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La Poussière - 1

Ses pas étaient lents, des empreintes se dessinaient dans la poussière du sol sur son passage durant quelques secondes avant que le vent ne les effaces.
La tige de synthé-tabac se glissa entre ses lèvres, se consumant à chaque bouffée.
Acétone.
Uréthane
Pyrène
nicotine
méthanol
...
Combustion, transformation, ne laissant place qu'à des cendres.
Son visage se releva vers le ciel, ses yeux ne voyant que le smog, rejet de l'humanité.
Était-ce une météorite ? Une bombe ?
Savoir ne changerait rien, pas même nos croyances, après tout nous ne pouvions comprendre.
Essayeriez vous d’expliquer à un écureuil se trouvant sur votre trajet matinal où vous allez, ce que vous comptez faire et pourquoi vous faites cela ?
Vous pourriez toujours le faire, il ne comprendrait pas.
Il saurait simplement que sa vie n'a qu'un but, aider à notre survie.
Les échelles étaient différentes, mais le principe restait le même.
Et, de toute manière, le nuage serait toujours là.
Des cendres, de la poussière, une réaction des plus simple, où l'élément chimique réactif était l'humanité elle-même.
Ni création, ni perte, une transformation uniquement.
C'est un des plus grand principe de notre chimie, ne doutons pas, nous ne pouvons pas.
Si vous observiez ce smog, que vous regardiez sur la droite, verriez vous cet outrilien ayant consacré sa vie à trouver un médicament contre la peste grise et qui fut mort trop tard ?
Ou là, un peux plus au Nord, cette maison qui abrita plusieurs personnes riches, chacune d'un vécu et d'une histoire différentes ?
Les cendres touchaient le sol, son pouce et son index fit voler le mégot un peu plus loin.
Un fin sourire vint marquer son visage alors que ses pupilles se rétractèrent.


Réaliseriez vous que nous sommes ce mégot ?
Sa main droite se posa sur le haut de son borsalino, le réajustant de manière parfaite sur son crâne.
Ma vie fut consacrée à l'Humanité.
Oh, je ne douterai jamais d'avoir fait les bons choix, ou non, car les actes sont faits, penser à reculons serait paradoxal alors que notre seul but est d'avancer.
J'ai construit des châteaux avec cette poussière, j'ai levé une armée avec des mégots. Mais demain..
Il s'arrêta, observant ses pieds et les traces éphémères imprimées dans le sol.
Demain le vent soufflerait un peu plus fort, et la construction redeviendrait poussière.
Je suis immortel, mais dans la peur j'ai voulu construire une pyramide pour laisser une empreinte.
Le matériaux est mal choisi, mais pourtant j'ai foi en ce qu'un jour ces cendres deviennent stables.
Sa respiration était forte, son avancée reprit, la poussière derrière lui se déplaçant déjà au grès du vent.
Folie ? idiotie ? Ignorance ?
Nous avons tous foi en l'Humanité, alors que nous la savons instable de faits sûrs.
Pourquoi continuer ? Pourquoi nous tuer à cela ?
L'incompréhension. Nous sommes cet écureuil qui tourne en rond dans sa cage, sachant que le but de sa vie se trouve dans la mort, dans une transformation d'organisme à organisme.
Un jour, je deviendrais quelqu'un.
Cette phrase était dans la bouche de bien des gens, cherchant reconnaissance, un bout de mur vierge sur lequel on pourrait laisser une trace.
Mais tout s’effondre, tout s’efface.
Les échelles se confondent , se mélangent.

Le vent poussiéreux souleva son trench, irritant son visage, ternissant le filtre de son respirateur. Macro.
Le tissu s'use, les molécules se heurtent, et les atomes se dénouent pour se renouer. Embrasement, destruction, reconstruction, échange. Micro.
Qu'il est dur d'accepter que notre vie n'est qu'un pont menant d'un complexe moléculaire à un autre.
Création, complexification, dissolution. Aidant alors ce matériel à s'enrichir le temps d'une vie, nos âmes réduites à l'état de catalyseur de l'humanité.
Son poing se serra, une douleur le saisit.
Il tituba un instant, sa main retenant son corps, s'appuyant sur la paroie d'un vieil immeuble. Son respirateur se détacha, inspiration, extraction.
Le souffle coupé, laissant une gerbe de sang et d'organismes en tout genre dans une flaque rougeâtre.
Chaque jour je me sens mourir.
Né poussière, fait pour retourner à la poussière.
Un homme s'avança, le pas rapide, criant de vive voix.
-Lord, Vous allez bien ?
Face tournée vers le sol, il se redressa, prenant appui sur le mur et se tourna vers le curieux, glissant déjà une clope entre ses lèvres, un simple sourire figé sur le visage.
L'homme approchait toujours du Lord commençant à sortir une trousse de premier soin de sa vieille besace.
Un flamme lança la combustion de la cigarette, une bouffée transformant par étape le corps de nicotine en cendre.
La fumée recrachée vers le ciel, à la source, sa main droite prise d'un léger tremblement.
Lord ?

Un bref signe de main, alors que son borsalino se vit réajusté a la perfection.
Ne vous en faites pas, je catalyse.

Informations sur l'article

Chapitre dernier
12 Septembre 2013
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◊ Commentaires

  • L-X~19531 (1540☆) Le 12 Septembre 2013
    "Memento, homo, quod pulvis es, et in pulverem reverteris"... sauf à DC.