EDC de Newt~2190

Les rafales sont violentes, la poussière de sable vient salir les filtres de son respirateur vétuste. Des grains rebondissent sur les verres de ses grosses binocles rondes tandis que d'autres se plantent entre les fibres de ses épais vêtements de toile grisée tel des centaines de dards. Deux tresses de jais virevoltent deçà delà au grès du souffle. Elle cavale à contre courant, en direction d'une baraque. Le vent manque de la renverser à plusieurs reprises malgré le gros sac à dos qui pèse sur ses hanches et épaules.
Pour sur, il ne fait pas bon traîner dehors par cette tempête. Deux tours de clef, un coup de pied et la porte rouillée s'ouvre en couinant. La petite créature s'engouffre en vitesse dans l'abris, refermant vivement derrière elle.

Adossée contre la porte elle reprend son souffle, arrachant son respirateur et desserrant avec hâte le chèche poussiéreux qui lui protégeait la gorge. A l'extérieur, le vent hurle sa colère, mêlant l'épais smog rouillé au sable fin de la plaine aride, rendant par la même l’atmosphère encore plus hostile qu'a l'accoutumée. L'unique fenêtre, à croisée, laisse pénétrer au travers de son verre crasseux une faible lueur rougeâtre qui éclaire sommairement la pièce.

La gamine relève sur le sommet de son crane ses lunettes protectrices, dévoilant, en surplomb de joues rougies et éraflées, deux mirettes sombres. L'air décidé elle avance et se décharge de son sac, qu'elle laisse tomber lourdement.
Elle s'accroupie par terre, défait avec hâte la fermeture du contenant pour en dévoiler les trésors qu'elle éparpille sur le sol bétonné du bâtiment. Une bouteille d'eau presque pleine, une torche, un marteau et divers cailloux plus ou moins gros.
"ouèèèhh!" s'écrie-t-elle d'un ton enjoué, se saisissant par la même de la lampe tout en choisissant d'un bref regard une des pierres. D'un revers de la main elle retire l’élue du lot, un morceau difforme de calcaire.
"papa!"
D'une pression de pouce l'enfant allume sa LED dirigeant le faisceau sur le minéral. Elle s’allonge ventre au plancher, le prenant du bout des doigts elle l'observe, le manipulant minutieusement durant plusieurs minutes, jusqu’à y coller le bout du nez.
"je t'aime papa" dit-elle d'une voix douce est sincère.
Apres ces mots, soudainement, comme prise d'une hargne folle, la fillette se redresse attrapant entre ses petites mains gantés le marteau qu'elle lève sèchement au dessus du cailloux abandonné sur le sol.
D'interminables secondes elle reste la, figée, nauséeuse, regard dur, puis... elle s'écroule, se recroquevillant sur elle même, dans un éclat de sanglots.