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Elephants

L'envie de hurler, là, maintenant. Impossible, évidemment, en tout cas pas en l'écrivant. Si ce n'est un manque d'inspiration certain lorsqu'il s'agit de me poser quelques minutes pour tenter d'entamer un récit, je crois que le temps de latence entre le début et la fin d'un texte est ce qui me freine le plus. Alors je chope ma guitare, et bim, bam, boum.
Pas besoin de réfléchir, je me laisse simplement aller. Les notes résonnent, les accords claquent. Dix minutes ou une demi-heure, peu importe c'est à ma convenance et l'effet, à chaque fois, est immédiat. Aucune attente entre l'instant je frappe une corde et l'instant ou le son fait résonner mes tympans. Pourtant, j'aimerais écrire. De longues histoires, qui parleraient d'un tas de choses que j'ai sur le cœur à longueur de journée, à longueur d'années.
Pas un jour sans que j'y pense, mais jamais je n'arrive à commencer sérieusement. Au point que j'en suis réduit à écrire ces quelques lignes sans calculer, sans réflexion, car c'est tout ce que j'arrive à produire. Je laisse les mots s'enfuir puisqu'il n'y a qu'ainsi qu'ils y arrivent. Une dizaine de lignes et déjà je sens le soufflet retomber. Suis-je donc si vide ? Ai-je si peu à raconter qu'en cinq minutes à peine mes doigts ralentissent et les mots se cachent ?
Quand je me prends à rêver éveillé, j'imagine pourtant des choses, des choses qu'il me plairait de développer, d'écrire pendant des heures, de travailler pendant des semaines. Les idées naissent, me tourmentent ou me fascinent, je les imagine achevées, je me dis que je vais commencer, et je les laisse là. Elles finissent par fermenter, manquant d'air et de mouvement, crevées.
Les unes après les autres, jour après jour, formant le limon puant de mon imagination. Cimetière des éléphants, mes éléphants, dont l'odeur âcre me prend chaque fois un peu plus les narines et me soulève le cœur à mesure que j'en constate l'étendue croissante. Mortes-nées, mes idées n'auront jamais la chance d'un essai, fut-il navrant et inconsistant, et leurs cadavres blafards me fixent à chaque fois que j'y pense. Momifiées, dévitalisées, et immobiles. Je sais déjà que pour les plus anciennes, un effleurement les achèverait, elles tomberaient en poussière et n'auraient plus aucune espèce d'utilité ni ce seraient plus source d'aucune espèce d'inspiration. Alors je les laisse dans les limbes, gigantesque tombeau qu'aucune malédiction ne protège, qu'aucune intrusion ne menace.
Je vous laisse là, défuntes folies, fleurs du passé. Je vous laisse là, vous qui sombrez,
dans le cimetière des éléphants.

Informations sur l'article

De choses...
19 Juillet 2013
689√  4 2

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◊ Commentaires

  • Hellguapo (235☆) Le 12 Décembre 2014
    "n'auraient plus aucune espèce d'utilité ni ce seraient plus source d'aucune espèce d'inspiration"
    ni ne seraient, petite faute de frappe je pense.
    Superbement écrit. *