EDC de 60467

Fumer tue ? ♫
Je l'observe, là, allongée, son allure sereine, son port de reine, les traits un peu tirés, mais à peine, et puis ça lui va bien, tout lui va bien, au saut du lit elle est belle, quand elle a bu elle est belle, malheureuse elle est belle, tout lui va bien, la fatigue et l'amour, l'exultation et la langueur, cette femme est un miracle.
Je reste planté là, devant elle, pas consciente que je l'observe, depuis plusieurs heures déjà.
J'ai besoin de toi, ce soir, et demain soir, j'aurais aimer que tu sois là.
J'ai dis tant pis, je me débrouillerais, et je me suis débrouillé.
Sobre ou classe ? Qu'est-ce que je préfère. Je ne préférais rien, alors j'ai juste pris mon beau costume.

Je suis mortifié, mortifié à l'idée de devoir leur faire face. Mortifié à l'idée que l'on m'ouvre.
Elle m'agace, oui, elle, allongée devant mes yeux, sereine et paisible.
Elle m'agace de s'être glissée dans ma vie comme dans un vêtement chaud.
Elle a tout chamboulé, mes habitudes, mon mode de vie, mon estime.
J'avais mes petites habitudes, descendre la rue, toujours du même côté, arriver à la porte de cet immeuble, m'aider de l'épaule pour pousser la porte de mon apartement un peu bloquée,
retirer mes bottes en secouant les pieds pour les envoyés au pied du canapé, retirer mon costume, le plier, soigneusement, et le poser sur la commode du salon, me jeter sur le canapé, soupirer, ouvrir le Lyria, et reprendre le travail, lignes de commandes après lignes de commandes, jusqu'à l'épuisement.

Aujourd'hui c'est différent, arrêter de penser, oui, mais je me pose des questions.
Réfléchir et douter ou se laisser vivre en espérant ne jamais se réveiller.
J'ai envie de me blottir dans ses bras, entendre sa voix à mon oreille. Non.
Qu'elle arrête d'en faire, pour moi. Je pose mes doigts sur ses tempes, là ou le sang bat plus fort, j'écoute, je ressens les battements de son coeur sous mes doigts, je suis apaisé.
Qu'est-ce que je peux bien faire en retour, rien, c'est, nul, nul, je ne suis pas assez bien, comme une chenille recalée à l'examen papillon.
Je me dis que la vie est un brouillon. Chaque histoire un brouillon de la prochaine, on rature, on rature, et quand c'est à peu près propre, c'est fini, on a plus qu'à partir, et c'est pour ça que la vie est longue.

Fumer tue ? Ouais, vivre aussi.