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EDC de Yaku~73697

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Aujourd'hui, c'était le jour. Enfin.
Elle avait fait une bêtise, elle en avait la quasi certitude. Pourtant, quelque chose vibrait en elle. Elle pouvait le sentir remuer ses entrailles, siffler dans ses oreilles, bourdonner dans sa tête. La journée passait comme dans un rêve, préparatifs presque achevés, seules les questions s'agitaient tandis qu'elle restait assise dans ce fauteuil, à attendre.

Quelques heures plus tard...

Elle s'active déjà depuis de longues minutes, faisant bruler une pâte d'un bleu hypnotisant, gluante, dans une petite casserole, un entonnoir scotché à l'envers sur le dessus. La bouche placée près de ce dernier, au point que ses lèvres touchent presque le rebord, le visage crispé d'appréhension et d'excitation, elle aspire les premiers relents d'une fumée lourde, épaisse.
Son sourire se transformant en grimace. L'odeur de moisie, collante, se déposant au fond de sa gorge.
Peu à peu, l'entonnoir se tord, se déforme, sous les serres pourtant peu musculeuses et d'ordinaire douces de la vautour.
Les yeux se ferment, le corps tangue, la voix, déformée, croasse.
Parfait. Ca va être... Parfait
Et tandis que la tête se relève, les mains se joignent. Les serres percent, la chaire est tendre, moelleuse, mais n'est pas sentie.
Le sang s'écoule lentement, presque paresseusement, souillant les mains, puis s'écoulant le long du dispositif pour venir grésiller sur la cuisinière. Les yeux se réouvrent finalement et un sourire tordu vient déformer les lèvres pleines.
Oui...
Et tandis que le visage se détourne, dépassant allègrement l'angle habituel par rapport au corps auquel il appartient, une main dessine une forme organique invisible dans l'espace.
Bonjour...
Un sourire se dessine, la tête se renverse en arrière...
Je dois y aller. Tu me suis ?

Encore après, visiblement ailleurs

La tête passe dans le mince espace laissé entre une porte entrebâillée et son chambranle. Des yeux écarquillés détaillent la pièce, s'arrêtant parfois dans le vide. Et cette voix qui s'élance, pour combler l'espace, apparemment vide :
Bonsoir...

Regard maintenant sur des pieds. Qui s'avancent. Et ces doigts qui tapent un code. Echouent. Persévèrent, s'enfonçant sur les touches du digicode, solides, malgré la blessure précédente infligée sur la main, jusqu'à ce qu'un bruit satisfaisant retentisse.
Et la marche qui reprend. La concentration.
Regard qui accroche un autre regard. puis encore un autre derrière lui, rouge, mouvant, voluptueux. Sourire.
Et ce bonsoir qui retenti, sortant de son propre corps.
Cet être seul devant cette console. High tech. Cette chambre en plomb. Où elle doit aller. Le point écarlate, le plus chaleureux. Là bas... Après le sas, le vitrage, cette froideur stérile contrée par cette fumée presque palpable.
Une voix retenti, mais à qui appartient-elle ?
Ooh.. l'héroïne du jour. Approche approche.

Curiosité. Regard qui s'attarde, sur une forme ou une autre. Des entités dans le noir. Faisant partie d'une seule, qui la suit, l'accompagne...
Déplacement. Bouger, se mouvoir. Complexe mouvement sans contrôle. Pieds qui claquent, serres griffent le sol, l'attaquent.
Une voix parle mais n'est pas entendue à travers les échos. Une autre s'échappe...
C'est parfait

Et des bras qui pendent, inutiles. Un corps tendu vers le haut. Ces mains qui la tirent, l'attirent...
Et ce rouge qui s'étale, domine, tout.

Le Sas s'ouvre. Invitation. Pas qui l'entrainent.
Là bas ! Elle est là ! Sourire...
Tu es là toi ? Encore ? Gentille ombre...
Tu en penses quoi du style ?
Le style... ? Joli... Jolie petite ombre...

Grincement discret. Espace qui se referme. Mais qui pourtant s'étend.
Tout est parfait ! Parfait comme toi... Chaleureuse...
Douce petite ombre
Très bien Yaku ! Est-ce que tu pourrais mettre le sac sur tes épaules ?

Mouvement anarchiques, cramoisi qui se développe.
Aide moi petite ombre...
Paaaarfait... Parfait.

Sourire vers la présence. Sac sur les épaules. Sons indistincts.
Poing levé. Saccades. Victoires.
Gouttes de sang sur le sol, poing trop serré, ombre qui vibre.
Horizon d'un noir d'encre, plaine rouge.
Bon.. maintenant écoute moi bien.
Je t'écoute ? Je t'écoute...
Hein petite ombre ? Nous l'écoutons... ?
Bouton [Scrrrrr] droit sac [Scrrrr] caméra [Scrrrr] appuyer dessus.
Tu es nombreuse.... La caméra ?

Cou qui se tord, bouton découvert. Vent frais qui caresse la peau.
Corps qui bascule presque. Yeux qui clignent.
Le bouton [Scrrrr] bouton..

Clignements qui se succèdent. Plaine rouge et Sas qui se supperposent. Sol craquelé. Chaleur.
Lécher ces lèvres. Forme claudiquante. Ca arrive.
Bouton activé.
Il est là

Sac qui s'ouvre. Sac ?
Mais seul elle est importante.
Ne t'approche pas de la Tour.

Aller vers elle. Plus vite.
La tour, la tour, la tour, la tour
Elle est là. Elle est là...

Yeux écarquillés. Orbites saillantes.
Le dernier [Scrrrrr] quelques minutes
Oui petite ombre, nous y allons
Encore. Plus. Proches. Briiiiiille

Douleur sans douleur. Sans grimace. Torsion statique.
La tour... La tour... La tour ! ...

Et ces mots qui deviennent graves, caves. Tirée vers les abysses. Là ! A ces pieds !
Regard halluciné vers le sol. Cri muet qui déforme un visage
Corps secoué d'un haut le cœur. Visage béat.
Tu sais ombre ?
Ce qu'il y a derrière ?
Tu me suivrais toi, hein ?
Faut pas ? Faut pas !

Sourcils froncés. Deuxième spasme. Dévitalisé.
Un pas est fait. Le vide et c'est une chute.
Tréfond cyclopéens, tour celeste...
Et le corps s'écroule. Le regard ne cille pas.
Tête en bas. Pieds en hauts. Légèreté et lourdeur s'alternent.
Un spasme encore. Vomi. Epais. Sanglant.
Sans réalité. Oreilles sourdes.
Fragmentation. Rouge. Toujours.
Et cette Tour... Inatteignable.

Dans un bar, à peine plus tard

Le réveil est passé. Alors je suis revenue là où j'ai mes habitudes. Je tiens à peine sur mes jambes, mes plumes luisent encore.
A la fois neuve et abimée, je m'écroule sur un canapé. Et je réponds aux demandes. Oui, je vais bien. Miraculeusement.
Ou plutôt, mon nouveau moi va bien. Mais ça, je ne le dis pas, bien sûr.
Et mes mains... Sont parfaites. Et ici. Tout est un peu plus coloré maintenant. Plus chaud. Plus doux.
Mais le désert a disparu.
Tout est ... Parfait. Parfait ? Non. Bien.
Et je dois lutter contre cette sensation de chute qui parfois s'empare de moi quand mes yeux se ferment.
Alors, un frisson remonte, parcourant de la plante de mes serres au haut de mon crâne, et me rappelle.
Que je suis en vie. Que je sens. Mieux que tout, que je ressens. Plus que jamais.
Et la douleur du doigt que je mord, dont je sens le gout métallique, me le rappelle.
Et le gout doucereux des couquiz.
L'ombre est là sans l'être. Un voile... Sans matérialité.
Pourquoi ce soulagement pourtant déçu ?
C'est une maladie ?
Une maladie ? Quelle drôle d'idée

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Un autre jour
28 Avril 2021
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