EDC de Neetuhl

Un mal de crâne m’a frappée en premier, suivi d’une envie irrépressible de rendre un repas jamais ingéré. Sans même l’avoir vécue, je reconnais les affres d’une gueule de bois. Au moins, sais-je déjà comment me soigner…

Puis, mon reflet s’est imposé à moi. Flou dans le métal poli du caisson d’où je venais, il s’est précisé au fil de mes gestes hésitants. Ai-je pris le temps de me contempler ? Oui.
Comme une nécessité, un besoin viscéral de comprendre ce que je suis.
Grande. Une silhouette toute en écaille, qu’une longue caudale prolonge en une courbe fluide.
Mes écailles, jaunes virant au vert, captent la lumière artificielle et miroitent sous son éclat blafard.
Des cheveux bruns en bataille encadrent mon visage, mais c’est la bifide qui glisse entre mes lèvres qui m’interpelle.
À peine sortie, elle capte les moindres variations de l’air ambiant, m’offrant des impressions nouvelles, presque instinctives.

J’effleure mon visage du bout des doigts, teste la rugosité de ma peau, la dureté de mon enveloppe. Tout cela devrait me sembler étranger. Mais au fond, une certitude s’impose : C’est ainsi que je devais être.

Les débuts n'ont pas été simples, mais me suis-je accrochée, voulais-je surtout être utile, trouver ma voie.

Éveillée en Orion, je ne suis qu’une silhouette de plus dans la masse des Nouveaux Arrivés. Un regard curieux, une volonté naissante, mais rien de plus qu’une toile vierge, bien que déjà décidée à ce qu'elle allait devenir...

J'me présente, je m'appelle Neetuhl,
J'voudrais bien devenir doc lourd et aider.
Être forte gagner d'l'agilité
Puis surtout être douée pour soigner
Mais pour tout ça il faudrait que j'martial plus souvent.

J'suis outri, je soigne qui j'peux et veux.
J'veux aller dans les ST sans tomber, ni pleurer !
J'veux tenir face à tous nos ennemis
Pour soigner, tous ceux qu'les impé f'raient saigner.

Et surtout à l'AM
J'veux qu'on monte mes UBA
Qu'un entraineur se pointe
Que les coups pleuvent sur moi
Que j'transpire que je sue
Que mes écailles d'viennent durent !

Les premiers jours sont rudes. Corps brisé, souffle court, muscles criant sous l’effort. Chaque entraînement semble un mur infranchissable, chaque exercice une mise à l’épreuve.
Mais il y a ces voix, celles qui guident plutôt que d’écraser, ces regards qui, sans jamais se montrer tendres, savent reconnaître les efforts qui sont fait. Certains me poussent à bout, d’autres savent rendre l’apprentissage moins austère, transformant la douleur en progression, la fatigue en fierté. Grâce à eux, je tiens bon.

Les premiers affrontements n’ont fait que renforcer ma conviction. Loin d’être effrayée, je comprends que ma place est ici, parmi ceux qui se battent pour quelque chose de plus grand, qui ne s'en laissent pas compter, qui mettent des idées autour de cette notion de liberté, qui la font vivre.
Je ne suis pas encore une experte, et peut-être ne le serai-je jamais vraiment.
Mais clone après clone, j’apprendrai, je m’adapterai. Parce que chaque cuve forge une meilleure version de moi.

Peu importe les épreuves à venir, je ne reculerai pas. Pour Orion. Pour ceux qui m’ont tendu la main.
Pour être utile, enfin. Là est ma place.