EDC de Phoebe~62624

Un cadavre qui se traîne à travers l'épais brouillard imposant, quelque chose qui erre sans but précis, une âme fauchée par la fatalité d'une rupture entre deux cœurs. Qu'était-elle devenue ? Assise sur un tabouret du bar, tête reposant sur le comptoir, elle se demande comment tout cela a pu arrivé. Les larmes, qu'elle s'était juré de ne plus verser, perlèrent sur ses joues pâles. Elles sont amères, oui, elles sont le fruit de ces années de souffrance qui n'en finissent pas. Ce petit bout de femme qui ne demande qu'à être aimé, et aimé en retour, est brisé de bien des façons en ce jour.

Mourir ... laissez moi mourir ...

Elle ne voit plus rien, ne ressent plus rien, et n'entend plus. Elle se perd dans les abîmes de son esprit torturé par l'abandon, la désolation et la souffrance. Laissant toujours les larmes du Désespoir couler, dégoulinant sur le zinc afin de former un lac salé reflétant son âme tourmentée par la désillusion de cet amour, ayant pris fin il y a peu. Ils essaient de la résonner, de la faire réagir et sortir de sa torpeur, blessure bien trop profonde malheureusement, elle se meurt, le chagrin trop grand.

Quelques sons métalliques, un bruit strident se fait entendre alors que la cuve s'ouvre, déversant un corps lourd de peine et meurtri sur le sol glacial du centre. Elle geint sous l'effet du froid et de la douleur qui lui transperce le cœur, cherchant à se relever malgré tout. Des bruits de pas, elle redresse sa tête encore poignante pour apercevoir un homme, il s'approche et l'aide, sans un mot, alors qu'elle recrache le résumé d'une vie passée, malade. Qu'allait-il devenir de cette petite femme fragile, aux allures d'anges ? Personne ne le savait. Beaucoup étaient persuadés qu'elle ne tiendrait pas. Il l'emmène à la Serre, à sa demande, afin qu'elle puisse broyer autre chose que le Smog de la ville et les idées noires qu'il pouvait transporter. L'odeur des plantes lui rappelle alors son père, parti dans le grand froid il y a maintenant quelques années. Doux parfum de roses et d'orchidées qu'elle chérit depuis, elle se laisse emporter par cette sensation d'une présence fantôme qui l'embrasse affectueusement.

Puis vint les mots, ils discutent de leur passé, de leur vécu. Elle se confie, ne sachant pourquoi, elle lui raconte, et lui fait ressentir toute la souffrance qu'elle a pu endurer car oui, cet homme est aveugle. Bien qu'il voit en elle comme s'il la connaissait depuis toujours. Mains enlacées, cœurs accrochés, elle se laisse bercer par sa voix et retrouve un semblant de sourire. Le temps passe, et plus rien n'a d'importance que leur échange électrisant, sensation bienveillante et apaisante que de se sentir écoutée et consolée. Il la réconforte et elle se demande si ce n'est pas encore le manège monstrueux de la vie, rencontrer une personne, l'aimer et la perdre. Un cercle vicieux qui se répète à l'infini, sans de véritables moyens d'en échapper. Mais sa douceur emporte tous les maux du monde, son âme s'apaise lentement au fur et à mesure de la soirée, oubliant la tristesse et la douleur de cette nuit médiocre en dehors des murs de la Serre.

Quelle est cet étrange sentiment naissant au creux de mon ventre .. ? C'est si agréable ...

Elle ferme un instant les yeux, esquissant un de ses doux sourires dont elle seule, connaît le secret. Est il la lumière, l'espoir qu'il reste dans ce monde si cruel ? Il lui a appris que chaque lendemain est un nouveau jour. "Tu n'as plus rien à craindre ..." Leurs doigts parfaitement entremêlés, comme si c'était l'évidence imminente, elle se laisse étreindre par cette douce tendresse qu'il lui offre. Réchauffant son corps tout entier, elle soupire d'un bien être trop longtemps perdu, trop longtemps oublié dans les limbes obscures.

Libère moi ... Je t'en prie ... Sauve moi de cette vie sans goûts ni couleurs ...

Il est le seul à pouvoir défaire les chaînes qui la retiennent prisonnière de ce cercle de torture sans fin, de cet odieux cauchemar qui n'en fini pas. Et elle redonne confiance, reprend un nouveau souffle et relève la tête une énième fois. Peut être bien la dernière, effleurer encore ce bonheur qui la fuit depuis toujours, le toucher un peu plus grâce à cet homme qui inspire la sûreté et l'affection. De tout son être émane un Amour sincère, infini et éternel, il est ce Cœur possédant le pouvoir de tout réparer, de tout guérir. Ils se sont trouvés là, par hasard, rencontre fortuite dessinée par le destin de deux êtres en dérive. Aujourd'hui, ils se reconstruisent, mains dans la mains ...

Il sera la lumière qui brisera les ténèbres abritant son cœur, elle sera les yeux qui perceront le monde pour qu'il puisse voir en couleur.

Il illuminera sa vie de millions de feux d'artifices, elle comblera ce vide au fond de son être, à tout jamais.