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Rigor Imperialis
Il fut tiré de ses rêves chaotiques à la lumière de son deck Lyria. Le verre vide responsable de son mal matinal était imprégné de la couleur suspecte du cocktail qui servit d'ersatz de somnifère. Comme chaque matin Saule criait et suffoquait sous la douche glacée avant de s'assagir et de rester immobile à cause du simili d'azote liquide. Une fois séché et revigoré il passa une crème cosmétique sur son visage qui servirait de dernier camouflage à sa solitude.
La solitude pesait Saule. Le sentiment d'unité qui lui avait été promis lors de sa naissance ne l'avait toujours pas frappé. Il n'attendait qu'une chose: qu'ils puissent tous ensemble s'accomplir à la sauvegarde de l'Humanité. Si Saule n'avait aucun doute sur le fait que la tâche était dûment remplie chaque jour que Cirius Enclism faisait, il regrettait le fait que cette mission se faisait en silence, comme si l'Imperium devait faire preuve de pudeur dans Son existence.
Bien sûr il y avait ça et là des rencontres au détour d'un rayonnage de l'université, ou d'une table de lecture, mais rien qui ne puisse donner tort à Saule sur le sentiment que la société était très individualiste. Cette solitude couplée à la pédagogie de la déléguée pesait de plus en plus lourd. Ses idées étaient pour la plupart vivement critiquées par la hiérarchie, avec des arguments qu'il ne pouvait comprendre. Une fois la réunion du personnel terminée, il se maudit vingt fois pour avoir pensé qu'il n'était qu'un souffre-douleur destiné à être la risée de collègues qu'il ne croisait jamais.
Comme probablement beaucoup de Nemo Intra face à ces comportements impitoyables, à cette rigueur Impériale, aux paroles qui lui reprochaient d'être encore un bébé-éprouvette malgré ses longues heures d'étude, le silence des élites qui rendaient la satisfaction de sa curiosité pour le monde qui l'entourait difficile, il songea à disparaître dans la quiétude d'un liquide épais cryogénique quelconque. Ses yeux se verrouillèrent sur un livre qui était tombé par terre, probablement à cause d'un délire somnambule, il le ramassa en soupirant et lut la couverture.
Il se dit alors qu'il ne pouvait plus s'enfuir dans cette liste de milliers d'anonymes. Le livre portait son nom et il se souvint de son annonce AITL transmise la veille: demain il devait donner cours à l'université à l'aide de son exagium.
Fin du prélude, début du premier chapitre.
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10 Août 2015
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