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EDC de 35279

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I.O.N.

Ira furor brevis est.
Tout a commencé par une porte qui s'ouvre.
Il Obsédait mes Nuits

Et l'histoire se poursuit avec une autre, qui se verrouille dès lors que l'homme la franchit.
Clic-clic. Ça sonne comme un clac, doux son, doux murmure des regards qui se perdent en cherchant l’invisible. L’un s'attarde et l’autre s’éparpille, les mots s’additionnent aux trop nombreuses hésitations.
« Emy ? »
Dans un des canapés d'une pièce exiguë, ladite Emy fume, plus tranquille que jamais. Elle est là sans plus l'être, cachée à jamais parmi les ombres. Que le rougeoiement d'une cigarette pendue à ses lèvres, qui savoure un baiser qu’elle ne lui réserve plus à lui.
Charitable et lasse de voir sans être vue, d’aimer sans être aimée, elle repousse sa capuche en arrière et se dévoilant à l'homme qui aurait dû l’ignorer à jamais. Il se retourne, la regarde, mais l'attention de l'humaine à la frange est ailleurs, entre un passé méconnu et un présent fort bien ancré.
Encore une humanité qui s’est brisée au contact d’une autre.


« Emy, Emy, Emy… »


Une voix inhumaine. Si vide et calme, si peu emprunte d'existence. Les pieds croisés sur la table basse, un coude posé sur l'accoudoir, l'humaine remue tranquillement la main cachée sous son blouson noir, qui couvre lui-même ses cuisses. Comme un rien pourrait l’habiller, elle ne portait que son odeur, une étoffe de seconde main, passée de mains en mains, en mains…
Comment vivre, quand on ne sait que mourir ?


« Bonsoir, Ion. Assieds-toi. »


Le regard planqué derrière une paire de lunettes ne peut s'empêcher de la fixer, la détailler. Elle qui autrefois aurait succombé à la simple prononciation de son nom, s’amuse aujourd’hui d’une sonorité grinçante qui hérissé sa colère de milles piques acerbes.
Ce mot qu'il murmurait, auquel il donnait tout un sens, toute une raison d'être n’en a plus aucune.
Pourquoi toute bonne chose doit-elle un jour s'achever ? Sans doute est-ce là la question qu'elle lui aurait posé, si sa mémoire n'avait occulté le bon, pour ne garder que les souvenirs médiocres qui furent découverts, appréhendés, mémorisés.
Le temps joue en défaveur, et n’en accorde aucune.
Les mots s'entrechoquent et les souvenirs avec eux.


« Oh, ferme-la, avec tes "Emy par-ci, Emy par-là." »


Il se raidit, le pauvre et quelconque humain oublié. Ses réponses vagues s’écrasent dans une eau croupie et sans remous. Se lever et surfer sur les rouleaux qui déferlent, ou juste le cylindre qui se tend vers lui.
Lumière se reflétant, mégot s’écrasant, Eagle se dressant. Elle tient ce dernier nonchalamment, majeur sur la gâchette, placide ou stoïque. Elle-même, elle pose les pieds au sol, si lente qu'il semble à chacun de ses gestes que le temps se soit figé.
Ailleurs que dans sa tête, ce n’est pas le cas.
Il s’écoule et s’écoulera sans cesse, échappant à ses doigts malhabiles.
Bien sûr, les silences blessent plus que toute parole. Mais le flot se déverse, à défaut du sang. Comme si le passé les rattrapait pour les submerger, les noyer. La vérité s’expose à nue, autant qu’elle qui repousse tant de barrières que les années auront dressées.
Car ils ignorent.
Car il savait.


« Moi, j'suis sûre que j'y ai cru, à toutes ces conneries que j'ai pu te dire. »


Emy se pare de son faciès le plus effrayant. D’autres mots, d’autres vides à combler, d’autres vides qui se vident de leur immensité. L’humanité se fraie un chemin par la porte qu’elle aura maintenue grande ouverte pour lui. Une entrée devenue sortie.

Omnia mutantur, nihil interit.
Tout a continué avec d'autres portes qui se sont ouvertes.
Il Opprimait mes Névroses

Elle tire, et un sourire dément dévoile ses canines. Le mur s'effrite. Une fenêtre qui se repend en miettes, telle sa raison, sur le sol qu'elle vise à son tour. Souvenir vif, immuable, meurtrier. Le bruit de chaque tir se fait l’écho du passé.
Il reste trois balles dans le chargeur, mais déjà la poudre gante ses mains vengeresses.
Le canon caresse la nuque de l'homme, comme elle le fait du regard. Des pupilles dilatées, des yeux plus gros que le ventre.
Une soif de vengeance dont elle ne sera jamais repue. L’arme pose ses derniers baisers, ses derniers espoirs, le tout se volatilisant en de longues plaintes muettes. Comme elle le fit de ses lèvres, pour y semer son amour et y cueillir des perles de sueur : ce soir, c’est ce soir qu’elle viendra à bout de tous les démons. Ce soir ils s’en iront.
Elle l'avait attendu : de son éveil à leur rencontre, de sa mort à aujourd'hui.
Il devait être celui qui. Il a était celui qui. Il n’y aura plus d’il, plus d’eux, plus qu’elle.
Mais elle, elle n'était rien. Rien que trois lettres, perdues entre une centaine, des milliers d'autres.
Elle, elle n'est rien, rien que rage, colère.
Amertume indélébile.


Le vide est plein, plein de vide. Et l’arme l’est tout autant. La villa est muette, la poudre retombe, flotte à la surface du sang qui ne s’égoutte plus d’un corps qu’elle a goûté, dont elle est à jamais dégoûtée.

« Dis, l'Ancêtre... Pourquoi des êtres éternels comme nous ont-ils des sentiments si...
Éphémères ?
»
-- Communication mise en attente --



Le City Eagle pendant au bout d'un bras ballant se nettoie, la pluie coulant sur le métal si froid à présent. Ayant hurlé sa rage de tout son saoul, il pleure les larmes de sang qu'elle ne versera plus que par son intermédiaire.
Elle aurait dû pleurer.
Plic. Ploc.
Mais elle s'était trouvée de l'autre côté de cette arme, le soir qui avait pour de bon figé le temps de ses souvenirs.

Non fui, fui, non sum, non curo.
Tout s'est terminé par une porte qui se referme.
Il Occupait mon Néant







Spoiler (Afficher)
Ira furor brevis est. « La colère est une courte folie. »
Omnia mutantur, nihil interit. « Tout change, rien ne meurt. »
Non fui, fui, non sum, non curo. « Je n'existais pas, j'ai existé, je n'existe plus, cela m'est indifférent. »

Remerciement :
LJD Six pour m'avoir aidé à trouver la musique.
LJD Ion pour chaque RP joué ensemble, et ce RP-Couple que j'aurai souhaité voir durer jusqu'à la fin de mon personnage, au moins.

Edit : Un an plus tard, [art=http://www.dreadcast.net/EDC/Ion/Article=14638]Ion écrivit sa version[/art] et c'est tellement bon que je partage.

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Hommages
12 Septembre 2013
1362√  14 11

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◊ Commentaires

  • Ladoria~7869 (221☆) Le 12 Septembre 2013
    Texte long qui se lit vite, d'une traite. J'ai trouvé ça assez captivant, sans tout comprendre, bien évidement.

    Mais... Ad Majerom Mulier Gloriam?
  • Léon~34645 (0☆) Le 12 Septembre 2013
    Texte superbe, comme d'habitude.

    "D’autres mots, d’autres vides à combler, d’autres vides qui se vident de leur immensité."
    "Le vide est plein, plein de vide."

    J'adore ... vraiment.

    Et putain, Léon savait qu'elle l'avait buté ! pfeuh ...
    Emy a vraiment changé.
  • Kambei~7880 (258☆) Le 12 Septembre 2013
    Fantastique... merci bien pour ce moment.
  • Valmont (178☆) Le 12 Septembre 2013
    J'ai lu, cette fois!