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Le regard, miroir de l’âme

Ambiance

Sur le toit d’un immeuble miteux des bas quartiers, la lueur verte d’un regard scrute au loin les gigantesques immeubles d’aciers baignés dans la lumière jaunâtre qui perce à travers le brouillard omniprésent. Ce même regard qui, quelques jours auparavant, s’écarquillaient de terreur à l’éveil dans une chambre impersonnelle.

D’où venait cette sensation étrange de vide, alors qu’il arpentait pour la première fois les rues de cette cité, écrasé par l’architecture colossale qui l’entourait. D’où venait cette sensation de détresse intérieure, souvenir d’un passé floue… ou peut être inexistant. Mais surtout, qu’en était-il de cette repugnance pour lui-même, pour ce corps hérissé de poil qui était le sien, ce corps et ce visage qu’il ne reconnaissait pas et qui l’avait fait hurler à son premier contact avec un miroir…

Tant de questions sans réponses, amplifiant un mal-être persistant et douloureux devant le spectacle d’une ville immonde, intolérable, violente. N’avait-il pas été programmé comme les autres pour aimer vivre dans ce dépotoir décadent ? Était-il le seul à se rendre compte de l’ironie d’une éternité de morts atroces et de résurrection ? De souffrances accumulées . Un anonyme, au milieu d'une foule d'anonymes.

Elle semblait voir la chose différemment. Elle, c'était ce kob’ qu’il avait rencontrée alors qu’il travaillait à l’usine pour gagner sa pitance. Son nom ? Ariane, première représentante de sa race jamais rencontrée. Lorsqu’il la voyait pour la première fois, il fut envahi d’un sentiment étrange, soulagement de ne pas être seul ? Ou peut-être éveillait elle en lui quelque chose de plus profond. Il la pensait d’abord comme lui, dans toute sa détresse et son incomprehension, elle était en fait son exact opposé. Candide, spontanée, elle semblait déborder d’un sentiment dont il était totalement dépourvu : l’espoir. Pourquoi l’avait-il touchée… Pourquoi sentait-il ce lien étrange avec elle ? Il ne le comprenait pas encore tout à fait lui-même mais quelque chose en lui disait qu’elle aurait les réponses aux maux qui le rongent jour après jour.

Le regard vert se tourna vers la vitre de l’immeuble d’en face, contemplant l’image absurde d’un rat affalé contre un pan de mur. Puis le regard se fixa sur les yeux, car les yeux ne mentent jamais. Pendant un instant il crut avoir un souvenir… Mais non… Rien… Dans cette cité de cauchemard, personne n’a de passé.

◊ Commentaires

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  Caïn~69236 (23☆) Le 26 Juillet 2018
  Belle plume !