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La fin d'un Sud.

Pas de Sept sans Six ♪

Tchick-tchik.

L'étincelle soufflée par le gaz rougeoie de toute sa hauteur. À elle seule, elle dévoile les lieux de la pénombre qui les avait recouvert.
Un taudis, reconverti en atelier, garage, laboratoire sans doute. L'humidité sur les briques luit, brillante, et dessine en un reflet tremblant les contour de la brune au briquet, et de l'objet inanimé vers lequel elle se penche.

Orange, achevée. Tuyaux chromés, réservoir gravé, pommeaux cuivrés. La bête patiente, impatiente, songeant aux promesses murmurées par la brune lorsqu'elle façonnait, fascinée, ce bijou...Qu'aucune femme ne mettra jamais en valeur.

Un soupire, la flamme vacille. Tant que la flamme illuminera, elle ne pleurera pas. Les doigts qui la guident passent devant les gravures réalisées à la main, comme toutes. Ces détonateurs de feux d'artifices, ces briquets. Mais pas de symbole Donnellys, cette fois. Juste des chiffres, et quelques lettres.

532-Six
Pour ceux qui savent, et rares sont-ils.
Deux, trois peut-être.

Elle renifle. De la pulpe des doigts, elle parcourt les écritures, son cœur s'enserrant. Il y a quelques cycles qui se comptent en journées, quand elle ignorait encore qu'elle ne lui reviendrait pas, elle avait gravé sur le guidon cette réponse qui avait pris tant d'années à venir.

La flamme tremble à nouveau, ou est-ce le briquet, ou la main qui l’éloigne de la bécane pour le rapprocher de la mèche d'un bâton de dynamite. Le feu prend instantanément. Deux sources de lumière qui se séparent. L'une soufflée, l'autre soigneusement posée au sommet d'une pile d'autres bâtons.
Il fallait songer à l'armement, disait la Blonde. Pour elle, la Brune l'avait prévu.

C'est fini. Plus de Six.
Et sans Six, pas de Sept.
Pas de Treize.

Le feu mange la mèche, bien vite. La Brune contemple pendant ce qui semble être une éternité, avant de tourner les talons, briquet toujours au creux d'une paume brûlée.
Et à mesure qu'elle s'éloigne du brasier à venir, les souvenirs font légions.
À chaque pas son flash.

Un.
Tac.La blonde s’étranglant de rire, assise sur son baril, celui contre le mur de la Moule qui Saoule. Un regard échangé, puis un sourire, les premiers d'une longue série.
Deux.
Tac.Un briquet gravé, première collaboration. S'en suivront des fabrications maisons, des explosions, des feux d'artifices. Un incendie dans l'hilarité et une brûlure bien moins amusante.

Trois.
Tac.Un cratère, un torrent d'alcool. De longues discussions, des retours pénibles jusqu'au bar pourtant pas si lointain. Et une bouteille de vodcast à jamais oubliée...

Quatre.
Tac. Des coups de feu, épaule contre épaule. Des digicodes qui sautent et des ballerines qu'elles se jalousent, avec ironie. Du sang, des morts, mais même cela ne parvient à les séparer.
Ni les dangers. Ni la peur. Ni les doutes.

Cinq.
Tac.Une ressemblance. Façons de parler. De se battre. De marcher, de fumer, de croire. Tout en la Brune évoquait la Blonde.
Une complémentarité. Ensemble, elles faisaient bouillir les idées, tomber les ennemis. Ensemble elles formaient le duo de Sudistes le plus invraisemblable de prime abord. Et le plus effrayant, lorsque le temps s'en fit la preuve. Deux gamines du Sud. Deux mômes orphelines qui s'étaient trouvées.

Six.
Tac. Le conte s'achevait. Fini de compter.

La première explosion détonne. Le carnage de métal pulvérisé qui s'écrase dans un froissement de taule contre des briques éclaboussées d'essence. Les flammes grimpent sur les murs, encadrent la pièce, jaillissent des tréfonds de la nuit dans d'autres détonations plus intenses, plus bruyantes. Le toit vole en éclats, les débris voltigent en sifflant et s'écrasent plus loin, tels d'infimes météorites.
La ville se pare de ses plus belles couleurs, des étoiles jaillissent dans le ciel : bleues, rouges, vertes. Ça explose dans tous les sens.

Quelques part sous toutes ces flammes, un tuyau entre en fusion, se liquéfie.
Les lettres Alice Harvey fondent, cerclées de rouge incandescent, d'orange, d'explosions.

L'enterrement de Six venait de commencer. Celui qu'elle méritait, celui que Sept se devait de lui offrir.

« Même depuis ce putain de S7, Six, j'espère qu'ils se régalent du spectacle. »

Face au carnage d'artifices qui édulcolorent sa vie comme seule la Blondie y était parvenue, Emy s'arrête un court instant.

Tchik-tchik.

A nouveau, elle fait tourner la molette du Zippo, et la flamme illumine son visage, jeu d'ombres, de couleurs et de lumières qui font grésiller l'embout d'un bâton de nicotine. La fumée d'une People's Den se mêle aux volutes de la respirations d'une Brune, bien seule sans sa Blonde.

Les pieds pivotent, une silhouette s'éloigner, et un dernier claquement de Zippo que l'on ferme retenti : le clap final. La fin d'un Sud.

Clac.

Spoiler (Afficher)
HRP : Cette fois, une partie de l'article est utilisée IG. L'incendie a lieu, dans le Sud de la Ville, non loin du cratère.

Sinon, je tenais à dire un petit mot au LJD Six : je te hais.
Mais outre ceci, ce texte est une façon de te dire « Merci. »
D'avoir créé et joué Six. D'avoir été un si bon joueur, incarnant un si bon personnage. Si j'avais un top trois, un hall of fame, tu serais en tête de liste, pas le moindre doute là-dessus.
RP avec toi donne du goût à n'importe quel RP, n'importe quel petit moment qui pourrait être anodin. Un plaisir de chaque instant. J'ai l'honneur d'être de ceux qui ont pu RP souvent aux côtés de Six et pour ça, vraiment, je te remercie.

Ah puis, merci aussi au LJD Preus et son personnage que j'aime tant, pour m'avoir faite chialer hier soir x)

Aussi, cet acte était une façon pour Emy de dire à Six : « Cimer, Madame Sixounette. Pour tout.
»

◊ Commentaires

• 

  Loyla~38290 (32☆) Le 04 Septembre 2013
  Putain....Je te hais pour rendre ça encore pire! (mais je t'adore quand même comme le texte)

• 

  Amar (211☆) Le 04 Septembre 2013
  *verse un peu de détergent dans l'incendie par soutient*

• 

  Ethayel~30165 (769☆) Le 05 Septembre 2013
  Merci de cet article fort plaisant à lire, pour un personnage mené à la perfection.
  Que de prises de tête avec lui pour ce personnage, il comprendra ce bougre, et Maellynn rejoindra mon avis =D
  Merci Emy, il le mérite.
  

• 

  EveR~4918 (1732☆) Le 05 Septembre 2013
  Sublime... quoi que je trouve qu'il y ait un peu trop d'hommages en ce moment.

• 

  Djino~31724 (155☆) Le 06 Septembre 2013
  Évidemment, magnifique. Du coup, j'ai honte de tenter un truc sur la fin de Six. Ca aura forcement l'air plus mauvais. Foutu relativité.

• 

  Dhomochevsky~5237 (111☆) Le 06 Septembre 2013
  *, super chouette !