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EDC de Dimanche~67546

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Royal

king of this town
Dans son for intérieur, Dimanche s'était fait la réflexion que peut-être devrait-il s'appeler Dominique, parce qu'au fond, c'était plus logique. Il priait tous les dieux pour que personne n'en arrive à la même conclusion.
chapitre deux - l'impasse - mon royaume pour un deck rétro

En manches de chemise, Dimanche regardait l'horloge. Pas de doute possible: c'était l'heure du voyage initiatique. Dans l'air, il y avait comme quelque chose de presque pur, une illusion cristalline qui ne naissait que à l'aube ou au crépuscule, quand les gens trop braves ne dorment déjà plus et ceux pas assez ne dorment pas encore; ça sentait comme le commencement, si une chose aussi abstraite pouvait avoir une odeur, et Dimanche s'en emplissait les poumons. Il se sentait gaillard, grand garçon qui a encore tout à apprendre; dans le miroir, il se souriait, plutôt séduit par son propre sourire plein de dents. Il avait un jeans lev, une chemise bleue, des yeux marrons, des baskets bleues, des cheveux jaunes, un parapactum bleu, et plein de charme, il en était certain - d'ailleurs, seulement une fois avait-il reçu une réponse négative à sa question. Ça s'était passé un peu comme ça: il s'était approché, dans son nouveau costume de stagiaire, dans son nouveau bar, dans son nouveau milieu social, avec la consommation de la fille la plus bizarre du boui-boui au bout du bras (un alcool puant dans un verre au cul carré), et l'avait posé sur le zinc un peu moite. Les mains de Dimanche, elles l'étaient un peu aussi, moites, et puis l'air sentait un peu trop la cigarette bon marché, mais il était là pour ça: apprendre et découvrir, la vie et tout ce Brave New World*, surtout s'il était différent du sien. A voix basse, il avait déclamé un monologue répété quelquefois déjà, à d'autres élus aux auras alléchantes et aux allures étonnantes.
"Je dois apprendre la vie, oh madame, oh monseigneur, vous qui avez tant vécu, oh, qu'avez vous à m'apprendre, oh, innondez-moi de votre sagesse, emmenez moi et faites de moi ce que vous-voulez, apprenez moi ce que vous auriez voulu savoir, à mon age, quand vous aviez encor vos dents de lait comme moi je les ai, embarquez moi pour une aventure, ou même faites ce qu'il vous plaît, juste, faites moi vivre quelque chose de nouveau, car la vie, c'est la nouveauté, le frisson, c'est se bouger le fion!" qu'il leur disait, le style un peu moins fleuri peut-être mais l'enthousiasme au moins aussi grand, et il en avait vécu quelques unes, d'aventures, de leçons, mangé un steak cru pour le recracher dans ses mains en coupe, appris a voir derrière l'image et derrière l'individu, compris qu'il fallait fuir l'amour et la boisson et suivre son propre chemin; surtout, il avait vu des drôles de têtes, défoncées au marteau ou au speed. Sauf ce soir là. La momie avait levé les yeux pour les planter dans les siens. "Non." Elle avait articulé l'impensable. C'était très dommage, s'était-il dit, alors il avait avalé sa salive qui s'accumulait dans le fond de sa gorge, plié bagage et il était retourné derrière son zinc, tout piteux. L'échec, la déception et le refus rencontraient Dimanche et lui serraient la main, très doucement; il en avait déjà mal au poignet. Celle qui lui refusa la leçon lui apprit d'avantage encore: c'était le début de son voyage initiatique, celui qu'il y a dans toutes les bonnes sagas.
C'était vendredi. La journée était morose, mais Dimanche avait son Parapactum, et il aimait le crépitement de la pluie sur son habitacle; il aimait la silhouette trouble des tours dans le smog, et il aimait les néons aux halos vacillants, qui animaient de couleurs vives les volutes du smog; aujourd'hui, c'était vendredi, et Dimanche avait bien travaillé: un, deux, trois puis quatre salaires venaient de tomber dans sa poche. Aujourd'hui, Dimanche allait aux emplettes. Vous savez quoi? Se disait Dimanche, devant un public imaginaire, son fan-club qui n'existait que dans sa tête. Vous savez quoi? On ne m'arrêtera plus, les copains. N'essayez même pas. Aujourd'hui, c'est le premier jour du reste de vos vies; préparez-vous; aujourd'hui, dans mes oreilles se nichent une paire d'écouteurs, sur mes genoux repose un deck rétro; aujourd'hui, ma vie d'Artiste prend son premier grand pas pour l'Humanité. Tremblez, mortels, tremblez, car bientôt,
je serai le roi de la ville.


*NDLR: en anglais dans le texte

Informations sur l'article

Dimanche
04 Août 2017
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◊ Commentaires

  • Dimanche~67546 (374☆) Le 04 Août 2017
    Merci de ne pas utiliser les informations contenues dans cet article en roleplay. Merci aussi de me suivre pour le chapitre deux. Si vous voulez savoir, j'aime mieux celui-ci que le précédent. PS: N'hésitez pas à cliquer sur le bouffon pour un thème alternatif.


    Crédits image: Le bouffon au luth, Frans HALS

  • Ornis~72413 (71☆) Le 02 Décembre 2020
    Bim ! Ça sort ses références ! Aldous Huxley et Étienne Daho, comme ça, d'entrée de jeu ! C'est cool. Et Dimanche me rappelle toujours autant quelqu'un, ce qui fait que je l'affectionne.