EDC de 25870

Plus elle observait le ciel, plus la métaphore semblait évidente.

Son regard perçait les strates de smog balayées par le vent d'une nuit claire, les étoiles éclaboussant son visage. Lointaines, inaccessibles, étincelantes dans leur berceau de vide.

Aveuglantes presque. Et pourtant... Pour ce qu'elle en savait, la plupart de ces astres était certainement déjà arrivée à terme.

De leur tombe céleste, ils éclairaient les mortels, perdus dans un monde sans couleur. Ils esquissaient un chemin, des ombres. Leur lumière ne leur appartenait plus véritablement, abaissée à n'être qu'un phénomène relayé par de nombreux facteurs. Lointaine, déformée par la distance, vouée à s'éteindre. Bientôt remplacée par une radiance plus généreuse d'artefact humanoïde.

Et au beau milieu de ces billes de plasma brillait Sirius sans que l'humaine pu l'identifier. Elle l'avait lu dans un vieux document d'astronomie, un inventaire des habitants de la voûte, au combien peu céleste, datant du temps où le ciel était encore détaillable.

Et c'était clair maintenant, ainsi fonctionnait l'espoir, ainsi fonctionnait l'Imperator homonyme.

A des années lumières de Son peuple, Son enseignement rayonnait pour Lui depuis Son tombeau de poussière. Car Il se devait d'être mort, pour l'honneur de ne pas avoir abandonné les Siens, pour le bonheur de ne pas voir comment était rendue Sa parole, de ne pas connaître la salive qui la souillait.

Imperator brillait encore. Lointain, inaccessible, irréel. Il soulevait encore des corps de viande rance et de carbone flasque qui croyaient trouver un second souffle dans Sa lumière. Il insufflait encore le courage, l'espoir, et la haine. Sa lumière se faisait l'argument des avides, de ceux qui n'auraient su briller de par leurs propres moyens, des orgueilleux qui avaient peur de se fondre dans le noir. Les hérétiques la prenaient comme habit, lacérant ses commandements pour en former de nouveaux, de plus en plus odieux, de moins en moins censés. Les faux pieux s'en servaient comme projo, les opportunistes comme monnaie d'échange.

Imperator brillait, mais d'une lumière ternie par les vivants. Son héritage ne lui appartenait plus. Rien n'était plus limpide. L'obscurité se jouait de ses rayons et le chemin esquissé s'en retrouvait floué, indécelable. Sa chaleur s'était consumée elle-même par tant d'absence.

Trop d'allégeances étaient faites en Son nom sous trop de bannières différentes. Les rayons de Son enseignement avaient trop divergé, ils s'étaient dissolus en verbiages outrageants. Ils divisaient au lieu d'unir, donnaient raison aux idiots et tord aux justes. Sa parole était devenue celle de nombreux autres, repris à leur tour dans une mise en abyme parfaite.

Les rayons de Cyrius s'étaient évanouis dans leur course folle, dilués par une obscurité grandissante, noyés dans un smog épais. Il n'en restait qu'une maigre bouillasse impossible à filtrer et trop épaisse pour supporter la déglutition. Le peu qu'on nous servait de Son héritage, la maigre ration à laquelle avait droit le peuple affamé donnait la gerbe.

L'étoile devait avoir explosé depuis fort longtemps... Quand ses dérivés se décideraient ils à faire de même ?

Quand arriverait-on au terme ?
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.A quand la grande déflagration ? .
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