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EDC de 54369

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Cacher

Dance with the dead.

Je me retrouve de nouveau dehors, sans savoir vraiment pourquoi, à devoir errer dans ce froid malsain et insaisissable. Excepté le fait de devoir traîner ma carcasse, rien ne change vraiment du caisson, pour tout avouer.
[...]
« REPONDEZ-MOI !!!! LACHES !!!! Suis-je obligé de perpétuellement remettre tout cela sur sur le tapis ? C’est comme cela que vous voulez me torturer ? Encore et encore !! Jusqu’au jour où j’aurais pour seule envie, celle de me faire sauter le disque dur ? »
[...]
A chacune de mes sorties, je tente de réprimer ce mal de coeur habituel. Toute cette acidité remontant le long de mon tube digestif pour enfin atteindre le larynx. Mon cerveau, lui, semble prêt à exploser à n’importe quel instant. Inévitablement, ce qui doit arriver se produit. Je me retrouve courbé, mains sur les genoux, têtes face au sol et je ne me prive alors pas pour dégobiller une sorte de liquide à moitié visqueux et d’une couleur peu ordinaire. Je me sens libéré, me permettant même de soustraire une bière au monde réel. La flaque de vomit empeste le troll en décomposition dans toute la pièce, à moins que ce ne soit l’odeur du dégoût qui m’habite depuis tant d’années. À peine 5 minutes que je suis sorti et je ressens déjà toute cette répugnance qui ne me quitte plus, étant passé il y a de longues années maintenant maitre dans l’art de vivre avec ce sentiment. C’est qu’à la longue, je commence à m’y connaître.

Je tente de me souvenir des derniers instants de ma précédente vie. Chaque élément semble voler séparément autour de moi jusqu’à ne plus former qu'un seul et même souvenir, réel et vivace, comme si c’était hier. Faites vos jeux, encore et encore, vous savez depuis bien longtemps que rien ne va plus. Je l’avais déjà écrit, ne me faites pas répéter, j’ai toujours détesté cela.
Je pourrai de nouveau retourner aux confins de mon inconscient, caché sans l'être de mon pire ennemi, moi-même. Et je n’en doute pas, c'est sûrement ce qui arrivera dans une heure, demain, dans un an ou plus.
[...]

J'ai été élevé pour être du bétail et, pourtant, je me vois comme un berger, tenant dans mon absence de main droite un bâton surmonté d’un rectangle en relief et duquel s’échappe une lumière bleutée. Je me souviens maintenant comment cet objet me servait à soulager le trépas sous mes pas. Il m’a aidé, lors de nombreux événements, à combattre la dépression et l’agonie dont j’étais victime et dont j’ai toujours souffert. J’étais l’espoir et l’affliction à la fois.
Est-ce Sa lumière qui brillait ?
Non, plutôt leurs lumières, celles qui me guident depuis toujours au travers des ombres et éclairent ce chemin sinueux. Celles de mes aïeux, de ces êtres exceptionnels à mes yeux et des deux naines bleues. Le bleu, la seule couleur qui m'ait toujours suivi quelque soit mes choix, mais je ne parle pas ici de celle de l’Empire.
Je donnerais un autre bras pour, à nouveau, toucher ne serait-ce qu’un de ses cheveux, je donnerais même mes deux jambes pour qu’elle pleure sur mon épaule, pour qu’elle me pardonne, pour que je redevienne pleinement un père aimant. Mais je ne suis au fond qu'un aimant à tristesse. L'amour ne pèse rien sur une balance et, pourtant, il emplit chaque recoin de ce corps qui m'oblige à exister.
[...]

Je les ai presque tous vus partir, à tout jamais. Ils ont eu leurs raisons, j’ai mes lamentations.
Puis il y a ceux qui ont encore une enveloppe physique, mais qui ne reviendront peut-être jamais.
Boire, danser, gouverner, tuer, se cryogéniser, etc....
Nous voudrions simplement tout oublier et vivre enfin l'esprit libéré de tous ces fardeaux, les yeux liés dans les ténèbres par un bandeau.
Le mien serait-il de vivre à la place de ceux qui ont disparu ?
Plus je vieillis et plus j'ai de questions. Pourtant j'ai toujours pensé que ce serait le contraire.
Ce que je sais à cet instant est que je suis le dernier Kravitz respirant encore dans cet espace qui accueille neuf secteurs plus ou moins détruits.

Aux autres, les étrangers qui n’ont jamais eu accès aux raisons qui font battre mon coeur, oubliez-moi, comme vous l’avez toujours fait. Snobez-moi ouvertement, car c’est la seule chose qui m’a toujours plu chez vous, l’unique condition pour laquelle vous m’êtes utiles. Vous, que je n’aime pas, les parias de mon amour, ne cessez jamais de me perdre de vue et ne prononcez plus mon nom, jusqu’à ce que ce monde dépérisse dans un dernier souffle de vie. Laissez-moi dans cette pièce obscure danser avec les morts.
[...]

L'héritage n’a jamais été un gage de qualité, bien qu’aient pu en penser les hommes au cours des différents âges de cette planète ou d’une autre.
Combien de guerres furent lancées sur la base de bons sentiments ?
Combien d’êtres vivants périrent au nom de la lubie de dynasties brisées sans exception les unes après les autres ?
Il est temps enfin d’ouvrir les yeux sur l’essence même de ce qui compose la vie et son existence. La société doit se tourner vers l’avenir et ses évolutions. Les chaînes qui nous lient à ce testament putride devront être brisées un jour ou l'autre. Il le faudra pour ne pas finir tous ensemble dégénérés, bien avant que plus rien ne puisse être récupéré dans l’être vivant. Beaucoup d’erreurs ont donné la vie à des causes nauséabondes, beaucoup de bienfaits ont causé la perte de multiples existences dignes. Plus rien ne devrait être justifié au nom d’un seul tout, d’une unique force. C’est bien le lot des utopies, vous convaincre que demain les choses pourraient être meilleures.
[...]
22CH54. Bas fonds. Boutique de Smorky. Flashback.


- « L’plus gros pr'blème d'c’te société. C’la récurrence »
- « Tu parles bien pour un Gobelin. »
- « Cesse d’être d'daigneux, moi, j’pas eu à m’cacher 'tant d’fois qu’toi d’dans un caisson. Restes humble. »
- « ... »
- « T’n’es pas d'fférent, juste plus r'sistant à certaines voix. Celles qui font r’faire encore’ncore les mêmes erreurs pour d’raisons différentes. »
- « Ce n’est pas la définition même de la folie ? Refaire encore et encore la même action en espérant un résultat autre à chaque fois ? »
- « C’est c’que j’dis. Et toi t’as d’sentiments, peut êt’même trop. Mais thalys ne créé rien'au hasard. C’est c’qui t’sauve de l’attrait d’pouvoir. »
- « … » Naugriim reste silencieux, buvant sa bière, encore une autre.
- « Bien. Tête d'barde. Bois t’bière et 'coutes moi. C’te ville tourne’ncore n’encore autour d’c’feu. Et par m’ment l’met l’deux mains d’dans. T’combats n’sont pas perdu. L’sont longs et épuisants. T'es n’rareté. T’voué à êt’l'seul ou presqu'vec d’sentiments. T’voué à encaisser jusqu’la’fin. N’sorte d’gardien d’un mythe perdu d'puis bien longtemps. »
- « Lequel ? »
- « C’lui qu’dit qu’certains tirent leur force d’z’émotions. L’puissants, Ils parlent tous d'leur impérialisme, d'leur soit-d'sante dévotion, mais aucun n’jamais parlé d'la vie, d’l’existence, d’la condition d'vivants. C'sont d'choses qu’ils n'comprennent pas voir même dont ils ont peur. Ils s’cachent. Tu sais, c’facile d’afficher un air s’périeur, l’premier d’bile v’nu peu'l’faire. Ils s’copient tous entr’eux ’spérant êt’n’core plus hautain qu’leur maitre. N’fait non, ils s’contentent tous d’reproduire c’qu’ils ont vu. Sauf qu’ils’ont rien d'comparable à d’z’aut comme Alleria, Shiva, Czevak et s’genre d’personnes. »
- « C’est flou. »
- « C’que j’veux dire par la, c’qu’ils n’existent qu’pour eux. Y’n’font rien pour person’d’aut qu’eux. S’ils sauvent d’vies s’pour s’faire bien voir. S’ils laissent l'peuple dans c’te pauvr’té s’pour avoir moins d’concurrents et s’enrichir. Ils n’connaissent plus l’valeur d’une vie, l’sentiment qu’l’on ressent après n’bonne action. L’sont vides. Apeurés d’sortir d’cadres. »
- « Tu réfléchis bien pour un Gobelin. »
[...]
Suis-je le gardien de la mémoire de mes aïeux ?
Suis-je simplement là pour me souvenir et écrire ?
Cela se pourrait.
Nous ne sommes pas ici pour vivre la vie que d’autres ne voulaient ou ne pouvaient plus mener, mais simplement pour tenter de la soutenir au mieux.
Plus nous avons de liens et plus nous sommes vulnérables, rendant à la solitude une chance d’être utile.
Ce n’est pas l'isolement qui brise notre motivation, c’est l’inaction. C’est la torture.
Suis-je assez las pour périr ?
Au final, presque tout ce qui compte n'existe pas.
Au final, presque tous ceux qui comptent n'existent plus.
C’est lorsque la mort nous entoure qu’il est bon de croire en la vie.
Qu’avait donc en tête Thalys le moment où elle décida de me créer ? je me le suis toujours demandé.
Qu’avaient-ils donc bien en tête lorsqu’ils ont décidé de me libérer du cocon protecteur ?
[...]
Peut-être suis-je simplement là pour être le gardien de trésors dont beaucoup ont perdu la position. J’ai toujours vu en moi tout un tas de faiblesses et de mièvreries. Pourtant, il m’avait prévenu, lui dont tout le monde me mettait en garde. L’ironie voulut que ce soit l'une des personnes qui me fut le plus fidèle, tout comme je l’étais envers lui.
Je n’ai jamais été celui que la majorité voyait en moi, l'une des innombrables perles que l’Empire s’acharne à tailler. Depuis que j’ai appris à remettre systématiquement tout en question, je n’ai jamais souhaité vaincre un adversaire en laissant derrière moi des bâtiments fumants et des taches de sang à profusion. Je m’y suis essayé sans jamais y prendre aucun plaisir, tentant sans envie d’étouffer mes émotions. Mon sens du devoir m’a principalement guidé, quand je n’étais pas là à vomir en constatant ce qu’ils avaient fait de la vie.
Aujourd’hui, alors que je n’ai jamais été aussi proche de ma fin, serait-il possible que leurs lumières illuminent mon esprit ?
Cela fait 6 fois que je m’éloigne de moi-même, du Naugriim originel, celui qui a vécu une seule et véritable fois. Néanmoins, je n’ai jamais aussi bien saisi l’essence même de ce monde que depuis que je ne suis qu’un clone. Mieux vaut tard que jamais comprendre, un pied à moitié dans la tombe, que votre vie n’a pas été qu’une succession d’erreurs, mais de choix délibérés et assumés. Il est aujourd’hui temps de m’accepter et de rechercher le peu de paix que ce monde contient encore. Je pleurerai désormais leurs morts sans jamais n’avoir plus honte, droit et fier. Je ne marcherai plus jamais le dos courbé par l’ignominie, mais parce que sur mon vieil âge pèse le poids de nombreux souvenirs dont certains sont les leurs.
Il y a les hommes devant le soleil, composés des égocentriques, des menteurs, des tyrans et des personnes aux multiples désignations peu flatteuses. Mais il y a aussi les hommes derrière le soleil, qui s’effacent pour laisser place à la majestueuse puissance de la vraie lumière, celle qui vient du fond de notre âme.
Que l’astre brille à nouveau sur cette civilisation décadente et perdue, qu’il aveugle les criminels et guide les justes.
[...]
« Encore une fois, la bête s'est émancipée de l’emprise de ses créateurs. »

Informations sur l'article

Live too long.
23 Novembre 2017
635√  16 9

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◊ Commentaires

  • L-X~19531 (1540☆) Le 23 Novembre 2017
    "C'est la nuit qu'il est beau de croire à la lumière !" (E.Rostand) : je crois que c'est pas la première fois que je cite du Rostand en lisant tes textes mais ça te va tellement bien. Je pourrais citer l'intégralité je crois...
    .
  • Akasha (0☆) Le 23 Novembre 2017
    [N'étoile pour notre grand Nain smiley ♥]
  • Sanya (198☆) Le 23 Novembre 2017
    ☆☆☆ Mon Lapin ♥♥ Sanya sera ravie de revoir le nain et de lui prouver qu'il avait tort la concernant et qu'elle a toujours les fleurs qu'il lui a offert ☆☆☆
  • Hellguapo (235☆) Le 24 Novembre 2017
    Joli texte, bien écrit.
    • « Ce n’est pas la définition même de la folie ? Refaire encore et encore la même action en espérant un résultat autre à chaque fois ? »

    ça s'appelle la persévérance, ou l'obstination, selon. ça me fait penser aux Shadoks: "plus ça rate, et plus ça a de chances de réussir."

    «Sauf qu’ils’ont rien d'comparable à d’z’aut comme Alleria, Shiva, Czevak et s’genre d’personnes. »
    le Gob a fait un gros oubli: Stilicon. smiley
  • Manerina~6356 (1567☆) Le 30 Novembre 2017