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EDC de Norah~50792

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Cacher

Silence.

C’est un coup à la mâchoire qui m’arrache à la moiteur confortable dans laquelle mon esprit s’était enfoncé. Un coup sec, au contact rude et, évidemment, douloureux.
Je garde les yeux fermés, serrés, en retenant un gémissement plaintif. J’aimerais ramener mes bras autour de moi, mais j’en suis incapable… Je les sens tirés vers l’arrière.
Je sens la tension dans mes épaules, la morsure des cordes à mes poignets, le fourmillement de mes doigts privés de sang. Je sens ma tête prête à exploser.
- Ouvre les yeux.
Sa voix est doucereuse, sifflante, dénuée de toute compassion, et me coupe le souffle quand je la reconnais.
Je lève mon regard sur le borgne. Lui et sa gueule de travers, pire que la mienne. Son œil vide et son sourire mauvais. Une nouvelle gifle cinglante me cueille quand j’ouvre la bouche pour parler. Pour hurler ?
L’intention se transforme en un gargouillis étouffé, et je laisse échapper un filet de salive de ma lèvre abimée. Mon crâne… j’ai tellement mal.
Il fait les cent pas dans la petite salle, de son air las et désabusé, avant de s’arrêter devant la seconde chaise à mon côté. Je ne l’avais pas remarquée, celle-là. Il me faut quelques secondes pour faire le net dessus, et y apercevoir une touffe de cheveux argentés.
Je rate une respiration, et lâche un cri de désespoir. Mon borg ! Il l’a aussi capturé… Non..?
Mon cerveau me coule par les oreilles, et j’ai mal, tellement mal au crâne.
Les cheveux argentés. Mais pourquoi sont-ils si longs ? Pourquoi je reconnais ses traits sans qu’ils ne me soient familiers ?
Oh… Non. Ce n’est pas mon borg. C’est son compagnon, son humain. Mais pourquoi est-il attaché ?
Tous deux se parlent, trop bas pour que je ne l’entende. Et moi, je reste à les regarder de mes yeux flous, trop faible pour bouger.
- Bonsoir, bébé.
La voix douce, chaleureuse et tellement rassurante me fait détourner la tête. Mon Ange, mon Brin d’Argent, tu es là. Tu es là et je souris, perdue dans les brumes mielleuses de mon délire.
- Chht… ça va bien se passer, ma Savoureuse femme.
Quoi… ? Qu’est-ce qui va bien se passer, mon cœur ? Pourquoi tu ne me détaches pas ? Pourquoi…
La douleur me fige dans une expression de surprise, le souffle coupé et les lèvres ouvertes sur un hurlement silencieux, quand sa clef à molette s’abat sur mon genou.
L’articulation tressaute dans un crissement de protestation, et j’ai l’atroce impression de sentir ma rotule foutre le camp sur le côté, embarquant son lot de tendons, de cartilage et de chair.
Mais pourquoi… ?
- ça s’finit ce soir, hein Bébé…? Dis-le… DIS-LE !
De l’autre côté, les deux humains sont hilares à nous regarder, moi et mon genou qui se barre, lui et son arme de fortune levée à bout de bras, les yeux fous braqués sur moi.
Mon crâne… Putain, mon crâne… Qu’est-ce qui t’arrive, mon Cœur ?
Mais avant que je puisse ouvrir la bouche, une présence derrière moi me coupe le souffle.
- ça va bien se passer, mon Œuvre.
Deux mains se posent sur mes épaules. Cette voix. Bordel, cette voix. Ce timbre qui me rendait folle d’Amour. Un sanglot m’échappe, ma faible volonté lâche à son contact trop doux pour être honnête.
- Il suffit que nous dise, lequel de nous tu veux épouser, Zorah.
Quoi ? Mais c’est quoi cette question… ? J’ai le genou ruiné, et la cervelle qui continue à me fuir par les oreilles, alors… Pourquoi cette question ?
- Norah ! Réponds !
Derrière mon borg se profile une silhouette blanche, aux longs cheveux fileux. Sa voix autoritaire me fait tressauter instinctivement.
Non, s’il te plait, Démon blanc… Pas maint’nant… Tu vois bien que ma matière grise s’est répandue sur mon débardeur, quand même.
Puis d’abord, c’est quoi ce débarquement, hein ?
Stop ! Détachez-moi, lâchez-moi, achevez-moi !
J’ouvre la bouche pour parler, mais ma voix s’échappe de derrière moi. Quoi ? Comment c’est possible, ça ?
- Chht… Ne dis rien, Zorah.
Je me dénuque pour me tourner vers ma voix, la bouche ouverte sur mes revendications avortées.
Ah oui. Mon cerveau a fondu. C’est moi. C’est moi-même et je me regarde d’un air de pitié extrême. Faut dire, que j’dois pas être jolie-jolie à reluquer.
La Moi sans entrave tourne autour de moi, et les mâles se taisent. Enfin. Imperator, comme ça soulage mon crâne, leur silence. Je ne cherche pas à comprendre ce que je fous devant moi, et encore moins pourquoi Moi, je ne suis pas attachée. Contrairement à moi.
Je m’arrête devant moi-même, me regarde. Comme je suis pitoyable, attachée à cette chaise. Comme je suis fragile et perdue, incapable d’en placer une au milieu du brouhaha silencieux qui m’entoure.
Je me penche lentement, pose un doigt sur les lèvres abimées par les coups.
- Tu sais que tu n’as jamais eu, et n’auras jamais ton mot à dire, Zoh… C’est ta nature. Tu te tais, tu écoutes. Tu te soumets.
Mes doigts s’accrochent à la gorge offerte et sans défense, la frôle un instant à peine avant de la prendre à pleine paume… Lentement, mes ongles s’y enfoncent, je la serre, encore, encore.
- Soumets-toi. Encore une fois, Zorah.
Tais-toi, moi ! Tais-toi, tu n’as pas ton mot à dire. Jamais. La trachée craque sous la pression, s’écrase, et je sens mon souffle se faire rare, rauque, douloureux.
Je m’effondre.
En silence.

~~~~~~~

Elle se redresse d’un mouvement brusque en ouvrant les yeux, posant instinctivement ses mains sur sa gorge indemne. Un cauchemar. Juste un cauchemar. N’est-ce pas ?
Alors pourquoi cette douleur qui lui broie le crâne, le doute qui lui enserre le cœur ?
Pourquoi a-t-elle peur… ?
Elle se recouche, les joues inondées de larmes, se niche contre son compagnon.
En silence.

Spoiler (Afficher)
Sans intérêt, sans charme et sans prétention. En somme, je ne suis pas satisfaite pour deux sous de ce texte, mais ma foi.
Merci aux cités, merci aux autres, merci à ceux qui font vivre et avancer ma pantine.

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Émancipée
30 Avril 2015
1814√  19 10

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