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Tome 2. Des Âmes Dévoyées : Traité sur l’Accueil des transfuges en Empire.
𝐃𝐞𝐬 𝐀̂𝐦𝐞𝐬 𝐃𝐞́𝐯𝐨𝐲𝐞́𝐞𝐬 — 𝐓𝐫𝐚𝐢𝐭𝐞́ 𝐬𝐮𝐫 𝐥’𝐀𝐜𝐜𝐮𝐞𝐢𝐥 𝐝𝐞𝐬 𝐓𝐫𝐚𝐧𝐬𝐟𝐮𝐠𝐞𝐬 𝐞𝐧 𝐄𝐦𝐩𝐢𝐫𝐞.
𝑻𝒐𝒎𝒆 𝟐. 𝒅𝒆 𝑳𝒂 𝑪𝒐𝒍𝒍𝒆𝒄𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒅𝒆𝒔 𝑳𝒊𝒗𝒓𝒆𝒔 𝑵𝒐𝒊𝒓𝒔.
𝑻𝒐𝒎𝒆 𝟐. 𝒅𝒆 𝑳𝒂 𝑪𝒐𝒍𝒍𝒆𝒄𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒅𝒆𝒔 𝑳𝒊𝒗𝒓𝒆𝒔 𝑵𝒐𝒊𝒓𝒔.

Par E. Stellijah Monroe Darcombe - Inquisiteur Noir
𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐈 — 𝐃𝐞 𝐥𝐚 𝐧𝐚𝐭𝐮𝐫𝐞 𝐝𝐮 𝐭𝐫𝐚𝐧𝐬𝐟𝐮𝐠𝐞
𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐈𝐈 — 𝐃𝐞𝐬 𝐝𝐢𝐟𝐟𝐞́𝐫𝐞𝐧𝐭𝐞𝐬 𝐟𝐢𝐠𝐮𝐫𝐞𝐬 𝐝𝐮 𝐭𝐫𝐚𝐧𝐬𝐟𝐮𝐠𝐞
𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐈𝐈𝐈 — 𝐃𝐞 𝐥'𝐚𝐜𝐜𝐮𝐞𝐢𝐥 𝐞𝐧 𝐄𝐦𝐩𝐢𝐫𝐞
𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐈𝐈𝐈 — 𝐃𝐮 𝐐𝐮𝐨𝐭𝐢𝐝𝐢𝐞𝐧 𝐝𝐞𝐬 𝐓𝐫𝐚𝐧𝐬𝐟𝐮𝐠𝐞𝐬 𝐞𝐧 𝐙𝐨𝐧𝐞 𝐝𝐞 𝐑𝐞𝐝𝐫𝐞𝐬𝐬𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭
𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐈𝐕 — 𝐃𝐞 𝐥𝐚 𝐒𝐮𝐫𝐯𝐞𝐢𝐥𝐥𝐚𝐧𝐜𝐞 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐚 𝐃𝐮𝐫𝐞́𝐞
𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐕 — 𝐃𝐞 𝐥𝐚 𝐑𝐞́𝐢𝐧𝐭𝐞́𝐠𝐫𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐂𝐨𝐧𝐝𝐢𝐭𝐢𝐨𝐧𝐧𝐞𝐥𝐥𝐞
𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐈𝐈 — 𝐃𝐞𝐬 𝐝𝐢𝐟𝐟𝐞́𝐫𝐞𝐧𝐭𝐞𝐬 𝐟𝐢𝐠𝐮𝐫𝐞𝐬 𝐝𝐮 𝐭𝐫𝐚𝐧𝐬𝐟𝐮𝐠𝐞
𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐈𝐈𝐈 — 𝐃𝐞 𝐥'𝐚𝐜𝐜𝐮𝐞𝐢𝐥 𝐞𝐧 𝐄𝐦𝐩𝐢𝐫𝐞
𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐈𝐈𝐈 — 𝐃𝐮 𝐐𝐮𝐨𝐭𝐢𝐝𝐢𝐞𝐧 𝐝𝐞𝐬 𝐓𝐫𝐚𝐧𝐬𝐟𝐮𝐠𝐞𝐬 𝐞𝐧 𝐙𝐨𝐧𝐞 𝐝𝐞 𝐑𝐞𝐝𝐫𝐞𝐬𝐬𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭
𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐈𝐕 — 𝐃𝐞 𝐥𝐚 𝐒𝐮𝐫𝐯𝐞𝐢𝐥𝐥𝐚𝐧𝐜𝐞 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐚 𝐃𝐮𝐫𝐞́𝐞
𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐕 — 𝐃𝐞 𝐥𝐚 𝐑𝐞́𝐢𝐧𝐭𝐞́𝐠𝐫𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐂𝐨𝐧𝐝𝐢𝐭𝐢𝐨𝐧𝐧𝐞𝐥𝐥𝐞
𝐄́𝐩𝐢𝐥𝐨𝐠𝐮𝐞 — 𝐃𝐞 𝐥𝐚 𝐏𝐞𝐫𝐦𝐞́𝐚𝐛𝐢𝐥𝐢𝐭𝐞́ 𝐞𝐭 𝐝𝐞 𝐬𝐞𝐬 𝐃𝐚𝐧𝐠𝐞𝐫𝐬
𝐀𝐝𝐝𝐞𝐧𝐝𝐮𝐦 — 𝐍𝐨𝐭𝐞 𝐈𝐦𝐩𝐞́𝐫𝐢𝐚𝐥𝐞 𝐬𝐮𝐫 𝐥𝐞 𝐏𝐫𝐨𝐭𝐨𝐜𝐨𝐥𝐞 𝐝'𝐀𝐜𝐜𝐮𝐞𝐢𝐥 𝐝𝐞𝐬 𝐓𝐫𝐚𝐧𝐬𝐟𝐮𝐠𝐞𝐬
𝐀𝐝𝐝𝐞𝐧𝐝𝐮𝐦 — 𝐍𝐨𝐭𝐞 𝐈𝐦𝐩𝐞́𝐫𝐢𝐚𝐥𝐞 𝐬𝐮𝐫 𝐥𝐞 𝐏𝐫𝐨𝐭𝐨𝐜𝐨𝐥𝐞 𝐝'𝐀𝐜𝐜𝐮𝐞𝐢𝐥 𝐝𝐞𝐬 𝐓𝐫𝐚𝐧𝐬𝐟𝐮𝐠𝐞𝐬
🕂𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐈 — 𝐃𝐞 𝐥𝐚 𝐧𝐚𝐭𝐮𝐫𝐞 𝐝𝐮 𝐭𝐫𝐚𝐧𝐬𝐟𝐮𝐠𝐞🕂
Un transfuge n’est pas un voyageur. Il n’est pas non plus un exilé, ni même un réfugié. Il est celui qui, à un instant précis de son existence, a fait le choix conscient de tourner le dos à un idéal, à une vérité, à une autorité.
Qu’il ait fui l’Empire pour Orion ou quitté Orion pour l’Empire, sa trajectoire n’est pas neutre. Elle est le fruit d’un déséquilibre intérieur, d’une faille, d’un renoncement. Car on ne devient pas transfuge par hasard. Il faut rompre avec ce que l’on est, abandonner une part de soi, pour tenter de s’enraciner ailleurs — souvent en simulant loyauté, en mimant la dévotion.
Mais l’Empire ne se laisse pas berner par le masque. L’Empire scrute l’âme.
Le transfuge porte en lui la cicatrice du choix. Une fracture entre deux mondes, deux obédiences, deux vérités. Et cette fracture saigne encore, chaque fois qu’il prétend s’être converti. Il n’y a pas de conversion véritable pour celui qui a trahi. Il n’y a que des intentions opaques, des motivations suspectes, des fidélités provisoires.
Moi, Stellijah Monroe Darcombe, Inquisiteur Noir, ne considère pas le transfuge comme un citoyen à part entière. Je le considère comme un corps étranger au sein de la mécanique impériale — une particule instable, susceptible à tout moment de déstabiliser l’ordre qu’il prétend servir.
Ainsi commence le présent traité : en posant les fondations. Avant de juger l'accueil, il faut comprendre l'essence. Et l’essence du transfuge, c’est l’instabilité. Une âme dévoyée par nature, dont la loyauté ne peut être qu’un masque de circonstance.
🕂𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐈𝐈 — 𝐃𝐞𝐬 𝐝𝐢𝐟𝐟𝐞́𝐫𝐞𝐧𝐭𝐞𝐬 𝐟𝐢𝐠𝐮𝐫𝐞𝐬 𝐝𝐮 𝐭𝐫𝐚𝐧𝐬𝐟𝐮𝐠𝐞🕂
Il ne suffit pas de nommer l’infamie pour en comprendre les nuances. Le mal se dissimule parfois sous de fausses promesses de rédemption, d’autres fois sous des élans d’audace rebelle, et bien plus souvent encore sous le masque fuyant de l’opportunisme. Le transfuge n’est pas une simple anomalie statistique du conflit idéologique opposant Marran à Orion. Il est une pathologie. Un virus. Une faiblesse humaine faite chair, se déplaçant de secteur en secteur à la recherche d’un refuge, d’une position plus confortable, d’une cause moins exigeante.
Le transfuge, selon les écrits de l’Ordre Noir, n’est pas qu’un individu ayant changé de secteur. Il est l’abdication d’une volonté. Le reniement d’un serment. Une âme fracturée, incapable de loyauté, de sacrifice ou d’absolu. Il a tourné le dos à la Voie, à l’Empereur, à la Clarté de l'Empire, pour se jeter dans les bras boueux d’Orion, royaume des égarements, des faux prophètes et des prétendues libertés. Car tout transfuge est une preuve vivante que la discipline n’est pas naturelle. Elle se forge. Elle s’éprouve. Et tous ne la supportent pas.
Mais parmi les transfuges, il est essentiel de distinguer les traîtres directs de ceux que l'on pourrait appeler les convertis déviants.
𝘾𝙚𝙪𝙭 𝙦𝙪𝙞 𝙦𝙪𝙞𝙩𝙩𝙚𝙣𝙩 𝙡'𝙀𝙢𝙥𝙞𝙧𝙚 𝙥𝙤𝙪𝙧 𝙊𝙧𝙞𝙤𝙣
Ces êtres-là sont les plus faciles à haïr. Ils ont connu la grandeur de l’Empire, la justice ordonnée par la Voie, la puissance sacrée de notre discipline. Et pourtant, ils ont craché sur l’Étendard. Ils ont souillé leurs serments, déserté leurs postes, et couru vers Orion, guidés par leurs instincts les plus primaires : l’orgueil, la luxure, la fuite du devoir. Ceux-là ne méritent ni pitié, ni procès. Ils ont trahi l’Empereur, et aucun retour ne saurait effacer leur trahison. Ils ont été Impériaux. Ils ne le seront plus jamais.
𝘾𝙚𝙪𝙭 𝙦𝙪𝙞 𝙫𝙞𝙚𝙣𝙣𝙚𝙣𝙩 𝙙’𝙊𝙧𝙞𝙤𝙣 𝙫𝙚𝙧𝙨 𝙡'𝙀𝙢𝙥𝙞𝙧𝙚
Plus complexes sont ceux qui, ayant grandi dans la boue d’Orion, s’approchent de la lumière impériale. Certains les accueillent avec des espoirs candides, leur offrant une chance de se "racheter". Grave erreur. On ne lave pas une souillure en l’exposant à la lumière. On la consume. Ces transfuges venus d’Orion portent en eux l’infection sectorielle, même s’ils parlent notre langue, citent nos dogmes et simulent la Foi. L’idéologie hérétique est une tache indélébile. L’intégration véritable est un mythe, une chimère dangereuse. L’Empire ne se mélange pas. Il absorbe ou il détruit.
𝙇𝙚𝙨 𝙜𝙞𝙧𝙤𝙪𝙚𝙩𝙩𝙚𝙨
Et puis, il y a l’indicible. Ce que même les fanatiques hésitent à nommer. Ceux qui trahissent plusieurs fois. Les girouettes. Âmes désossées tournoyant au gré des vents, au gré de leur confort, de leur instinct de survie ou de leurs lubies politiques. Ces êtres-là ne croient en rien. Ils vendent leur bannière comme on vend une chair. Ils changent de camp pour gravir une hiérarchie, échapper à une sentence ou goûter à un pouvoir plus immédiat. Ils n’ont pas d’ennemis, car ils ne sont fidèles à personne. Même les rats d’Orion ont plus d’honneur qu’eux.
Ces girouettes sont les plus grandes menaces à l’ordre impérial. Car elles imitent la loyauté sans jamais la posséder. Elles infiltrent, se déguisent, séduisent, avant de trahir encore. Leur instabilité n’est pas une erreur, c’est leur essence. Et c’est pour cela que l’Ordre Noir ne les combat pas. Il les traque.
🕂𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐈𝐈𝐈 — 𝐃𝐞 𝐥'𝐚𝐜𝐜𝐮𝐞𝐢𝐥 𝐞𝐧 𝐄𝐦𝐩𝐢𝐫𝐞🕂
Il y a dans l’Empire un mythe tenace : celui de la rédemption par l’intégration. Certains prétendent que l’accueil d’un transfuge pourrait, par l’éducation, la patience, voire la foi, conduire à sa purification. Illusion. Erreur fatale. On ne redresse pas un arbre tordu en l’arrosant. On le déracine.
Le passage du secteur parjure vers l'Empire, de la décadence à l’ordre, ne peut se faire dans la douceur. Ce n’est pas un voyage, c’est une épreuve. Et tout prétendu transfuge qui pénètre nos murs doit le savoir : il n’est pas chez lui. Il est toléré, surveillé, éprouvé. Et le moindre faux pas sera fatal.
𝘿𝙪 𝙢𝙖𝙧𝙦𝙪𝙖𝙜𝙚 𝙥𝙧𝙚́𝙫𝙚𝙣𝙩𝙞𝙛
Aucune purification ne saurait être envisagée sans un marquage visible, irréversible, et humiliant. Le port d’un sceau gravé dans la chair est la première étape. Il ne s’agit pas d’un symbole. Il s’agit d’un stigmate, d’un rappel permanent qu’avant d’être un frère, il fut une menace. La chevalière de l’Ordre Noir, chauffée à blanc et appliquée sur le front du transfuge, ne cherche pas à blesser. Elle cherche à graver l’histoire. À prévenir l’oubli. Car l’oubli est la porte ouverte à la réitération.
Qu’importe qu’ils prétendent être des "convertis sincères". La sincérité est un luxe que l’Empire ne peut plus se permettre de croire.
𝘿𝙪 𝙥𝙖𝙧𝙘𝙖𝙜𝙚 𝙩𝙚𝙢𝙥𝙤𝙧𝙖𝙞𝙧𝙚
Une fois marqué, le transfuge ne rejoint pas nos rangs. Il est isolé. Placé dans un camp d’évaluation. Là, il vivra dans la rigueur, la surveillance, et l’interrogation. Sa loyauté ne sera pas mesurée par ses mots, mais par ses actes : silence, discipline, abnégation. S’il parle d’"espoir", s’il évoque "une seconde chance", il trahit déjà un esprit infecté par Orion.
Ce camp ne doit pas ressembler à un sanctuaire. C’est un purgatoire. Une zone tampon entre la souillure et la grâce, où seule l’épreuve forge la possible acceptation.
𝘿𝙚 𝙡𝙖 𝙥𝙧𝙚́𝙨𝙚𝙣𝙘𝙚 𝙙’𝙚𝙨𝙥𝙧𝙞𝙩 𝙞𝙢𝙥𝙚́𝙧𝙞𝙖𝙡𝙚
Chaque gardien affecté à ces camps devra faire montre de froideur doctrinale. La pitié n’a pas sa place ici. Les transfuges testent les limites. Ils observent, imitent, attendent. L’Empire, lui, veille. Inlassablement.
Il ne s’agit pas de les élever à notre niveau, mais de voir s’ils méritent seulement de ne pas être effacés.
« L’Empire est une flamme. Les faibles y brûlent. Les fidèles y brillent. Les transfuges y crient. »
— E. Stellijah Monroe Darcombe, "Traité sur l'Accueil des transfuges en Empire"
— E. Stellijah Monroe Darcombe, "Traité sur l'Accueil des transfuges en Empire"
🕂𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐈𝐈𝐈 — 𝐃𝐮 𝐐𝐮𝐨𝐭𝐢𝐝𝐢𝐞𝐧 𝐝𝐞𝐬 𝐓𝐫𝐚𝐧𝐬𝐟𝐮𝐠𝐞𝐬 𝐞𝐧 𝐙𝐨𝐧𝐞 𝐝𝐞 𝐑𝐞𝐝𝐫𝐞𝐬𝐬𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭🕂
À peine marqué de l’empreinte brûlante de la chevalière, le transfuge est privé de tout repère. Le feu n’a pas seulement laissé son sceau sur la peau ; il a calciné les derniers restes de son ancienne appartenance.
Dès l’aurore, le silence règne. Pas de nom, pas de salut. Chaque individu n’est plus qu’un matricule. Une suite de chiffres gravée sur une plaque de cou. Le tutoiement est interdit ; le regard, suspect ; le sourire, interprété comme une provocation.
Les journées sont réglées avec une minutie militaire. Réveil au cycle zéro-six, inspection des lits au cycle zéro-sept, distribution de rations synthétiques à zéro-huit. Les rations sont identiques, fades, insuffisantes : elles rappellent à chacun qu’il n’est pas encore digne du goût.
Le travail est la colonne vertébrale du programme. Nettoyage de zones radioactives, tri de déchets biologiques, entretien de structures impériales désaffectées. Des tâches ingrates, dangereuses, parfois humiliantes. Mais nécessaires. Car dans le labeur, dit-on, l’âme transfuge s’apaise — ou se brise.
Chaque soir, un examen psychocognitif a lieu. L’individu est isolé dans une salle blanche, face à un agent qui teste sa loyauté par des questions pièges, des citations tronquées, des simulacres de dilemmes moraux. Un seul soupir, une hésitation, un froncement de sourcils — tout est noté.
Aucune date de sortie ne leur est donnée. C’est là toute la force du dispositif. L’incertitude détruit l’arrogance. Le doute ronge les velléités de trahison. L’attente, surtout, réécrit la mémoire.
Et si certains transfuges finissent par être relâchés, c’est toujours sous surveillance. Car dans les yeux du fanatique, le traître n’est jamais complètement lavé. Il est juste en sursis.
🕂𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐈𝐕 — 𝐃𝐞 𝐥𝐚 𝐒𝐮𝐫𝐯𝐞𝐢𝐥𝐥𝐚𝐧𝐜𝐞 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐚 𝐃𝐮𝐫𝐞́𝐞🕂
Un traître, même purifié, reste un traître aux yeux de ceux qui savent.
Il serait naïf de croire que la marque au fer rouge suffit à effacer des années d’appartenance à Orion, ou pire, d’inconstance idéologique. Le feu grave sur la chair, mais l’âme, elle, demeure grise. Alors l’Empire — ou du moins, ceux qui veillent réellement sur sa stabilité — a mis en place ce que je nomme la surveillance dans la durée.
Chaque transfuge libéré des zones de redressement est assigné à une cellule de suivi, composée d’un Officier de l’Ordre Noir, d’un archiviste et d’un civil loyaliste. Tous les mois, il doit se présenter pour un rapport comportemental, où seront analysés ses paroles, ses actes, ses lectures, ses fréquentations.
Mais cela ne suffit pas. Les unités impériales disposent d’un réseau d’informateurs intégrés : voisins, collègues, même proches. Ces derniers sont parfois volontaires, parfois recrutés de force. Leur mission : signaler tout soupçon de relâchement, tout mot prononcé en murmure, tout regard tourné vers l’horizon d’Orion.
Car une pensée peut suffire. Une rêverie mal placée, un doute nocturne. L’Ordre Noir le sait : la loyauté forcée est une comédie fragile, et les comédiens les plus doués sont souvent les plus dangereux.
C’est pourquoi certaines marques de l'Ordre sont traçables, sensibles à des dispositifs de détection à distance. Un transfert hors zone, une tentative d’effacement, une dissimulation sous du derme synthétique — tout cela est immédiatement signalé. La marque est là pour guider le châtiment à venir, si jamais l’individu s’écarte du sentier.
🕂𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐕 — 𝐃𝐞 𝐥𝐚 𝐑𝐞́𝐢𝐧𝐭𝐞́𝐠𝐫𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐂𝐨𝐧𝐝𝐢𝐭𝐢𝐨𝐧𝐧𝐞𝐥𝐥𝐞🕂
Il n’est pas dans les principes de l’Empire de pardonner. Il peut, tout au plus, tolérer. Et la tolérance, lorsqu’elle s’applique aux transfuges, n’est jamais un acte de bonté : c’est une stratégie de contrôle, un fil tendu au-dessus du gouffre.
La réintégration d’un transfuge — lorsqu’elle est envisagée — ne signifie pas son acceptation. Elle n’est ni reconnaissance, ni rédemption. Elle est un test. Un purgatoire social où chaque pas, chaque mot, chaque battement de cœur est observé à travers le prisme du doute.
L’accès à certains postes leur est interdit. Ils ne peuvent siéger dans les conseils, commander une unité, ni même enseigner. Car enseigner, c’est transmettre une vision du monde — or leur vision a été souillée.
Ils sont cantonnés aux marges, affectés à des tâches ingrates, répétitives, où l’esprit s’épuise et le zèle se révèle. C’est dans l’usure du quotidien que se trahissent les véritables intentions. Un transfuge qui endure sans broncher, sans faillir, des années d’humiliations subtiles et de tests sans fin, peut espérer, un jour, obtenir un grade supérieur à celui de paria.
Mais même là, l’Ordre Noir veille.
Car dans chaque réussite trop soudaine, dans chaque loyauté trop bruyante, se cache parfois le poison du camouflage. Une girouette sait se faire discrète. Un ancien d’Orion sait flatter la grandeur impériale avec les mots justes. Mais le regard, lui, ne ment pas. Pas à moi.
« Il n’y a pas de retour. Il n’y a que des traîtres qui feignent d’avoir oublié ce qu’ils ont été. Et nous, nous n’oublions pas. »
— E. Stellijah Monroe Darcombe, "Traité sur l'Accueil des transfuges en Empire"
— E. Stellijah Monroe Darcombe, "Traité sur l'Accueil des transfuges en Empire"
🕂𝐄́𝐩𝐢𝐥𝐨𝐠𝐮𝐞 — 𝐃𝐞 𝐥𝐚 𝐏𝐞𝐫𝐦𝐞́𝐚𝐛𝐢𝐥𝐢𝐭𝐞́ 𝐞𝐭 𝐝𝐞 𝐬𝐞𝐬 𝐃𝐚𝐧𝐠𝐞𝐫𝐬🕂
L'Empire ne se conquiert pas. Il s'habite, Il se mérite, Il s'incarne.
Et pourtant, chaque jour, aux marges de ses cités, à la lisière de ses tours, des individus venus du secteur rebelle franchissent ses frontières — non pas sous les drapeaux de la victoire, mais sous ceux du repentir. Du moins, est-ce ainsi qu’ils se présentent.
Et pourtant, chaque jour, aux marges de ses cités, à la lisière de ses tours, des individus venus du secteur rebelle franchissent ses frontières — non pas sous les drapeaux de la victoire, mais sous ceux du repentir. Du moins, est-ce ainsi qu’ils se présentent.
Ce traité l’a démontré : la figure du transfuge n’est pas anodine. Elle est instable, confuse, et souvent contaminée. Accueillir un transfuge, ce n’est pas seulement ouvrir une porte ; c’est laisser pénétrer l’idéologie adverse, ses méthodes, ses langages, ses relents. Un transfuge n'arrive jamais seul. Il amène l'hérésie avec lui.
Or, le Secteur Impérial s’est montré trop clément.
Il a pardonné trop vite. Il a intégré trop largement.
Il a préféré les statistiques de croissance aux exigences de pureté.
Et, ce faisant, il s’est exposé à une lente dilution de sa doctrine.
Il a pardonné trop vite. Il a intégré trop largement.
Il a préféré les statistiques de croissance aux exigences de pureté.
Et, ce faisant, il s’est exposé à une lente dilution de sa doctrine.
Ce manifeste propose un cadre strict, non par cruauté, mais par nécessité.
▪ Que les transfuges soient d’abord isolés, observés, confrontés à eux-mêmes.
▪ Qu’ils soient marqués, symboliquement et physiquement, comme porteurs d’un passé à expier.
▪ Qu’ils soient soumis à une surveillance durable, et non un test unique.
▪ Qu’ils passent par un processus de rééducation idéologique, et non de simple formalité administrative.
▪ Qu’ils soient tenus à l’écart des postes d’autorité, d’enseignement ou de propagation doctrinale, jusqu’à preuve irréfutable de loyauté.
L’Empire est un corps.
Les transfuges sont ses greffes.
Et dans tout corps, le rejet n’est pas un défaut : c’est une défense.
Les transfuges sont ses greffes.
Et dans tout corps, le rejet n’est pas un défaut : c’est une défense.
À défaut de réguler ces flux avec rigueur, l’Empire risque l’asphyxie interne.
Non par la guerre, mais par l’oubli progressif de ce qu’il est.
Non par la guerre, mais par l’oubli progressif de ce qu’il est.
Quiconque veut réintégrer l’Empire doit en payer le prix.
Quiconque vient d’Orion n’entre pas en ami, mais en suspect.
Quiconque vient d’Orion n’entre pas en ami, mais en suspect.
La clémence est un luxe de paix.
L’Empire n’est pas en paix.
L’Empire n’est pas en paix.
🕂𝐀𝐝𝐝𝐞𝐧𝐝𝐮𝐦 — 𝐍𝐨𝐭𝐞 𝐈𝐦𝐩𝐞́𝐫𝐢𝐚𝐥𝐞 𝐬𝐮𝐫 𝐥𝐞 𝐏𝐫𝐨𝐭𝐨𝐜𝐨𝐥𝐞 𝐝'𝐀𝐜𝐜𝐮𝐞𝐢𝐥 𝐝𝐞𝐬 𝐓𝐫𝐚𝐧𝐬𝐟𝐮𝐠𝐞𝐬🕂
L’Empire, bastion d’ordre et de constance, ne saurait s’embarrasser d’une indulgence qui mettrait en péril sa pureté idéologique. L’accueil des transfuges ne relève pas de la bienveillance, mais de la nécessité stratégique. Il n’est nul pardon sans purification.
Toute âme issue d’Orion porte en elle les stigmates de la souillure rebelle. Toute âme ayant quitté Marran pour Orion a connu la chute. Toute âme ayant oscillée entre les deux secteurs est définitivement perdue.
Ce que l’Empire tolère, il ne l’absout pas. Ce qu’il intègre, il le marque. Ce qu’il rééduque, il le surveille.
Ainsi s’élève la doctrine :
Accueillir, marquer, isoler, surveiller, purifier.
Accueillir, marquer, isoler, surveiller, purifier.
Et si l’un d’eux faillit de nouveau, qu’il serve d’exemple.
Des Âmes Dévoyées : Traité sur l’Accueil des transfuges en Empire : par E. Stellijah Monroe Darcombe - Inquisiteur Noir

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◊ Commentaires
-
Lucian (214☆) Le 13 Avril 2025
Une vision de l'ON qui ne peut que me plaire. Oui ça dérange mais c'est une belle approche de jeu et plutôt non typique. -
NeufCentÖnze (2111☆) Le 14 Avril 2025
Bien -
Mélinée (226☆) Le 19 Avril 2025
[Qualitatif*]