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In principio erat Verbum

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J'ai ôté ma tunique, comment la remettre? J'ai lavé mes pieds, comment les salirais-je ? Mon bien-aimé a passé la main par le trou de la serrure, et mes entrailles se sont émues sur lui.

Cantique des cantiques, Chapitre 5 - 4, 5

Dans un élan soudain, nos mains agirent, nos bouches agirent, nos souffles agirent, nos corps agirent. Cette longue seconde d’égarement, cette étincelle qui mit le feu aux poudres, nous l’avions vue venir, elle dans mes yeux, moi dans les siens. C’était si fort… comment résister ? C’était si frustrant… pourquoi résister ? Ses lèvres me rendaient fou, mon esprit divaguait. Ma langue épelait si bien les mots qu’elle attendait qu’ils la faisaient vibrer sous mes yeux. Nous avions un contrat, un engagement. Nous l’avons fait volé en éclat, pris à notre propre jeu. Nous ne devions qu’en parler ! Mais....

Elle a posé sur mon cou son souffle chaud et j’ai cru défaillir. Ma simili-peau l’a dit à ma colonne vertébrale et, avant même que j’aie pu donné les ordres de bataille, mon corps se lançait vers ses propres frontières, montant aux créneaux des murailles charnelles que mon cou assiégé opposait encore aux assauts de sa bouche. Elle organisait son attaque et n’en démordait pas : ses lèvres, ses dents, sa langue… ses troupes prenaient la place que je croyais forte ! Et dans mon dos, très vite, je sentis l’effleurement d’une main chaude qui me prenait à revers.

Surpris par son audace, je ranimais la mienne et, sans plus attendre, donnais des ordres brefs, employant tous les corps d’armée disponibles : mes bras l’encercleraient, fermant la route de son dos ; mes mains, en éclaireuses, tâtonneraient, l’une jusqu’à sa nuque, l’autre jusqu’à sa fesse ; mon bassin poseraient un bastion face à ses murs d’enceinte, frappant contre son aine pour la déstabiliser psychologiquement ; ma joue se loverait peu à peu contre sa joue, en fourbe ; et mes lèvres, troupes d’élite, chargeraient vers son cou. J’avais peur qu’elle ne découvrit mes plans et je fermais les yeux, pour qu’elle ne lise plus en moi.

Immédiatement, mes baisers aiguisés fondirent sur elle ! Je sentis la chaleur de sa respiration sur moi et ses muscles se crisper. Mon dos, sans défenses, fit les frais de mes manœuvres au front. Elle sauta sur mes lèvres, leur coupant toute retraite ! Seule ma langue, isolée, continuait l’attaque. Pris au dépourvu, rougissant, je hissais le drapeau blanc. Et le sentit tout de suite. J’ouvris un oeil timide et vis le champ de bataille, mes troupes clairsemées et mes plans découverts.

Reddition… voici ce qu'exigeait son sourire de vaincœur, écrasant sur ma nuque des mains qu’elle avait vives ! J’inclinais donc la tête, prêt à me mettre à genoux, mes doigts coulant déjà vers ses hanches victorieuses. Mais dans l’empire brûlant qu’elle avait sur mes sens, elle saupoudra d’un geste une poignée d’indulgence et, avançant vers ma langue sa langue énamourée, elle amorça la signature d’un conciliant traité. Je n’en demandais pas tant : soufflant de tout mon souffle, courbé par la défaite, j’acceptais tout, sans condition.

Enlacés, embrassés, nos bassins fusionnèrent. Nos respirations communiquaient déjà, cryptées par les soupirs, transmises à bout de lèvres. Mes mains, ses mains, nos mains, parcouraient le pays où nous établissions un pouvoir à deux têtes, courant à travers champ, escaladant les monts, longeant les rives de lacs et les plages de galets. Nos esprits ne firent qu’un et notre joug commun étendait sur nos corps un empire de désir. Je dévorais sa bouche, elle soupirait sans bruit. Elle glissait vers mes jambes et je voulais mourir.

Maintes fois, auparavant, j’ai pensé à son corps comme chemin vers son coeur. Nous parlions, nous parlions et je mourais d’envie. Elle a cédé comme moi et désormais nous ne voyons d’obstacles que dans ces tissus inutiles, ces vanités de toile et l’existence des autres. Nous créions un instant, en dehors de toute loi : la morale, la retenue, nos propres engagements… tout était bafoué, écrasé, déchiré. Nos désirs séparés avaient trop implosés pour ne pas, réunis, provoquer d’explosion.

On a joué, on a perdu et on a gagné. La séance de verbe a tourné au fiasco. Vraiment ? Mes mains n’ont fait que leur travail ! J’ai montré mon envie d’une gestuelle tremblante, j’ai dessiné sur elle des plans inapplicables et j’ai touché du doigt sa sensibilité ! Ma bouche n’a jamais fait autre chose que sa fonction première ! Je l’ai léchée pour compte, embrassée, dévorée et j’ai communiqué ce que j’avais à dire ! Elle a cédé aussi, je ne suis pas coupable !

Il fallait bien qu’un jour ceci nous arriva… on est allé trop loin, vis à vis du contrat. Mais nous avons encore tout à découvrir… Je voudrais l’allonger pour mieux la longer, je veux qu’elle m’arrache toutes ces frivolités, elle veut que je dévore son âme dénudée, que je prenne sur son lit ou sur un meuble, une table, ce qui m’est dur, je souhaite qu’elle attrape ce que je lui tends et ce que je lui doigt. Hier je n’étais rien, aujourd’hui je vais mieux. J’espère que demain, je dormirais en elle.

Informations sur l'article

Tracœur
17 Août 2015
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◊ Commentaires

  • Rei (400☆) Le 20 Décembre 2016
    Oh mon dieu ... T'encules complètement les mots, hein.