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Praegrandis découvre : Le Secteur Impérial ! PART I [CDO]
Fraîchement sorti, Praegrandis rajusta sa besace en bandoulière, soufflant des naseaux alors que la lumière artificielle des éclairages l'aveugle l'espace d'un instant, ses oreilles découvrant nouvellement les sons de la ville, quelques coups de feu même. Il n'est pas dans la Haute Ville que la vidéo lui montrait. Les lampadaires semblent vieux, certains ne marchent plus, et le sol en dessous de lui laisse des marques à chacun de ses pas.
Il errait dans la rue, n'ayant aucun but précis en tête. Parfois, une personne passait, et disparaissait entre deux immeubles, souvent sans même prêter attention au colosse vert qui arpentait les lieux, des fois en se contentant d'un regard intrigué, d'un haussement de sourcil voir d'une pique marmonnée, silencieuse.
Le troll nouvellement arrivé n'avait reçut aucune aide, aucun indication, et dans une ville aussi grande, il était logiquement perdu. Son com' vibra alors dans sa besace, quelqu'un avait dû remarquer son nom au centre d'arrivée, et l'avait contacté pour lui offrir des tarifs attrayants pour des entraînements de qualité. Hélas, aucun spam pour allonger la taille de son organe ou lui apporter tous pleins d'orquettes près de chez lui. Les lignes roses vivaient de sombres heures à DreadCast.
Désespéré, il fit ce que tout bon troll fait dans ses débuts : chercher à manger. Errant donc en observant les enseignes locales, il tomba par hasard sur une personne accueillante, ce qui au total faisait une personne accueillante en plusieurs cycles de marche. Elle se renseigna rapidement sur lui et l'invita à chercher une carte d'identité, ce qu'il fit.
Le Cercle de l'Orient se dressait alors fièrement à l'horizon, clamant de ses petites vitres qu'un troll tel que Praegrandis était attendu à l'accueil pour retirer sa Carte. Une longue marche l'attendait. Avant le Cercle, il y avait la Haute Ville, et le choc fut considérable lorsqu'il fut interpellé par un individu bardé de métal, de plastique et d'un arsenal en tout genre, du monofilament crépitant au fusil d'assaut tirant des substances de toute les couleurs, illuminant la tenue du policier comme un jukebox des 70's.
Mais Prae' n'avait pas le coeur à rire, taciturne, ne répondant aux questions de l'agent que par un bref hochement de tête pour dire "oui" ou "non" : il agaça rapidement le teigneux agent de l'ordre qui finit bien vite par lui indiquer le Cercle de l'Orient, comme si le troll était aveugle en plus d'être stupide, ou des fois qu'il cherche vraiment un bâtiment en forme de cercle, ce qui était déjà un peu plus probable.
"Circules, tas de gras, et que je ne te revois pas sans papiers, ou même armés, ou même tout court ! Bouges !"
S'exécutant docilement, il ne fit même pas le plaisir de répondre à l'agent. Peut-être n'avait-il même pas compris ? Il hocha simplement la tête et reprit sa marche, les jambes même pas endolories grâce aux drogues qu'il avait reçu, suffisamment pour accomplir un tour de la ville à vélo et briller fluo aux tests anti-dopages : sympa la science !
Quand enfin il arriva à la bâtisse, ce fut un univers plus dure encore qui se referma sur lui. Traversant un sas sombre et hautement surveillé, il atterrit dans un hall, n'ayant pour accueil que le cliquetis des souris d'ordinateurs, quelques toux rauques de gros fumeurs martelant les touches d'un clavier et une odeur de skiwi planant dans les airs.
Sans hôtesse, ce fut un panneau qui lui indiqua la direction à suivre, à gauche, les bureaux, un type au regard vitreux qui l'observa comme s'il était la copie de ses cauchemars d'enfance, ou peut-être un terroriste ?
Nom ? Prénom ? Vos informations génétiques ? lâcha l'informaticien, déglutissant.
Doucement, Prae prit la parole pour la première fois de sa courte vie, alors qu'un courant d'air rauque, caverneux à la Barry White mais plutôt Green s'échappait de ses poumons :
-"Praegrandis." dit-il avec une patience ou une lenteur d'esprit remarquable.
Le type tapa rapidement sur son clavier, puis voyant que rien ne suivait, répéta :
"Âge ? Poids ? Taille ?"
- "28 ans. 250 kilos. 2m20".
Haussant les sourcils, l'homme lança l'impression, rivant son regard sur le mastodonte aux canines proéminentes, un peu embêté de voir une telle abomination exister, peut-être ? Après tout, était-ce doué de réflexion ? Le bip sonore de l'imprimante le tira de ses réflexions, crachant une carte plastifiée qu'il lui tendit avec un sourire forcé :
"Présentez ce papier à chaque fois qu'un agent de l'ordre vous le demandera. C'est tout."
Alors qu'il aurait put y goûter, ou même le jeter, le troll eut cependant la présence d'esprit de ranger la pièce d'identité soigneusement dans sa besace, tournant les talons avec un dernier regard aux nombreuses caméras. Ainsi s'achevait sa découverte de l'identité citoyenne, de la Haute ville et sa banlieue, la pauvreté et le luxe, l'ignorance et l'entraide.
Mais bon, il n'avait toujours pas mangé avec ces conneries.
Informations sur l'article
Un bébé de 250kg
25 Février 2014
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