit point.
Les racines profondes ne sont pas atteintes par le gel.

J. R. R. Tolkien
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D’autant que je me souvienne, le bleu a toujours été une couleur rassurante pour moi.
Que ce soit les drapeaux azur se mouvant au gré des vents où ces chevelures bleues que je ne pourrais jamais oublier.
Le monde que j’imagine à travers mes yeux couleur indigo est paisible, voir presque trop silencieux et loin du tumulte permanent d’une ville en perpétuel bouillonnement.
Elle aussi a les yeux bleus, ce genre de regard qui n’appelle qu'à l’immersion et vous donne envie de tout abandonner dans la seconde pour vous plonger dedans ad vitam aeternam.
Elle a tantôt le geste gracieux, léger comme une plume, emplie de poésie et d'autres fois, une allure autant assurée qu’un coup de masse énergétique.
C’est qu’elle en a du muscle sous ce faux air fragile et cette candeur presque exagérée. Par moments vous la verrez tenace, abandonnant sa volupté pour une posture guerrière. Et dans ces cas-là, mieux vaut ne pas s’aventurer trop loin concernant les domaines qui risqueraient d’ébranler encore plus son calme légendaire.
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23CH24. Bas fonds. Boutique de Smorky.

L'heure tourne et indique aux honnêtes gens qu'il commence à se faire tard, quand au même moment c'est le monde des oiseaux de nuit qui commence à déployer ses ailes.
Une boutique classique des bas-fonds, composée de brics et de brocs, de choses et d'autres empilés, montage surréaliste du maître gobelin expert en chaos organisé.
Toujours proche de ses outils et jamais loin de sa table de réparation, Lord Pustule cesse de s'affairer sans ménagement pour pointer son regard vers l'entrée.
Je me tient sur le porche, mains dans les poches et fin sourire aux lèvres.
« Tiens donc, par l'sainte clef à molette, qui vois-je ? cela f'sait longtemps l'ami !! »
« Salut belâtre, vends tu toujours du rêve et de la ferraille ? »
« Viens par là toi, nous avons d'verres à descendre et deux esprits à maltraiter ! » Lance-t-il souriant de plus belle, toutes dents aiguisées dehors.
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Depuis mon passage en Secteur Orion, l'instabilité chronique dont je fais preuve est devenu familière. Cela fait maintenant quelque temps qu'un voile sombre a oblitéré ma vision du monde selon l'Empire. Pour autant, mes yeux voient les choses sans fard ni exhausteurs de goût. Etrange cheminement que de devoir s'acoquiner avec les ténèbres pour apercevoir la lumière.
Mère tristesse englobe la totalité de cet agglomérat de corps désarticulés que représente la société.
Possessive, elle nous enveloppe telle une couche de pollution discrète mais tout autant dangereuse, étouffant les aspirations sans que nous y prêtions vraiment garde.
Pas très loin se tient la douleur, également génitrice de nombreuses choses, mais accouchant malheureusement de trop nombreuses chutes en devenir.
Les pas se font lourd et les respirations lentes, car bien plus que la morosité, c'est le smog qui nous encercle. Pourtant, ce n'est pas le créateur de ces pseudos héros accros et défoncés en manque d'opiacés. Car très souvent quand le poing se fait ferme, le poison se sait bienveillant et séduisant.
Là où beaucoup se perdent dans les plaisirs de la chair et ses délices, j'ai toujours préféré les drogues. Qu'elles soient liquides, solides ou poudreuses, chacun son vice. Dans les deux cas, il semble que personne n'ait jamais totalement pu combler l'appétit insatiable qui anime désirs et espérances. Nous y allons toujours dans l'attente de retrouver ce cœur gaie et enjoué.
À mes yeux, il y a dans cette prise de paradis artificielles bien des avantages à la compagnie d'un être vivant. Ni compte à rendre, ni présentations, courtoisie ou simagrées. Après tout, nous avons souvent vu tomber des gens pour collusion, trahison ou abus de position, mais plus rarement pour consommation de stupéfiants.
Quelle conclusion tirer de tout ça ?
Quand la pupille se fait plus ronde et noire, quand le sourire reprend place, c'est un nouveau monde remplie de possibilités multiples qui s'ouvrent sous mes pas devenus soudains légers. Dans ces moments-là, j'oublierais presque jusqu'à l'existence de mon père et de mes trop rares amours morts nés.
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00CH18. Bas fonds. Bar.

Silencieux, j'observe le vert gesticuler en bon pilier de comptoir sur son trône, c'est qu'il m'avait manqué ce grandiloquent braillard invétéré.
Je n'ai jamais compris ce qui nous liait vraiment, lui si vénal et moi si dur à vivre. Il y a des choses dans l'univers, qu'il ne vaut mieux pas chercher à expliquer de peur d'y perdre 100 vies d'immortel.
J'ai toujours pris plus de plaisir à l'écouter qu'à lui parler, détaillant sans relâche le moindre de ses faits et gestes. C'est qu'il passe à côté d'une carrière d'acteur le gobelin, maître si l'en est, de la dramaturgie et de la bouffonnerie.
Il a le verbe coloré et la voix qui porte, se permettant le luxe de hausser le ton sur tout est rien, sur tout le monde et tout ça avec un air taquin.
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Nous savons ce que nous sommes mais pas ce que nous pourrions être.
J'ai pour ma part toujours eu besoin de visualiser le précipice qui se tient devant mes pieds. Et le plus étrange là dedans est que je n'ai jamais eu peur de tomber, mais plutôt de ne jamais pouvoir remonter.
Il est vrai que j'ai toujours raillé les amourettes et autres badinages. Imaginez donc ma stupeur quand je m'apperçu que j'étais également victime de ces âffres dont je me serais bien passé.
Bouche en cœur et mains moites à chaque vision de cet être divin , parmi les plus beaux que Thalys ait enfanté.
Mais là aussi, c'est la contemplation qui prit le pas sur la prise de parole et l'action, à croire que les verts auront toujours le même effet sur moi.
Le temps passe sans que réellement son visage et sa voix ne se dissipent, traces éternelles dissimulées au yeux des autres, ceux qui ne comprendront jamais.
Et pourtant je la porte sur moi, au nez et à l'absence de barbe des vivants, pour toujours et à jamais. Unis dans la séparation.
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02CH03. Bas fonds. Bar.

« T'as quoi d'prévu pour l'avenir ? »
Je pose soudain mon regard sur le gobelin, lançant calmement.
« Faire au mieux, comme avant, pourquoi ? »
« Car j'en ai ma claque de t'payer des coups à boire, il est temps d'regagner d'crédits l'ami. » Dit-il en souriant de plus belle, sans attendre plus longtemps la prochaine gorgée, chope au niveau du gosier.
Visage impassible et sans m'attarder, je repars un cour instant dans mes rêveries indolentes dont la douceur tranche avec cette réalité acide.
Et si nous n'étions qu'une série de couleurs ? Aussi variées et belles que les immeubles sont gris et fades.
Il se pourrait que nos mornes visions aient trop longtemps négligé la lumière, s'attardant dans cet unique passage ombrageux semblant être fondamental dans notre évolution.
S'il se pouvait que tout soit réglé, que donnerais-tu en échange ?
Soudain, une voix met fin à mon évasion
« Au fait, tu l'as revue depuis, la bleue ? »
C'est à ce moment que je revins à la réalité, tournant lentement mon regard vers Smorky et ne laissant planer aucun doute malgré mon absence de réponse. Bien souvent, c'est le genre de silence qui fait du bruit à s'en déchirer le cœur.

◊ Commentaires

  • Saraï~66021 (22☆) Le 08 Février 2017
    Merci.
  • Skiwine (123☆) Le 08 Février 2017
    *A lu gobelin...étoile !*
  • Sanya (198☆) Le 08 Février 2017
    ☆☆☆ une étoile pour mon nain préféré ☆☆☆
  • Mik~44917 (71☆) Le 08 Février 2017
    Toujours autant en admiration devant la profondeur et la justesse de ton écriture. Fichu nain.
  • Roxann~58440 (59☆) Le 08 Février 2017
    "C'est la nuit qu'il est beau de croire à la lumière" (E. Rostand... ça va si bien à ton nain. )
  • Valion~36896 (369☆) Le 09 Février 2017
    Cette citation d'intro...touché.