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EDC de Aëlissya

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Les spectres du puzzle

À lire en conservant la barre sur le coté.
Article hrp, infos non-exploitable en jeu.
Bonne lecture !

¤ L'agri s'abat et éclate le puzzle. ¤
¤ Les pièces disloquées se dispersent... ¤
¤ ... en une nuée indistincte et éphémère. ¤
¤ Jusqu'à s'effacer... ¤

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

¤ La structure vitale est rétablie mais des pièces sont manquantes... ¤

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~


Tu franchis le seuil de la maison pour la première fois depuis des années.
Ta maison.
Tu le sais, pourtant elle t'est inconnue.
Ton
chez toi est ailleurs. Pourtant, il y manque quelque chose...
C'est ici que cela s'est produit.
Ton palpitant s'emballe et ta peur tente de freiner ta route.

"Je reste près de toi..."
Tu n'es pas seule.
Tu écoutes ton coeur et arpente le corridor en quête de ton passé.


"En position !"

Le propriétaire de la voix grave et énergique vole un baiser à sa compagne. Il se poste ensuite face au porte-manteau du vestibule à l'allure singulière. Enveloppé d'une couverture sanglée de ceintures, le mannequin de fortune est prêt à encaisser les coups. Conformément au signal, l'elfe se place dans le dos du nain. Sa préparation physique et psychologique se termine d'une grande inspiration.

L'entraîneur démarre, décroche un premier coup de poing en direction de la cible inerte, lentement, puis un autre, puis un coup de pied. L'enchaînement se poursuit. Derrière lui, son élève l'imite, s'imprègne de son rythme. Une fois synchronisée, elle se détache de son modèle, se décale à son flanc.
Ses émeraudes visent un point du bras en mouvement, que son doigt tente d'atteindre, tel une seringue.

La maneouvre se réitère.
La cadence s'accélère.
Les premiers pas de la danse de la survie se succèdent.

Tu traverses les danseurs immatériels et invisibles pour toucher la couverture protectrice du bout des doigts.
Depuis toutes ces années, tu croyais le mannequin
chez toi.
Tu te remémores le flash qui t'est apparu quelques semaines plus tôt. Ce vestibule est fidèle aux images que tu as entrevu. C'était donc bien un souvenir.


¤ Une première pièce a été retrouvée... ¤

"Notre ancien appartement... Notre maison... Ils tiennent tous les deux rien que dans cette pièce !
- Ah ? Tu crois ?"


Depuis les bras de son fiancé, la jeune femme observe, ébahie, l'espace qui les entoure. Sous le choc cadeau dont il l'honore, elle parle tout bas.

"C'est démentiel...
- C'est chez nous !
- Chez... Nous... Répète-t-elle, réalisant à peine. Chez... Nous !"


Un large sourire transcende sa stupéfaction et communique sa joie.

"Chez nous !"


L'écho de sa voix résonne à travers la somptueuse demeure encore dépourvue de mobilier. Elle s'en amuse en proliférant un nouveau "Chez nous !" du côté du couloir. Le nain se prête au jeu en faisant puissamment vibrer ses cordes vocales.

"Chez nous !"

Sa douce rit. Elle quitte les bras de son fiancé pour se rapprocher du couloir d'où l'écho revient. Prenant une grande inspiration, l'elfe se penche en avant pour surenchérir.

"C'est ça ! Vous entendez ? C'est chez nous ! C'est ici qu'on va vivre, rire, pleurer et s'aimer !"

La hurleuse reprend son souffle. Durant ce court laps de temps, l'on n'entend plus que le rire de son partenaire qui se délecte du spectacle.

"Surtout s'aimer ! Et ce pour l'éternité !"

L'écho de tes pas insulte le silence pesant de la chambre, fait vaciller puis disparaître l'image du passé.
Tu t'arrêtes au milieu de la pièce, en admire la grandeur, détaille chaque élément.
Cette maison est magnifique...
Mais ces murs ne t'évoquent aucun souvenir. Tu ne t'y sens pas
chez toi.
Tu arrêtes ton regard sur le lit.


"Détache-moi !"

De larges bandes de tissu lient au châssis du lit ses pieds et ses mains. Le corps elfique présente un teint anormalement pâle ainsi que des yeux rougis et creusés. Sa nudité et ses tremblements sont masqués par une couverture humidifiée par la sueur. L'immobilisée tire agressivement sur ses entraves.

Son gardien se tient à ses côtés. L'épuisement et la tourmente se lisent sur ses traits. Tiraillé mais persévérant, il tente de lui éponger le visage à l'aide d'un drap déchiré. En réponse, sa protégée se débat pour refuser ce geste bienveillant.


"Ce sera bientôt fini... J'en suis certain...
- Laisse-moi partir ! Ordonne-t-elle, mi-suppliante, mi-autoritaire.
- Je te protège de toi-même... J'espère que tu le comprends..."


Son interlocutrice ne montre aucune réceptivité. Elle reste focalisée sur ses supplications, sur ses gestes brusques et désordonnés.

"Libère-moi !"

Tu te désintéresses de ce lit qui te paraît quelconque et sans âme. Ton attention est plutôt captivée par les livres de la bibliothèque. Tu en saisis un au hasard et passe la main sur sa couverture poussiéreuse. Ce sont bien ceux que tu cherchais chez toi depuis tout ce temps. Ils étaient donc là...

¤ Certaines pièces, égarées, attendent d'être retrouvées... ¤

Il faut peu de temps à la cabine de douche flambant neuve pour se retrouver emplie d'une buée chaude et opaque. En coule bientôt une mélodie fluide et harmonieuse. Fredonnées d'une voix douce et enjouée, les notes sont aussi belles que l'humeur de leur chanteuse. La porte s'ouvre en libérant un nuage de vapeur qui, en se dissipant, dévoile les formes gracieuses de l'être qui occupait l'installation.

Alors qu'elle se sèche, l'elfette croise son regard dans le miroir. La gêne lui fait détourner les yeux. Puis elle ose relever le regard vers son reflet. Elle s'observe pensivement et décroche même un petit sourire.

Elle monte ensuite sur le pèse-personne et prend connaissance du résultat qui s'y affiche. Depuis un échange récent sur les naissances naturelles, elle nourrit secrètement l'espoir de voir ce chiffre augmenter. De toute évidence, ce n'est pas pour cette fois... Malgré tout, elle continue de rêver à d'improbables futurs.

"Où est passée la salle de bain ?!"
Voilà ce que tu t'étais demandée en découvrant
chez toi la pièce dénudée des éléments qui auraient dû la composer.
Tu comprends, maintenant. Elle s'était en réalité toujours trouvée ici. Tu passes en revue chacun des éléments comme s'ils étaient des photos familières collées sur une page vierge et sans histoire.


¤ Fragments d'imaginaire comme de réalité, mélangés... ¤
¤ ... cherchent à retrouver leur emplacement originel... ¤

Tu fais demi-tour pour poursuivre la piste de tes souvenirs fugueurs.

"Maintenant tu peux décider de la prochaine destination... Et de toutes les suivantes."

Maître nain, sur son Celeris perché, congratule tranquillement son apprentie. La demoiselle, en équilibre douteux sur son overboard, lui rend un sourire tendre et reconnaissant.

"Si tu arrives à la chambre avant moi, tu auras droit à un énorme bisou..."

Sans même attendre de réponse, elle se penche en avant, donnant ainsi l'impulsion de démarrage à l'engin de déplacement flottant. Son professeur, surpris, se lance à sa poursuite. L'elfe gagne en vitesse et en assurance au fil de sa progression. Le couloir traversant leur demeure défile sous les appareils de transport.
Mais alors que l'issue de la course se présentait favorable pour la lanceuse de défi, celle-ci perd toute son aplomb à l'approche d'un virage mal calculé. L'overboard vacille. La collision est inévitable.

À l'impact de son présent, le passé s'estompe en un souffle léger et vaporeux qui effleure ta peau, impalpable. Tu remontes le couloir, explores jusqu'à la dernière pièce.

¤ La pièce ultime. ¤
¤ Scellée dans la strate la plus profonde des ruines de l'esprit. ¤
¤ Le point d'impact. ¤

Un appareil retient ton attention. Il te semble familier...
Tu plisses les yeux, t'en approche lentement.
Sans t'en apercevoir, tu entres dans la faille.

"C'est là que nous..."
Tu te retournes vers la voix rassurante.
Cet angle de vue...


¤ Le sceau cède. ¤

La scène se matérialise brutalement devant tes yeux.

¤ Les pièces s'animent. ¤
¤ Tourbillonnent. Se remboîtent. ¤
¤ Indomptables. Fulgurantes. ¤
¤ Un chaos spectaculaire. ¤

Vous étiez vulnérables...

Des silhouettes menaçantes surgissent...

Une terreur paralysante
jaillit du fond de tes entrailles.

"En position !"

"Maintenant tu peux décider
de la prochaine destination..."

"Mon ange !"

L'immobilisée tire
agressivement sur ses entraves.

Tes lèvres remuent sans
réussir à formuler de mots.

"Tout va bien, nous sommes seuls."

L'elfe bouscule le nain.

L'overboard vacille.

Tu croises ton regard dans le miroir.
La gêne te fait détourner les yeux.

"Chez nous !"

"Je l'avais pas ce scalp-là en plus !"

Tes larmes se mettent
à couler abondamment.

"Ce sera bientôt fini...
J'en suis certain..."

Libère-moi !

L'agri s'abat...


Tes poumons se gonflent d'un air qui te semble chargé d'une odeur ferreuse.
Les violentes émotions ont brisé leurs chaînes, agressent jusqu'à la moindre de tes cellules.

Tu te souviens...
Maintenant, tu en as conscience...
Tu es chez toi.

Informations sur l'article

Bribes de vie
05 Décembre 2020
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◊ Commentaires

  • Léonie (327☆) Le 05 Décembre 2020
    Une elfe discrète et bienveillante qu'il est plaisant de découvrir sous un nouvel angle. ⭐
  • Lenba (6☆) Le 05 Décembre 2020
    Souvenirs souvenirs... Nétoile !