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Anamorphose (Non référencé) 

5/322.1,Quelque part en Secteur Marran,
***
...... un insoutenable suspense entretenu par une sublime,
...... une insoutenable attente pour le prétendant au titre,
Le tout finit par être rompu par des applaudissements incessants.
***
Après de longs cyclo-minutes,
Elle, drapée d'une somptueuse robe immaculée épousant ses courbes harmonieuses, se décide enfin à entrer en scène.
Posture droite, gestes lascifs et mimés à la perfection, le pli dans lequelle se trouve le nom de l'élu est décacheté par de fins doigts et ce, très lentement, tandis que le regard bleu acier parcourt le gouffre s'ouvrant progressivement devant elle.
Eblouissante de noirceur et d'une voix monocorde, elle cite quelques lignes osées, déversées et affichées et, dans un souffle rapide, les mots sortent de son pulpeux écrin :
" — L'artiste de l’année est ... pour son rôle dans l'inconditionnel misanthrope ! "
Le suspense vole alors en éclats dans la grande salle de sa vie, transformée le temps d’un soir en temple de miséricorde.
Qui aurait pu le croire ?
Certainement pas lui, certainement pas elle.
Lui, se montre défaillant.
Vrai que toute cette éruption d’émotions pourrait très vite lui fait perdre l’équilibre entrainé par un étourdissement naissant.
Mais, comme aucun courage ne s'habille de tristesse, il se dirige vers la scène sous un tonnerre d’applaudissements, la démarche assurée, une main épaisse se perdant dans sa chevelure pour former d'onduleux sillages.
Elle aurait très bien pu courir vers lui pour l'embrasser avec passion mais non, au lieu de celà, elle se contentera de lui tendre ce magnifique trophée en lui adressant quelques mots.
" — Bravo! Tu as réussi ! Regarde ! Tu es devenu en un peu plus de huit mois, sa perfection ! "
Pleurer ? Possiblement, il est enfin arrivé sur la dernière marche.
Son possible orgueil en désirera certainement encore davantage, jamais rassasié, toujours en demande d'indéfinissable, l'avenir le dira !
C'est alors qu'il rapproche ses lèvres du micro pour remercier son public, un silence oppressant l'enlaçant.
Il ouvre la bouche mais aucun son ne parvient à filtrer. Une simple sonorité inaudible s'installe laissant place à une forme de panique.
Le public, si transparent, pense à un numéro d’acteur et se lance dans un éclat de rire détonnant.
Le Lauréat tente, pourtant, de maîtriser cette angoisse naissante, toujours incapable de n’émettre autre chose que ce timbre terrible et strident.
Il se tourne, alors, vers elle pour se donner le courage de vaincre ce trouble mais elle a disparu.
Des larmes coulent sur ses joues.
Discrètes au début, abondantes ensuite, elles le plongent dans un abîme vertigineux.
Les rires ont cessé,
L'ambiance s'est apaisée,
Il se retrouve seul.

Spectatrice à nouveau,
L'ambiance demeure pesante,
Elle se retrouve seule.
Ils n’ont jamais autant ressemblé au rien de ceux peuplant ce monde insensé.
De leur amour, il ne reste plus que des pierres, pierres entassées les unes sur les autres.
" — Je te l’avais dit ! C'est arrivé ! "
Ces pierres se soulèvent, se mouvent en une danse macabre pour finir par se tasser tout autour d'eux parvenant à les séparer.
Ils ne se batteront pas. Lui s'enfermera dans sa bulle et Elle économisera son dernier souffle pour prier.
***
Le réveil sonne bruyamment, la sortant dans un sursaut de son étau nuiteux.
La silhouette féminine se ramasse péniblement attirant la couette contre elle, épuisé par le sentiment amer d'un long simulacre nocturne cuisant.
Tenter de masquer les apparences,
Se montrer heureuse et apaisée de s'être au moins éveillée malgré tout, mais se souvenir d'une évidence : “Un amour excessif est un amour coupable.”
La production les remercie conjointement pour cette soirée mémorable et riche en émotions.
Il sera resté fidèle à lui même et, pour cause,
Elle n'aura pas su rester agréable et intéressante et, à raison.

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06 Décembre 2020
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