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EDC de Swan~3150

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Elfettes vous-mêmes...

Ses lèvres tremblent tout doucement, au même rythme que les frissons qui couvrent peu à peu sa peau. Son corps tressaille de sursauts de froid que la fatigue du soir apporte avec son lot de douleurs physiques, bercée par le ♫ fond sonore ♫ d’une IA. La sobriété et la solitude de sa chambre l’enveloppe comme autant de draps immaculés, légers, et glacés. Le corps nu, pâle et en apparence frêle, se blottit dans le tissu comme dans un cocon fragile, assise.
- Arsène ?
[Oui, Mademoiselle Swan ?]
Le majordome dégage une lumière presque éblouissante dans la blancheur de la scène. Elle le voit comme un tourbillon soudain de chaleur inaccessible sur fond matriciel. Le tout est un mélange de pureté, de douceur, et de vide. Il est comme le feu irréel dans l’âtre. Au gré d’un programme, de fausses flammes composées d’images holographiques ondulent pour feindre la consumation et le sentiment de réchauffement.
- Qui crois-tu que je suis ?
[Ma Maîtresse, Mademoiselle Swan. Ravissante Maîtresse.]
- Non, je veux dire… moi. Quelle personne suis-je ?
[Recherche de documentation en cours…]
Dans la froideur moite de la pièce, le silence naît comme le dernier souffle de la fatigue, la faisant chavirer en étoile sur le dos sans se soucier de la peau qui se dévoile.
[Mademoiselle Swan… Données matricielles… Référencée comme : Elfette, Ch’veux’verts…]
- Stop. Ferme-la.
[Bien, Mademoiselle Swan.]
Son ton se veut aussi glacial que les sentiments du majordome. Ô pauvre être désœuvré, combien de fois appelé ‘elfette’? Le corps nu se libère complètement et les doigts cherchent à tâtons la veste de cuir noir fétiche, puis une poche, en sortant un paquet de cigarettes sur lequel les noms gravés restent un mystère. La présumée ingénue enlace les draps en pixélisant son esprit au plafond, et le pouce fait jaillir la flamme précédant la vapeur piquante pour les yeux bleus.
- Arsène. Dis-moi des mots doux pour elfette.
[Recherche de documentation en cours…]
- Tsss…
[Demande permission de recherche dans précédentes données matricielles personnelles…]
- Mmh… accordée. Et branche plus fort la ventilo, au passage.
Les paupières closes du majordome tressaillent de temps à autres durant sa profonde et importante recherche. Un sourire par intermittence se dessine sur ses fausses lèvres, hypnotisant le regard de l’être nageant dans les draps blanc sous une vague de fumée opaque qui rejoint peu à peu les pensées adhérant au plafond.
[Nouveau résultat trouvé : ‘Et je te dirai des mots doux au creux de ton cou…’]
- Ah… ça… je me souviens… mais tu n’as rien d’autre en ressources? Franchement si tu cherches dans mes données, c’est un peu facile. Surtout que si tu carbures qu’aux mots-clés, on n’est pas rendu, bordel.
[Recherche de documentation en cours…]
- Un truc lyrique, je ne sais pas, moi… un truc qui dégage une mélodie avec des notes d’amour, quoi!
[Nouveau résultat trouvé : ‘Une telle œuvre est une fête où se mêle l'intimité de nos âmes et ces notes qui raisonnent en continu…’]
- Stop! Ta gueule.
[Bien, Mademoiselle Swan.]
- J’ai de la chance que tu ne t’offusques pas, hein?
[Je ne vous le fais pas dire.]
- Laisse tomber, je crois qu’on a la preuve que je suis une elfette de toute façon... Il paraît. Non, mais… tu crois?
[Je crois que vous êtes 'vous', cf un individu recensé dans vos données personnelles antérieures. Est-ce que le reste importe?]
La jeune et vieille âme ferme les yeux, les doigts réchauffés par l’incandescence et entame le recyclage de ses derniers rêves, de ses derniers cauchemars, ne récupérant que ce que bon lui semble.
- Tu crois que je peux prétendre à la non-elfitude si je suis assez vulgaire? Même si, j’ai besoin du reste… de l’attention, de l’affection, des gestes…
[Désirez-vous que je cherche dans notre autre base de données, Mademoiselle Swan? L’une de vos préférées?]
- Fais, mon brave, fais…
Les sens en émoi et la lueur malicieuse, l’être admire l’esprit qui flotte au-delà, privé des turpitudes enchaînées au sol, et ouvre grands les yeux sous un hoquet frissonnant.
[Résultat plus ou moins approprié trouvé : ‘Humains comme Méta-humains sont tous des êtres initialement faibles et versatiles…’*]
- Stop. Cela me suffit.
[Bien, Mademoiselle Swan.]
Un léger sourire se dessine sur les lèvres de la nue ingénue, refermant les paupières et laissant chuter son mégot par terre. Un inconnu pourrait dire que l’IA sourit à la fois machiavéliquement et tendrement en la voyant faire, mais la machine est incapable de saisir la moindre pensée de ces âmes chevronnées par les sentiments ou les idéaux. Arsène baisse les lumières et disparaît sans bruit.
- Ce sont donc tous des elfettes… mais nous, elfes, sommes à la fois leurs reines… et leurs esclaves…
La bouche peint une moue souriante et moqueuse avant de s’effacer subitement, le sommeil emportant une dernière pensée réconfortante, et laisse place à ses cauchemars, dit bonjour à ses Dames, comme à chaque fois qu’elle s'endort seule.
Elfettes vous-mêmes…

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* Extrait de: L'Impérialisme selon Alleria.
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L'elfe aux cheveux vert
05 Mai 2013
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