EDC de 49313

Comment, en si peu de temps, une vie avait peut-elle pu être remise en cause à ce point ?

Vautour, elle avait connu sa première plongée et son première échec.
Traumatisée, elle avait mis du temps pour savoir si elle avait réussi à sortir de la matrice ou non.
En rémission, elle s'était accordée un moment de repos dans la grande salle de l'usine, après de longue heure de travail. Alors pourquoi s'était-elle retrouvé humaine au coin d'une rue, sans le moindre souvenir ni du comment ni du pourquoi, à part peut-être des visions d'un scientifique fou ?
Et en plus de ça, elle avait du assister, à la lente descente aux enfers de son amie, voir lentement la vie la quitter, impuissante. Obligée d'appeler à l'aide pour la sauver, car sa vie était en danger pour sauver l'Autre. Tout le monde lui avait toujours dit qu'aller boire un verre dans un bar permettait de se changer les idées. Et se changer les idées elle en avait besoin. Alors elle était sortie de chez elle. Direction le Sud.
Là il y avait toujours de l'animation, des discutions, de quoi après quelques verres ne plus entendre ses pensées.
Contourner le bar pour être face à la porte.
Commander une première Vodcast et la boire cul-sec.
Commander une seconde et se détendre un peu.
Voir la porte s'ouvrir et l'Autre entrer.
Voir l'Autre faire comme si tout était normal ... Et faire ce qu'il ne faut pas, ouvrir sa gueule
"Assassin !"
Colère, rancœur, stupidité, quoi que ce fut, elle se leva et se planta devant l'Autre: "Elle a failli mourir à cause de toi"
Un coup de poing, une table qui se renverse et la voilà qui crache du sang.
"Sans moi elle serait morte"
"Tu ne sais pas de quoi tu parles"
D'autres coups plurent et la voix de la patronne qui dit à l'Autre de faire ça proprement ou d'aller dans la rue.
"Je ne la tuerais pas"
Encore des coups et elle se retrouva étalée dans la rue.
"Tu n'as pas idée de ce que j'ai sacrifié pour elle"
"Tu ne penses qu'à toi"
"Elle souhaitait rompre tout contact avec toi. Sans moi, elle ne te parlerait même plus"
Une lame glacée lui transperça le corps et un cri lui échappa "Mensonge"
"C'est moi qui l'ai convaincu, elle ne voulait plus te voir"
Son esprit ne sut le supporter et alors que les larmes affluèrent, une voix faible ne put que prononcer "impossible"
Titubante et s'accrochant au mur, elle se traina vers le Tcast
"Non ..."
Avancer
"Ma meilleure amie ..."
Avancer un peu plus
"Elle ne ferait pas ça ..."
Un embrasement de porte,
Une dernière raillerie de l'Autre,
Fuir, son corps meurtri,
Se cacher, son esprit arraché ... Encore une fois la vie s'acharnait sur elle. D'abord son esprit avait été éparpillé, puis son corps bafoué et enfin son cœur arraché.
Souffrance et désespoir.
Et rien pour la protéger ... Des murs se dressèrent autours de son âme, quelque chose s'était brisé.