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Bestia Tenebrarum

La quatrième heptade sans lui débutait et elle en était toujours au même point, voire pire. Elle étouffait, chaque respiration lui coutait, chaque geste était un supplice. Se lever le matin lui demandait un effort considérable. Elle repoussait chaque jour ce qu'elle devait faire. Incapable de reprendre le cours de sa vie, comme si tout s'était arrêté le 2/359.1.
Chaque fois qu'elle fermait les yeux, elle le revoyait. Certaines situations lui étaient encore interdites tout comme certains lieux. Quelle idée d'aller au Plaza...là où ils s'étaient retrouvés. Qu'avait elle voulu prouver ?
La souffrance la dévorait. Les Ténèbres l'engloutissaient. On lui tendait la main mais elle repoussait tout lien. Elle s'isolait, se recroquevillait et parfois des sursauts de survie l'obligeaient à répondre à des messages en attente depuis des jours ou à affronter la vie.
Elle aurait tellement voulu faire sortir ce mal qui la faisait suffoquer. Mais rien ne sortait, toujours rien. On lui conseilla un suivi psy qu'elle entama. On lui disait de lâcher prise mais elle n'y parvenait pas...
Puis un soir, un tableau la bouleversa, faisant écho à son mal, représentant ses entrailles dévorées par cette bête immonde.
Une longue conversation qui s'en suivie et les jours suivants se révélèrent à elle sous un jour nouveau. Elle trouva un soutien insoupçonné, un écorché vif qui lui ouvrit des perspectives. Il lui proposa de coucher les mots, pour exorciser les maux. Ce qu'elle fit, prête à tout tenter pour ne plus souffrir.
Tapie dans l'ombre de ma douleur,
Blottie au creux de mes entrailles ardentes.
Telle une griffe immense et pénétrante,
la Bête est là, dévorante, sans peur.
D'un mouvement saccadé elle s'avance sans répit,
prenant racine en moi, m'interdisant de vivre.
Elle m'engloutit, me happe, me déchire et me tue,
se nourrissant des maux, bonheur interrompu.
Chaque geste est torture, duels intérieurs,
pour ne laisser sortir que d'horribles noirceurs,
impuissante et sans âme, je contemple la laideur,
de ce monstre vorace qui m'emplit de terreur.
Une envie de pleurer, de crier, de hurler,
laisser couler les larmes comme des perles de sang.
Cracher des mots sans fin, éructer le tourment,
fracasser cette armure, vouloir se relever.
La lutte est sans merci, la bataille inégale,
elle me laisse atterrée, le vide est sidéral.
Les nuits sont sans repos, l'atmosphère est fétide,
bavant toute sa rage, crachant sa haine putride.
Elle est là, qui rugit, va t'elle enfin surgir ?
Va t'elle s'arquer, bondir, me laisser respirer ?
Je suffoque et j'étouffe, ma gorge se déchire,
écumante de fureur, la Bête se courbe, voûtée,
enfin je vais revivre, elle va me libérer,
Bondir et s'exhumer, pour ne laisser derrière,
que les cendres et les traces d'une douleur consumée,
que les larmes et les cris viendront enfin faire taire.
Mais l'espoir est infime, la Bête est ténébreuse,
dans une noirceur ultime, elle se terre à nouveau.
Préférant sournoisement la lenteur insidieuse,
des entrailles rongées, réduites en lambeaux.

Informations sur l'article

Mayiine
29 Janvier 2024
258√  13 4

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◊ Commentaires

  • Estelle (72☆) Le 02 Février 2024
    smiley

    Sous le ciel sombre de votre douleur,
    Une Bête cruelle, vorace, demeure.
    Son ombre s'étend sur le jardin du cœur,
    Déchirant l'âme, semant la peur.

    Dans le labyrinthe de votre détresse,
    Où les maux s'entrelacent en tristesse,
    Je tends ma plume comme une caresse,
    Pour délivrer des mots en allégresse.

    Contre la Bête qui vous dévore sans répit,
    Je dessine des vers, une armure de défis.
    Que chaque mot soit une lueur d'infini,
    Pour conjurer la nuit, chasser les débris.

    Au creux de vos silences, des échos émergent,
    Des rivières de mots, des chants qui convergent.
    Laissez les larmes irriguer la terre des songes,
    Pour que l'espoir germe, que la paix s'allonge.

    Vous êtes la fleur dans l'ombre du chagrin,
    Éclose dans le jardin où l'amour ne s'éteint.
    La Bête, malgré sa fureur sans fin,
    Succombera à la force des jours qui reviennent.

    Dans la symphonie des épreuves endurées,
    Votre mélodie résiliente sera préservée.
    Sous le poids des peines, des cicatrices tracées,
    Se dessinera la douceur d'une aube apaisée.

    Rappelez-vous, vous êtes la flamme qui danse,
    Éclairant l'obscurité, bravant la démence.
    La Bête peut rugir, mais elle ne gagnera pas,
    Car en vous réside une force qui ne s'éteindra pas.
  • Mayiine (23☆) Le 06 Février 2024
    @ Estelle : merci pour ces très jolis vers en réponse ^^
  • Plax (174☆) Le 07 Février 2024
    Les deux sont magnifiques, merci à vous
  • Liouli (371☆) Le 14 Février 2024
    (* Bravo à vous, charmant échange de vers *)