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EDC de 45594

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2. Préliminaires & autres complexités

"Le début détermine tout le reste alors il faut pas se manquer si on veut atteindre le nirvana."
Les nuages de fumés provenant des cigarettes et autres cigares se dissipent dans le bar avant d'emplir nos narines dans des variances de couleurs soudaine en rythme avec la musique. Mon regard laisse refléter ce psychédélisme un instant, en plein songe. Le jukebox grogne et ses entrailles d'acier recrachent un nouveau morceau, il vient engloutir mes tympans et tout le brouhaha de la clientèle au bar qui balance, en digne consommateur, des crédits puces en direction des distributeurs automatiques.
Je sors de mes pensées et me retrouve en tête à tête avec un glukoz à moitié vide ainsi qu'une assiette nauséabonde : steak d'écureuils avec son petit accompagnement de bouillie de vers radioactifs. Je termine rapidement mon maigre repas puis reporte mon attention, stylo en main, sur mes multiples feuilles gribouillées de notes qui s'étalent sur toute la longueur de la table. Je cligne des yeux et fais glisser mes lunettes de mon nez, me grattant avec l'index pour apaiser un picotement qui me démange au coin de l'œil. Je m'allume une clope, de bonne facture rebelle, toussant un peu à la première staffe, hochant la tête en rythme avec le son.
Les droïdes qui font offices d'escort girl continuent leur tournoiement dans des lumières bleutés puis plus vivaces, derrière une vitre qui semble familière à celle des cuves de maturation. Les boissons s'entrechoquent, les gens parlent, fument, chacun paie sa tournée, les glaçons valsent dans leur liquide, les foies travaillent, les cerveaux s'épuisent, les estomacs régurgitent.
Le Cercle d'Argent avait été le premier lieu de vie que j'avais pu trouver à DreadCast après la Centrale et c'était donc devenu logiquement mon bar favori, je n'avais d'ailleurs jamais mis les pieds dans un autre pub. Et puis, j'avais peu à peu réussi à m'y faire une place malgré mon charisme désopilant, mais les évènements conduiront à ce que j'évite par la suite ce bar, bien sûr je l'ignorai encore ce soir là...
Les robots serveurs porte-plateau s'agitent et font ronfler leur moteur pour la plupart à bout de circuit entre les jambes des clients pressés avides d'ingurgiter cette bouffe horrible, enfin, on s'y habitue peu à peu. Tout comme ces boissons qui me font toujours grimacer et tordre l'estomac à chaque fois que je tente d'en goûter du bout des lèvres. Mon communicateur s'agite dans ma poche et un nouveau message me propose un petit job au black, un truc louche car bien payé, trop même.
Je quitte le bar afin de rejoindre un lieu plus calme pour répondre aux messages successifs et participer au débat sur la matrice qui s'emballe à son tour a propos du projet que j'ai lancé il y a maintenant quelques jours. A peine la lourde porte du bar franchie que cette même pluie acide toujours aussi puissante et inépuisable vient frapper mon visage et mes seules fringues. Un attroupement est à la sortie du bar-restaurant et discute tout en riant clopes en mains. Je descends les quelques marches qui me sépare de l'établissement à la rue quand tout à coup, ma mâchoire craque violemment dans un bruit d'ossement.
J'ai à peine le temps de voir une ombre fondre sur moi que l'arrière de mon crâne me bourdonne déjà et me fait tomber à genoux, la bouche en sang. Un coup de pied me retourne l'estomac, mon repas se vide aussitôt sur le trottoir déjà recouvert de mon sang et de la flotte tambourinant le pavé. La gueule en sang dans le caniveau en quelques coups, je gigote dans mon propre sang à demi-inconscient sous le regard impuissant des personnes présentes. J'ai droit à un passage à tabac dans les règles de l'art, mes binocles se brisent de même que le reste de mon visage qui se trouve derrière elles.
  • Ça, c'est pour..., je ne capte pas vraiment ce qui suit, mes yeux mi-clos restent bloqués à la vue d'un mollard de sang entourant ce qui semble être le reste d'une molaire.
  • Et que personne ne l'aide ! termine-t-elle sèchement avant de disparaître.
Étrangement personne ne l'écoute et les personnes présentes après le furtif départ de la kobolde schizophrène, m'aident et me promulguent les premiers soins. J'étais encore toujours dans les vapes, tremblotant tout en me maintenant le ventre, lorsque certains rentrèrent à nouveau dans le bar et que d'autres essayèrent désespérément de comprendre le geste de la kobolde. Je connaissais au fond de moi la réponse à cette question...
Le travail d'apprenti technicien à la Centrale était devenu assez rapidement monotone, la routine s'installait peu à peu alors qu'on bricole toujours les mêmes machines, qu'on cause avec les mêmes droïdes aux réponses sensiblement semblables. Et puis avec un salaire de 500 Crédits pas jour, on s'empresse de faire ses deux heures obligatoires dans cet air vicié et épuisé par la chaleur contenue par nos tenues de sapeurs. J'ai donc pris cette habitude, besace sur le dos et carte numérique en main, de partir à la découverte de la ville et de ses lieux de vie, de mémoires et de savoir. Émerveillé lorsque je reçois des acceptations de candidatures pour intégrer des associations culturelles ou sociales, je m'empresse d'en faire la visite.
C'est ainsi au détour d'une ruelle étroite, que j'ai découvert l'École d'Entrainement au Combat qui accueille tout les nouveaux comme moi ou les "démoulés" comme on nous appelle. Je fais la rencontre de sa gestionnaire, Gotheve, une vautourde dévouée qui reçoit l'aide de quelques anciens du secteur tels que : Ghazullmor, Malia, Lania, Jack, DonPhilippe et bien d'autres encore qui donne de leur temps en entrainement ou en conseil mais aussi de leur poche du matériel ou des liquidités afin que l'École puisse efficacement accomplir sa mission. C'est donc là-bas, au 89 Impasse des Gnolls, qu'on se fait son premier cercle d'amis : Aillas, Macharius, ceux-là sont de ma génération de cuve, on s'entraine souvent ensemble à donner et à recevoir des coups. Il y a aussi une transfuge impériale, du nom de Cataleya, qui blablate de Nemo Intra et tout pleins d'autres trucs bon pour la dictature mais en revanche au caractère bien rebelle.
Autant dire que mes premiers entrainements, je la ramène pas trop, surtout lorsque je prends mes premiers coups vacillant à plusieurs reprises sur mes appuis. Je m'y retrouve tout les jours, j'y apprends, je perds un peu de cette nature trouillarde et faible enfermé dans cette grande salle toujours pleine de monde et puant la sueur. Je burine à coups de marteau les armes défectueuses de la plus ridicule à la plus sophistiquée, bien que je vois pas au niveau d'un gobelin, je m'estime assez satisfait de mes nouvelles connaissances apprises sur le tas. De même, j'apprends à manier rapidement un deck grâce au manuel de Gotheve. Je m'invente un nom entre deux séances de tirs, histoire de paraitre moins bête quand on me demande le mien, ce sera : Hakeine.
L'École n'est pas la seule activité associative de la Rébellion, il existe aussi : l'Université, la Bibliothèque, parmi tant d'autres. Je ne tarde d'ailleurs pas à prendre un abonnement à la revue critique d'Aillas : l'Écureuil Déchainé, avec qui je m'entends bien et qui porte le regard d'un démoulé comme moi sur le secteur. Puis le fameux PlayOrc, dont je conserve toujours un ou plusieurs numéros dans le sac, rougissant toujours quand j'entrevois la couverture aux fins fonds de mes affaires.
Et enfin, l'Agora. Mains dans les poches, un œil au beur noir suite aux entrainements, lunettes sur le pif, je déambule dans le grand amphithéâtre, l'assemblée du peuple Rebelle. Je lis les discussions politiques matricielles et je déglutis en pianotant une question qui changera du tout au tout mon existence à DreadCast :
  • Salutations camarades, je viens d'arriver dans la cité, il y a peu alors excusez-moi si mes questions sont un peu hors sujet mais y a t-il une constitution rebelle ? Ou du moins un code général ?
Une femme à la peau d'ébène, dénommée Atlantia ou Tina pour ses proches, l'une des premières nées, me répond.
Bienvenue à toi. Non il n'existe pas encore de constitution en vigueur. La mettre en place est un enjeu majeur pour l'avenir du secteur... Elle n'arrête pas de me fixer tout en continuant son discours et le termine : C'est peu de dire que ta question est essentielle... Joaw.
D'autres de mes compatriotes, parmi lesquels Oak, confirment ses dires et nous débattons un instant. Je décide alors après avoir visionné les différentes tentatives avortées sur l'espace matriciel de l'Agora, sans même en informer qui que se soit de me lancer dans ce projet fou de donner un corps juridique à la Rébellion, à mon secteur. Mais je me rends vite compte que je manque d'informations concrètes pour faire ce texte, je prends donc contact avec le Leader Rebelle en chef : Lorkah. L'immense gnoll aux poils blancs dont certains estiment que ce nouveau dictateur n'a aucune légitimité, accepte de me rencontrer en ville sous la pluie battante, dans l'habituel jour obscur.
Je tremble en le voyant même si ses traits sont dissimulés par la faible luminosité. J'ai du mal à croire les on dit sur lui après cette conversation assez brève. Il m'explique ce qu'il pensait mettre en place bien qu'il ait abandonné désespéré par le comportement des Rebelles. Je regarde l'hologramme du schéma institutionnel qu'il souhaite mettre en place essayant de ne pas m'attarder sur lui, la peur au ventre devant la bête. Puis, la gorge un peu serré, je reprends la discussion et le convaincs de reprendre du service, de rallumer son communicateur et de revenir à l'Agora pour répondre aux interrogations des Rebelles, lui assurant que je ferai voter un texte fondateur et que sa présence sera essentielle.
  • J't'aime bien gamin, dit-il en me tapotant l'épaule de sa grosse patte velue. Tu m'as redonné envie de me battre pour le secteur. Il file et je masse mon épaule, grimaçant.
J'entame aussitôt les premiers brouillons du projet de Constitution Rebelle en me basant sur le schéma politique proposé par Lorkah. Assis sur un canapé de l'École, je fume cigarette sur cigarette avant de tousser mes poumons et de frotter mes yeux fatigués derrières leurs carreaux rayés double foyer. En une seule soirée, je ponds le texte brut du projet constitutionnel et le dévoile à l'Agora, ce travail n'avait jamais été réalisé jusqu'à présent d'une manière aussi complète. Ce texte était essentiel pour graver les grands principes de notre Rébellion ainsi que le fonctionnement institutionnel de celle-ci et la participation du peuple à la politique du secteur pour au final aboutir à une garantie de stabilité qui aidera, j'en suis encore persuadé à notre victoire sur la dictature. Les critiques sont bonnes et on salue mon initiative, jugeant que l'exercice est difficile. Le texte est pour autant critiqué, je le complète au fur et à mesure, je l'ajuste en fonction des premières idées émises, le débat progresse et devient très vite constructif quelques-soit les intervenants, l'idée semble plaire en tout cas.
Le plus gros du chemin reste à parcourir : non seulement il fallait réaliser un texte efficace et correspondant à la Rébellion mais aussi le faire accepter par les Rebelles dans les urnes. Lorkah satisfait et à la fois impressionné par ce travail me propose de quitter la Centrale et de rejoindre le Quartier Général afin de devenir rédacteur constitutionnel à plein temps et de travailler sur le texte et le revoir constamment. J'accepte sa proposition, malheureusement, le gnoll qui continuera à me conseiller sur le texte encore quelques jours, nous quittera avant la fin de la rédaction de la Constitution qui avait été amorcé.
Mais en tant que rédacteur constitutionnel et unique salarié du Quartier Général, je ressentais le devoir de le faire pour la Rébellion, de continuer a m'atteler à ce travail et faire naître le fruit de celui-ci. Seul à la table de réunion de mon nouveau lieu de travail, à l'École d'Entrainement ou accoudé dans un bar, je réajuste mes binocles et j'écris. Jamais sur un deck de peur de me le faire hacker et de perdre toutes mes données mais sur le bon vieux papier à la sensation si agréable sous la pulpe des doigts y griffonnant toutes mes idées, je les revois, les corriges et les proposes, sous les projecteurs de l'Agora et de mes compatriotes.
Cependant, l'idée même d'une loi complète et organisationnelle ou peut-être la gueule de celui qui la rédige ou bien sa façon de palabrer ne revient pas à tout les habitants du secteur 3 alors après tout un bon cassage de gueule à toujours été le traditionnel moyen de communication chez nous...

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Biographie
18 Novembre 2013
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