EDC de 25968

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...la nuit était venue comme la vieillesse d’un homme heureux. Mais en cette fin de journée le bonheur était enrayé par une sourde pensée dont il fallait absolument se délester afin de pouvoir avancer. Or, chasser les ombres n’est pas une tâche aisée car il y a souvent beaucoup à perdre.

Il était convenu qu’il la rencontrât pour lui avouer que les derniers espoirs s’étaient mués en vaines illusions.

Il la rencontra donc et il lui parla le plus simplement qu’il put, sans faire état de cette boule qui lui serrait la gorge, sans expliquer qu’il combattait plus violemment que jamais les images idylliques du passé qui affluaient encore à lui comme des bouffées de vapeurs nocives et bienfaitrices.

- ELLE : « Tu devais me parler de quelque chose ? »
- LUI : « Je vais me marier. »

Elle hocha lentement la tête. Lui, ne parlait plus. Elle retira son alliance et la déposa sur le dessus d’un meuble. Il observa sans rien dire la bague abandonnée au centre du plateau vide. Soudain, il lui sembla que cette planche nue se trouva encombrée d’un monceau de souvenirs agonisant dans la souffrance. Il recula d’un pas… Il ne pouvait détacher son regard de leur temple, leurs contes, leur arc-en-ciel étoilé, leur lune indigo, leur première danse, leur rencontre aux Cadavres. Toutes ces visions déformées par la douleur formaient un écran qui l’isolait de la réalité. Sans en avoir conscience, il avait reculé encore et encore, jusqu’à se retrouver seul, sur le trottoir, devant la villa que Night avait bâtie pour eux.

Night…

... la nuit était venue comme la vieillesse d’un homme heureux, elle se retirait à présent comme une vague délaissant son âme échouée sur une plage déserte - coquille vide. Il avait chassé une ombre, il l'avait tuée sans pitié, il avait tant perdu.

Un nouveau jour se levait.