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EDC de Cixi~44765

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Fauve

Je suis là… à côté de cette famille que je ne reconnais pas. Là. Recroquevillée au sol, à fixer le pied d’un de ces sofas design. J’aimerai ne penser à rien. Chasser ce grand vide qui m’aspire. Ce manque qui m’engloutit. Mais les souvenirs m’assaillent. Les mots s’entrechoquent dans ma tête. Ils glissent les uns sur les autres, s’entremêlent, harcèlent ma gorge déjà nouée par un barbelé qui se resserre à chaque sanglot.

Une famille… Tous réunis dans la douleur. L’amertume chasse le cynisme à coup de bottes à piques.
Un beau-père ? Des projets. Un avenir… J’en sais rien. C’est tellement confus dans ma tête… Partager. Une chambre dans un appart qu’elle ne côtoie déjà plus. Je n’avais pas vu le coup venir. Elle semble heureuse. C’est le principal non ? Ne pas céder. Lui laisser du temps. Pour lui. Pour elle. Pour eux. A chaque fois que mon com’ vibre, j’espère lire son nom sur l’écran…
Un demi-frère ? J’ai mes raisons. Lui les siennes. Juste l’instinct. Il m’a toujours guidé. Un cafey que je ne boirai pas. Je sais… tres bien pourquoi j’agis comme ça. Il serait temps de grandir…
Une belle sœur ? Rester soudés... Aller voir Clap. Le revoir… Une amie ? Une DI ? Les choses évoluent trop vite. Plus vite que moi.
Un grand-père ? Il ne m’a même pas appelé depuis que… depuis… qu’elle n’est plus.

Varta…
Une silhouette fauve. Une touche de feu sur un canapé cyan. Distante. Prendre une douche. Traverser la salle commune. Juste un regard. Et toujours cette envie. Depuis la première fois. Toujours cette pulsion… Fouler le centre. En long en large. Un coup d’œil. Espérer un signe. Un prétexte pour s’approcher. Un pas. Un autre. Demi-tour. L’eau caresse ma peau, couve d’une main humide les tatouages imprimés sur mes flancs. Un frisson. Une pensée… Une routine. Couler son regard sur la bibliothèque, effleurer les tranches, distraite. Juste un coup d’œil, furtif. Un regard vers la rousse. Toujours à la même place. Calculer ses passages. Calquer ses pas sur un désir. Glisser mes prunelles électriques sur les traits fins de son visage. S’attarder sur les mèches auburn qui narguent la « queue d’écureuil », rebelles. Soupire. La cabine se referme derrière moi, le jet brulant masse les muscles braillards. Premier entrainement. Maladroit. Nouveau soupire. Lèvres pincées. Fredonnement… Fauteuil vide. Angoisse. Mes pas se pressent. Mes doigts hésitent, touche le tissu. Froid. M’asseoir. Juste quelques secondes. Tourner un regard fiévreux vers la porte. Espérer. Une silhouette frêle. Une ombre malingre. Angoisse. Et si elle me trouve là. A sa place. Les paumes pressent la paroi moite de vapeur d’eau. Ruissellement entre mes omoplates, cascade sur ma croupe. Jeu stérile. Timidité maladive... Les portes du centre s’effacent devant moi. Mes pas me guident instinctivement vers la cuisine. Porte qui claque. Capsule qui saute. Langue qui claque. Je m’avance vers la salle commune. Elle est là. La femme de feu. Un regard croisé m’arrache de ma bulle. Les bulles du gobli m’arrachent la langue. Muette. J’en manque presque de lâcher la bouteille en verre. Respirer. Se jeter à l’eau. Pas de cabine cette fois. Un « salve » presque inaudible. Un sourire. Le sien. Mes prunelles pétillantes s’aventurent le long de ses clavicules saillantes. Remontent le long de sa gorge. Soulignent sa mâchoire gracile. Je me tente à m’asseoir en face. Quelques mots échangés. Le courant passe. Fatigue latente. Dernier sourire. Nuit agitée… La sueur s’efface sous le rideau d’eau. Coude qui heurte la paroi. Une fois. Fredonnement. Deux fois. Rire. C’est elle. La cabine s’ouvre. Elle est là. Mes cheveux s’agitent sous sa serviette. Je l’observe, interdite. Elle sent bon. Nouveau sourire. J’aime bien la voir sourire. L’autre serviette tombe. Regard gêné…
Mon regard décroche des données abrutissantes de la cuve n°2. Elle est là. Regard inquiet. Rassuré. Il est là, dans son ombre. C’est lui qui l’a fait entrer ici. Elle m’enlace. Battements de cœurs. Mélodie binaire. Elle semble plus heureuse…Elle fait des efforts. Je le vois. Le sandwich à peine entamé glisse sur le comptoir. Mes mots s’étranglent. Sourire furtif. Un glukoz. Un skiwi. Mes questions l’amusent. J’évite de poser les bonnes. Bonnes pour qui ? Elle m’invite. Une surprise…Le pull a disparu. Je l’aimais bien ce pull. Métamorphose ? Pour qui ? Nouveau toit. Nouveau chez moi. Un merci me semble si banal. Un refuge. Une planque. L’autre. Plus fonctionnel. Moins intime. Regards croisés. Pensées fébriles. Elle m’enveloppe. Les doutes s’effacent. Mes doigts s’enroulent dans ses mèches fauves. Paupières lourdes. Léger murmure. Je sombre… Le temps passe. Il n’était pas qu’une ombre. Il est Elle. Elle est Lui… Faire avec. Ca ne change rien à notre relation. On se voit juste… moins souvent. Ma puce. Ma belle. Glisser mes doigts dans ses cheveux. Nicher ma tête dans le creux de son épaule. Ecouter son cœur qui bat. M’attacher...

Poser mes prunelles éteintes sur un cadavre. Ce n’est pas le premier. Mais la curiosité n’est pas là cette fois. Elle semble si… sereine.
Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta… Varta…
Je ne sais pas depuis combien de cycles je débite son prénom, mouvements autistiques. Je suis là… à côté de cette famille que je ne reconnais pas. Là. Recroquevillée au sol, à fixer le pied d’un de ces sofas design. J’aimerai ne penser à rien. Chasser ce grand vide qui m’aspire. Ce manque qui m’engloutit. Mais une chose est sûre. Je suis sa fille. Je suis sa fille et elle est morte. Et moi qui n’ai jamais pu lui dire Maman…

Informations sur l'article

[Tribulation d'une androïde]
21 Décembre 2013
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◊ Commentaires

  • Amar (211☆) Le 21 Décembre 2013
    * désolé encore du mal à trouver des mots.
  • Joyce (136☆) Le 21 Décembre 2013
    * J'aime bien..
  • L-X~19531 (1540☆) Le 21 Décembre 2013
    Bel hommage.
  • Electron~41435 (156☆) Le 21 Décembre 2013
    * Superbe, merci pour elle.
  • Astaa~40027 (268☆) Le 21 Décembre 2013
    Un peu aphone du clavier moi aussi sur le sujet mais ça viendra.
    En attendant mon avis sur le sujet en image.

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  • Astaa~40027 (268☆) Le 21 Décembre 2013
    Un peu aphone du clavier moi aussi sur le sujet mais ça viendra.
    En attendant mon humble avis sur ce bel article, en image.

    Spoiler (Afficher)
  • Yankee (64☆) Le 22 Décembre 2013
    Tu m'as touché, pas qu'un peu smiley