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À bout de souffle


Elle se dénude, docile.
Un long frisson parcourt son être.

Un contact. Une découverte du bout des doigts. D’un geste les porter aux lèvres, l’y glisser en toute discrétion, avec délicatesse. Pour faire passer la pilule, une gorgée de Skiwi, une cigarette aux Farins, un peu plus ou un peu moins…
Le trop qui fait déborder le plein. L’ivresse incontrôlée, la drogue, la détresse : le cocktail de l’exagération, la superposition insoutenable, couche après couche sur ses épaules frêles.
Une vibration. Une phrase au bord des lèvres. Quelques pas à peine dans un silence pesant que brise la décompression d’une porte qui s’ouvre et se referme sur les choix qu’elle n’a su faire. Pour combler le vide, une course effrénée, quelques haltes…
L’erreur humaine, personnifiée. Châtiment infligé et peine affligeante : la destruction assurée d’un bonheur fait homme, d’une existence qui enveloppée par le Smog, tentait d’expier ses fautes.

Elle patiente, tranquille.
Une porte s’ouvre sur un avenir en cul-de-sac.

Les Boosters claquent l’un contre l’autre, frappent le sol en cadence. Ils la propulsent vers l’incertitude, une énergie circulant à contre-courant dans ses veines.
Il avait dit : « Pour tenir toute la nuit ».
La ville imperceptible défile sous son regard brouillé et agité. Son seul repos, une seconde, s’étire sur les traits d’un visage connu qu’elle va abandonner.
Les Boosters frappent le sol, les coups raisonnent dans sa poitrine. Le sang afflue, toujours plus chargé en émotions indistinctes, court-circuitant ses neurones grisés.
Il avait ajouté : « Hyperémotivité ».

Elle inspire, futile.
Premiers pas douloureux vers l’inconnu.

La pointe de l’épée érafle les murs de la villa qui se dérobe à sa raison et s’impose à son souvenir. Un bordel. Deux putains s’y succèdent dans les bras d’un même homme. Un autre régulier s’approche de la fille de joie aux peines bouleversantes. Elle fuit. Le destin la rattrape, malgré l’avance, malgré l’effort.
« Cessez de vous poser en victime ». Suivre les enseignements, voilà tout ce dont elle se souvient. Élève dissipée. L’erreur est commise, la facilité de mise. La roue tourne, les roulettes glissent : jamais dans le bon sens, jamais la russe
La ville échappe à son regard. Des années passées à se perdre, et une nuit une seule pour se repérer, traverser les rues étrangères qui paraissent déjà lointaines. Puis passer la porte et s’arrêter. Une pensée, comme toujours, pour lui qui depuis si longtemps s’est figé. Comme elle n’a jamais cessé d’y songer : « Bonsoir, Léon ».

Elle chante, volatile.
Une Outrilienne et une Humaine, furent assises sur un toit.

Le temps et l’éternité n’ont aucune emprise ici où ils prennent pourtant tout leur sens. Passé, présent et futur se tiennent devant elle. Fade signe d’un destin qui lui aura joué plus de tour qu’elle ne pouvait en apprécier.
Les derniers cris franchissent avec difficulté les barbelés de ces lèvres où elle aura si souvent posé les siennes. Touché, coulé. Ses armes retournées contre elle, ce seul danger contre lequel elle ne peut se protéger. Les machines se mettent en route, une cuve de glace pour soigner l’âme ou du moins, apaiser la douleur.

Les mots acidulés ne tracent plus leur chemin dans le silence.
La plume disparue laisse un vide au creux de ses doigts.
Le parfum de la trahison se fane dans un bouquet de sens.
Les baisers poussiéreux se délestent de leur goût amer.
Les yeux se ferment sur les images de ces instants volés.

Elle s’éloigne, fébrile.
Une porte se referme sur la silhouette tremblante.

Entre eux et elle, plus rien, tout, encore et à jamais. En elle, seul le remous des vas et viens lancinants et intarissables des aléas de la vie. Qui s’apaise, écume légère des vagues qui se brisent sur les parois du caisson où elle s’allonge. Floue sous la surface, floue sous la glace, dans un monde trop net aux bords tranchants.

Elle s’endort, fragile.
Un souffle chaud qui s’atténue, s’engourdit, se cristallise.

Informations sur l'article

Souffle
30 Avril 2013
1237√  13 22

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◊ Commentaires

  • Amar (211☆) Le 30 Avril 2013
    Ha non, pas une cryo sans rien dire encore.

    Tss tu fuiras donc toujours hein ? Même à la fin ?
  • EveR~4918 (1732☆) Le 30 Avril 2013
    Sublime...
  • Manerina~6356 (1567☆) Le 30 Avril 2013
    "fille de joie aux peines bouleversantes"
    Pffff... Une telle plume ne devraient jamais cryo, ça devrait être interdit.
  • Medea (153☆) Le 30 Avril 2013
    Je plussoie le chauve.
  • Ladoria~7869 (221☆) Le 30 Avril 2013
    Le chauve a raison, brûlez-les tous mais ne partez pas en cryo smiley
  • Ella~7202 (137☆) Le 30 Avril 2013
    +1 Valstik
    *Passe une requete a l'MJ de fermer le centre de cryo a jamaisssssssssss* sinon etoile trés beau texte et dommage de perdre une si belle plume
  • Grypium~23119 (247☆) Le 30 Avril 2013
    Décryo, c'est un ordre d'Alte Noobilis. Je vais te gronder è_é t'fais ça sans rien dire en plus.
  • Kinchaka~27073 (1111☆) Le 30 Avril 2013
    @Valstik : Je croyais qu'on était tous remplaçable et que les départs n’influaient que peu sur le jeu.

    Quoi qu'il soit très beau texte et dommage.
  • Amar (211☆) Le 30 Avril 2013
    Ouais hein... Devdas il me fait peur en ce moment, je suis trop d'accord avec lui..
  • Djino~31724 (155☆) Le 30 Avril 2013
    Emy, sort de cryo ou je trouve ton adresse IRL est viens te botter le cul! smiley
    Surtout qu'Emy n'a pas prévenu tonton Djino!
  • Loyla~38290 (32☆) Le 30 Avril 2013
    Enfin su lire le résultat final ^^ même si une fois de plus tu me dégoutes... bon bah une étoile de plus.. smiley