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EDC de 25968

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Le sadique et le menteur

L'Androïde entre dans la villa, scanne la pièce - rien ne bouge. Il écoute, avance dans l'entrée et n'entend que le claquement de ses pieds nus sur le sol laqué.
Il pense à ses chaussures rangées au fond d'un tiroir et se demande s'il sera un jour capable d'en nouer seul les lacets. Il prend conscience qu'il ne sait pas faire grand chose tout seul. Il se revoit quelques instants plus tôt attablé au requiem, en train de manger avec la coquille, les oeufs que personne ne lui avait écalés.
Ses pas l'amènent jusqu'à un pouf. Il s'assied et lève son regard vers l'hologramme qui illumine le fond de la pièce. Il reste un instant muet devant l'oeuvre avant de s'adresser au serveur domotique, seule présence pseudo-vivante des lieux :
  • "T'es toujours connecté, mon vieux ?"
Il espère une réponse, même un simple écho pour briser la solitude de sa réflexion, pour se sentir dans la peau d'un cyborg qui n'a pas l'esprit qui flanche à force de soliloquer.
  • "Tu connais la différence entre toi et moi ? Toi, enfoiré de robot, t'as pas de coeur. Si t'en avais un il y a longtemps que tu aurais déprogrammé cet holographe. Ca t'amuse de me torturer ?"
Il plonge littéralement dans le tableau et ressens chacune des émotions qui l'animèrent alors que, dans un passé qui lui paraissait infiniment lointain, il avait peint cette oeuvre.
  • "Faudra que tu m'expliques un jour quelle jouissance tu retires à me faire souffrir devant cette projection. Si je ne te dis pas de l'enlever, tu ne la retireras jamais, n'est-ce pas ? Mais moi, je n'aurai jamais le courage de te donner cet ordre."
Son dispositif optique se verrouille sur cette image qui flotte dans l'air, à un mètre de lui. Il tend le bras jusqu'à ce que sa main mauve se teinte d'or au contact de la lumière de l'holographe. Il caresse une silhouette immatérielle, celle de la femme qui représentait tant pour lui. Suite soupire.
  • "Quand je regarde cette oeuvre, je suis frappé par l'amour lumineux qu'il en émane, alors que dans la vie tout est devenu sombre et tortueux. Mais tu sais quoi, vieux sadique ? C'est pas le tableau qui me ment... c'est la vie qui s'est trompée."

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