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La brûlure de l'acide.

1/260.5
L’ordre était donnée : Réunion ce soir au Militarium pour aller déloger la saloperie.
J’arrivais en avance, soucieux de me rattraper de n’avoir pu être présent les soirs précédents, en plein entraînement du lieutenant réserviste et recrue du Militarium Magnus.
J’en bouillais, et plus encore en ayant apprit que le sas avait été menacé, que le sergent Shadows été porté disparu (que je connaissais peu mais dont j’avais achevé l’entraînement martial) et aussi, que le général Naugriim en personne avait perdu son bras à cette ‘chose’.
Mais ma rage était tempérée par un détail important : Il ne m’avait pas été long de commencer a croire d’après ce qui se disait que la substance laissée par la créature avait des propriétés acide très puissante...
C’est a partir de là que mon récit devient particulier.
Lorsqu’on demanda qui n’avait pas encore les accès sur l’espace matriciel où se trouvait les informations récoltées jusque là sur la créature, je levais la main en silence, étouffant mon interrogation quand a pourquoi les membres du Militarium n’y avaient pas été ajoutés d’office.
Les accès donnés, je lisait rapidement, un peu fiévreux de voir mes craintes se confirmés... Et c’était le cas. La créature sécrétait bel et bien un acide particulièrement puissant.
Pendant quelques instants, je restais debout les yeux fixés sur les lignes de l’EM, n’écoutant plus rien. Je fut incapable durant ces instants de garder mon impassibilité, la salle du sas se fit soudainement oppressante, le nombre et les armes bien peu rassurantes, tandis qu’une horrible sensation que j’étais reconnaissant de normalement peut sentir étreignit mon estomac, mon torse tout entier...
Cette sensation, c’était la peur. La terreur même, j’avais tellement peur que je craignais de m’enfuir en courant, tellement peur que je sentais mes boyaux se tordre, sur le point de me pisser dessus. Je n’avais jamais sentis une peur aussi forte m’étreindre de toute ma vie, du moins de ce que je m’en souvenais, depuis que je m’étais réveillé il y a deux ans et demi.
Le combat ne me faisait pas peur, même me faire surprendre dans les souterrains à trois contre au moins six ne m’avait pas fait assez peur pour me figer...
J’essayais de reprendre contenance, et je vis avez soulagement une place isolée se libérer au fond de la salle du sas, et j’allais m’y asseoir, rassemblant tout mes efforts pour ne pas paraître hésitant de pas et d’expression.
Puis, je levais mon bras droit en titane, dont la surface polie me renvoyait le reflet de mon visage d’un air accusateur.
Voila ce que m’avait laissé l’acide par le passé.
Bien sûr, je ne m’en souvenait pas... Pas totalement. Car certaines nuits, je me réveillais en sueur, un hurlement au bord des lèvres, et le souvenir délétère d’une brûlure atroce, une brûlure... Liquide. Une brûlure qui pénètre la peau, dévore la chair et ronge les os, mieux encore que le feu ne dévore le bois. Une brûlure qui marque l’esprit, qui fraye son chemin dans l’âme et impose le sceau de la folie, comme seule la douleur a l’état pure peut rendre fou furieux.
J’hésitais encore, je reprenais contrôle de moi-même, mais demander au général si je pouvais exceptionnellement me retirer semblait toujours une bonne idée...
Mais tout ce que je voyais alors que je regardais le général, c’était son bras manquant, le sas, le nombre toujours croissant de personnes qui réduisait mes chances d’être celui qui subirait la brûlure de l’acide, et l’EM toujours ouvert a mon poignet qui disait “peut se répliquer seule”.
Non. J’allais rester.
Mayiine prit place a côté, les yeux dans le vague, le moral écrasé par une absence.
Encore une fois, j’aurais aimé pouvoir trouver les mots, ces mots précis qui peuvent redresser un esprit qui s’appuyait sur un autre, au travers de ce lien magnifique auquel je ne croyais pas vraiment qu’étais l’amour. Mais je ne savais pas faire.
Je crois que la seule chose que je murmurais, c’était des mots maladroits, sans émotions, sur un sujet banal, pour changer.
En fait, je me jouais de moi-même, et en tant que soldat, il était facile de deviner ce que j’essayais de faire : Parler, blaguer, n’importe quoi mais communiquer, pour essayer d’étouffer ces vagues de peur qui refluaient avant de ressurgir.
J’entendis mon nom au milieu d’une demi-douzaine d’autres, et je me levais pour m’approcher du magister Ash, vérifiant que mon fusil plasma était chargé et mon tranchoir a fusion a portée de mains.
J’écoutais attentivement aussi. Apparemment, il était question de capturer la créature. A mon avis, c’était une erreur, il fallait la tuer, rapidement même si elle pouvait se répliquer, mais encore une fois, la peur parlait peut-être. De toute façon, je n’étais pas militaire pour discuter les ordres, et de toute façon, pas loin du Général, je pouvais entendre que l’avis divergent était déjà donné. Soit...
De nouveau, l’ordre est donné : Notre équipe y vas en premier.
J’avais étouffé la majeur partie de ma peur, en partie dans la confiance que j’accordais a mes co-équipiers. En d’autres circonstances, ça aurait été avec grand plaisir de combattre de nouveau avec Irista et Traceeliott, et je savais qu’avec Ash, Ellioth, Mayiine et Elenya, personne ne ferait défaut a personne.
Le sas passé, j’agrippe mon tranchoir dès le contact de mes semelles sur le sol visqueux des ST. Nouvelle vague de peur, rapidement refoulée alors que je prend position.
Les déplacements sont fluides, les ordres rapides, et précis. Nous progressons constamment en formation, scrutant chaque recoin, déployés pour couvrir les couloirs alors que chaque salle est fouillée.
Le silence est assourdissant lorsque nous nous arrêtons et que nous ne faisons plus aucun bruit la tension monte et redescend, a chaque zone dangereuse, a chaque potentiel embuscade, a chaque fois que nous nous engageons dans un espace restreints. La tension est encore plus forte alors que les rats brillent bel et bien par leur absence, terrifiés par la créature qui les surclasse.
J’en oublie ma peur, m’enivrant de la lente montée d’adrénaline. Pourtant, alors que nous nous arrêtons pour faire le point, alors que plus de bruits se fait entendre avec les autres équipes ayant rejoints la traque, je glisse a un arrêt dans une de nos conversations a voix basse ma demande singulière d’être achevé si je suis atteint par l’acide.
Ash écarte le sujet, en quelque sorte un “On verra en temps utile” je suppose. Il n’as pas tort.
Mais en mon for intérieur, je me fait la promesse que si je perd encore ne serait-ce qu’un doigt à l’acide, il faudra me désarmer pour m’empêcher la cuve. Même si je fait partie de ceux qui ne la prennent pas a la légère.
Une information : S10. Mais c’est pas clair. Quoi, S10 ?
Quelques minutes et une question plus tard, il apparaît que S10 est le point de ralliement, là où le piège vas se fermer. Sur la bête... Dit-on.
Une organisation se met en place, pour préparer la capture en règle de l’intrus.
Réflexion faite... Il est indéniable que si les lance-flammes sont interdits, l’idée de balancer des jets d’acide sur les rebelles et autres hérétiques grâce aux découvertes que la créature pourrait nous apporter est loin de me déplaire...
Il ne nous faut pas attendre longtemps. Un silence ce fait alors que de lourds bruits de frottements caractéristiques se font entendre : Quelques choses de gros se déplace, produisant un raclement de chitine sur de la pierre...
Ebahis, nous regardons le monstre émerger dans la salle, s’avançant très près, nous considérant sans peur. Elle mérite bien l’attribut de monstre par au moins une chose : Elle est monstrueusement laide, pratiquement dénuée de poils, ceux existant semblant durs comme de la paille, probablement urticants. Ses longues pattes aux doubles jointures prononcées, aussi évolués que des genoux, se terminent par de redoutables griffes en crochets, pas particulièrement longues mais particulièrement acérés.
Ses longues pattes supportent un corps sans forme particulière, un amas difforme de chair boursouflée couvert d’excroissances semblables a des pustules, zébré de muscles proéminents par l’absence de poils et une peau aussi flasque qu’elle est tendue sur les jambes.
Surgissant de cette amas, se trouve un cou musculeux et épais, hérissé de ces poils urticants, et se terminant par une tête, la partie la plus horrible de la créature : Elle n’as pas de visage, pas d’organes sensoriels visibles sur sa face, seulement un large trait aux contours vagues tant la chair autour est boursouflée plus qu’autre part, faisant office de bouche aux larges mâchoires laissant dégouté de longues gouttes de son infâme bave.
En la regardant, je suis pourtant prit d’une admiration devant ce résultat génétique qui requiert tant d’entre nous pour lui être un danger, une admiration égal a ma crainte. Sommes-nous vraiment suffisamment préparés ?
Les ordres fusent, la créature s’agite : Notre équipe se lance sur elle alors que les harponneurs lancent leurs projectiles.
La bête se lève de mon côté, et je suis saisit d’un instant d’hésitation, tranchoir en main, devant l’amas de chair vulnérable. Une seconde au bout de laquelle je réalise avec horreur... Que la bête ne se soulève pas pour se soustraire a nos coups. Mais pour attaquer de son poids et toute sa force... Moi.
Dans un mouvement désespéré, j’interrompt mon attaque et tente de me jeter en arrière, écartant les bras.
“Nnnnn !...”
Un mouvement flou tout près de mon visage, si près, si rapide que je sent mes cheveux se soulever malgré le casque par le déplacement d’air.
Durant un minuscule instant, le visage encore baissé, je vois une longue déchirure dans ma cuirasse en cristal, déchirée comme si elle n’avait été que du papier. De fines volutes de fumée se dégagent des bords de la déchirure dans ma cuirasse, et plus bas, de la déchirure dans mon torse. Pendant ce minuscule instant, se grave dans ma tête l’image d’un bord de la déchirure où se trouve neuf extrémités sectionnés blanches, un blanc ivoire parfait, mes côtes. Il y a également, plus petits le long d’une sorte de paroi gonflée, deux petits tuyau bleus d’où s’écoulent déjà des jets de sang.
Puis, d’un coup, la chair se remet a saigner, et la déchirure se remplit quasi-instantanément d’un magnifique liquide pourpre, avec une telle rapidité qu’on aurait cru que ce liquide avait toujours été là, tandis que les petites quantités d’acide se mettent a grésiller plus fort et les volutes de fumées se faire plus épaisses.
J’entend, ou plutôt sens un gargouillis lorsque mon cri, mort-né, se trouve a court d’air, tandis que tout les bruits s’étouffent, et que je chancelle, subjugué par une radiance incroyable. Comme une immense lumière brûlante, comme une explosion de douleur englobant tout, avec comme point d’origine mon poitrail droit. Je suis annihilé, a la fois étouffé et emporté par une sensation qui étouffe toutes les autres, et me vide... De tout.
Le temps que je tombe a terre, j’ai déjà perdu connaissance.

La bête fuit, et la commando Sincinnati traîne mon corps inanimé contre un mur, dessinant un nouveau graffiti au goût douteux sur le sol des ST.
Eaven et Cryx se précipitent pour établir un diagnostic, mais il est court : Il faut bouger, la créature a fuit, mais pour combien de temps ? La traque continue, mais il est évident que c’est aussi nous qui, isolés, sommes traqués.
Le chaos et l’incertitude font leur œuvre, et on me balade, d’abord porté en S11, puis en SC, et enfin vers le sas et un canapé du Militarium, tour a tour escortés voir porté par Eaven, Matt, Axl. J’y suis rafistolé par une Eaven acharnée malgré la laideur des blessures, enlevant d’abord la cuirasse avec peine et dans un horrible bruit de succion pour révéler une énorme croûte de sang s’étant formée entre elle et le torse, le sang s’y étant écoulé par les trous creusés par l’acide dans le bord inférieur de la plaie, plutôt que seulement par la déchirure a moitié cautérisé par les faibles traces d’acides des griffes.
Elle retire ensuite les éclats de cristal fondus puis refroidies dans le sang, magnifiques pierres en forme de larmes noires veinées de pourpre, avant de recoudre les veines pulmonaires.
Pas de remerciement pour la cuirasse enlevée permettant une respiration mieux que hachée et faible, pour le reste, ou de grognements de douleur : Le choc hémorragique et la douleur avait effacés la conscience du militaire malgré la stabilisation. A présent, il était guetté par l’embolie graisseuse de la moelle de ses côtes directement dans les poumons, et le simple arrêt cardiaque d’un corps pratiquement vidé au quart de son fluide.
Un dernier trajet, plus calme, escorté par Eaven et Magnus, porté par Matt et Mey sans pouvoir savourer le confort de ma tête contre les seins de cette dernière, porte le militaire vers un lit de l’hôpital impérial.
Des visites s’enchaînent, des interrogations, des examens. Et surtout l’incertitude propre au coma. Le silence est assourdissant aussi dans l’hôpital, bercée par des bips cardiaques toutes les un peu moins de trois secondes.
Un ancien implant s’active néanmoins, attentif là où tout le reste a sombrer...

Informations sur l'article

Un écho des profondeurs.
02 Novembre 2015
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