EDC de 47340

J’étais à bout et ne savait plus comment me sortir de cette boucle infernale. Mon fiancé avait même fini par ne plus rentrer dormir près de moi. Je me doute que son sommeil devait être troublé par mes crises.

Je pensais que si au moins j’avais eu la force de me lever, j’aurais rejoint une capsule de cryogénisation. La glace m’aurait offert le repos,mais ce n’était pas envisageable.

Plus la force pour lutter, je tombe dans un sommeil et dans cet univers, celui de mon reflet.

Assise dans une flaque,adossée à un mur humide, je n’ose bouger, mon ouïe est plus fine qu’à l’accoutumée. Deux sons me parviennent très clairement, les rires de plusieurs enfants et la voix rauque et autoritaire d’un chef de clan.

Je me mets à trembler, mes dents claquant l’une contre l’autre. J’ai peur qu’on m’entende,comme si j’étais venue ,me cacher ici.

Les rires disparaissent de mon champs d’audition. La voix s’arrête nette. Le silence…oppressant…

Je deviens spectatrice d’une scène troublante. Une jeune femme agenouillée devant une bassine pleine de glace et d’eau, portant une belle robe rouge, des cheveux carmins qu’un orc tient en une poignée. Le visage de la demoiselle est défiguré par le maquillage coulant, ses premières mèches dégoulinant sur son cou, et ses lèvres bleues saignant. Elle a à peine le temps d’inspirer que celui la tenant par la crinière, pousse sa tête dans l’eau glacée, grommelant des demandes d’informations sur un ton nerveux. Il recommence ainsi à plusieurs reprises, lui laissant moins de temps entre chaque immersion.

Je voudrais intervenir mais j’ai l’impression de me noyer et suis incapable de lui venir en aide.

Je heurte le mur de l’autre côté de la salle,voyant le bras du tortionnaire suivre mon mouvement. Mon dos me lance, j’halète. Des gouttes fraîches ruisselant sur mes joues. Je ferme les yeux espérant m’évanouir.

Des pas lourds approchent, c’est lui. M’empoignant par les épaules, il me soulève et me plaque contre le mur en se servant de son bassin. Ses yeux noirs pleins de haine transpercent les miens. Il me jette à travers les vitres à ma droite, les débris crevant ma peau comme des flammes.

Je me tient debout au milieu d’une étendue d’eau incommensurable, sur un sol mou.

Une lumière puissante perce cette masse et me brûle les yeux. L'air commence à manquer, je m'agite et quitte le fond. Mes jambes se relèvent à hauteur de mon bassin,je ne suis plus qu'une ligne de chaire horizontale dans ce lieu bleu verdoyant.

Les yeux mi-clos, me sentant partir, je perçois l'ombre de mon sauveur.

Trop tard ai-je l'impression de murmurer.

Une sensation de chaleur à l'arrière de tout mon corps et un souffle tempéré contre mon visage. Il y a une lumière éclatante qui brûle ma peau. Je place ma main pour m'en protéger le regard. Il est là agenouillé,ses paumes sur mon sternum,son oreille près de ma bouche. Je reconnais son parfum subtile, c'est mon ange-gardien,pas de doute.

Le son de l'eau se rapprochant de mon corps allongé m'angoisse. Je saisit la dague entre mes cuisses et me tranche la gorge. Il tente de m'en empêcher mais il est trop tard. Je sens mon corps refroidir à grande vitesse.

Dans une pièce des plus commune avec sofa et télévision. Je ramasse des tas de bouteilles vides et des verres contenant encore un peu d'alcool. Il n'y a qu'une seule porte, je m'y engage. J'atterris dans le couloir de mes souvenirs...il est étrangement différent. Des gouttes de sang ruissellent sur les parois, recouvrant chaque tableau. La silhouette d'un homme. Je m'avance. Il pleure des larmes de sang.

Un battement d'ailes. Je ne vois plus rien. Je décolle du sol. Il susurre de sa voix rassurante.

Ne lui fais pas de mal! Il a déjà assez souffert en ton nom.

A ses mots mes jambes se glacent, j'en perds toute sensation.

A mon réveil, il m'est impossible de bouger, mes jambes ne me répondent plus, je reste alitée et écris quelques com', transcris ce cauchemar dans mon journal, avant de sombrer à nouveau dans mon coma devenu routinier.