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EDC de Nayr~25414

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Jour 1 - Prémices

Aux oreilles, des sons raisonnent. La voix est pondérée, douce, d'une rythmique parfaite, une litanie dont les paroles changent. Mais... Elles semblent liées intrinsèquement pour former... Des phrases ?
Aux yeux, encore rien. La fine peau des paupières reste prudemment sur les prunelles. Pas que la lumière soit brutale, non. Juste que vous n'êtes pas sûr d'avoir envie de voir ce qui vous entoure. D'ailleurs, la sensation d'engourdissement de vos membres ne doit pas être étrangère à votre réticence...
Première pensée ? ... ... ...
Aouch.
Seconde pensée ? ... Non, sérieusement, qui a eu la mauvaise idée de m'implanter un percuteur dans le crâne ?
Sautons la troisième puisque, malheureusement, votre cervelle ne supportera pas la formation d'un autre sujet de pérégrination mentale.
Et, de nouveau -sûrement en contre-coup de l'effort fourni- ce sommeil sans rêve, égrotant, tout prêt à mourir au moindre trouble extérieur vient vous faucher. Les intonations fluides qui vous transpercent jouent les berceuses un peu inquiétantes tout autant qu'elles vous poussent vers l'éveil. Elles sont les pygmalions de votre funambulisme et vous... Vous dansez sur ce fil tendu entre la torpeur funeste et la troublante naissance.
Vous n'essayez même pas de sortir de cet équilibre précaire pour tenter de vous souvenir.
Ni de savoir.
Où vous êtes.
Qui, aussi.
Comment, également.
Les questions sont inutiles, de toutes façons. Vous le savez.
Ou, du moins, vous le saurez quand vous aurez émergé. Ce qui n'est pas pour tout de suite, on vous l'avoue...
Et si votre esprit ne s'agite guère, tout englué dans son maintien de la balance, vos membres ne font pas beaucoup mieux. Vous ne remuez pas un poil. Ce qui paraît logique :
Vous n'avez pas, de poils.
----
Les minutes, puis les heures, s’égrènent. Chaque grain, ridicule poussière d'infinité, vient alourdir le bilan et, comme fiévreux, le corps perclus de douleur en vient à s'agiter. Il suinte, perspire, humecte jusqu'à la couchette qui l’accueille pour créer cette sensation d'inconfort embué qui n'a pas son pareil pour te pourrir le repos.
L'équilibre de la for... Enfin, l'équilibre tout court, paraît s'être enfin rompu.
Tu as préféré la naissance à l'éternel repos.
On ne peut pas vraiment t'assurer que le choix était le meilleur mais une chose est sûre : c'était courageux. Ou d'une témérité frisant l'idiotie. À toi de voir.
Ton cheminement jusqu'à la sortie de stase post-cuve a été particulièrement long. Ils s'en doutaient, tu n'es pas vraiment du genre... "force de la nature". Mais, soyons francs, ça n'aurait pas été un souci si, au final, tu n'avais pas survécu à la cuve de maturation. Qui aurait été là pour plaindre ta perte, hum ?
Si tu as pensé "Personne", c'est que tu es sur la bonne voie.
Tes paupières s'écartent avec difficultés, elles paraissent légèrement soudées les unes aux autres, mais tu viens à bout des restants de déchets corporels qui jouaient les poseurs d’œillères.
À portée de ton regard, tout est plongé dans un flou artistique. Tu vois du blanc, cependant. Du blanc et une lumière diffuse qui ne semble émaner de nul part en particulier. Elle est là, c'est tout. Aucune source visible.
Un peu comme toi.
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Un peu comme moi... ?
Après les paupières vient le buste qui, douloureux dans chaque jeu des maigres muscles, parvient à se redresser. La nuque décharnée s'élève. Processus d'éveil : achevé.
Je ne connais rien des rouages qui m'ont menés jusqu'ici mais... Je m'en fous. Aucune importance. Tout ce que je veux, c'est sortir. Ne plus entendre les mots serinés de cette voix de miel qui me perce les tympans, ne plus sentir cette odeur de vide dans cette pièce immaculée... Sortir.

Le corps voudrait bien obéir au désir sans équivoque qui implose dans l'esprit, cette urgence des sens saturés de sensations muées en douleur sourde sans comprendre ce qui leur arrive. Oui, il voudrait bien. Mais il ne sait pas. Membres se meuvent de façon désordonnée, en désaccord les uns avec les autres, et la chute ne tarde pas à arriver. L'air de ses poumons se trouve brutalement éjecté quand la tranche de sa couchette rencontre -non moins brutalement- le diaphragme.
Sortir. Laissez moi sortir. Je veux juste m'en aller... S'il vous plaît...
Noir.

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Chroniques
07 Mai 2012
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