EDC de 4392

Sous la camera de son appartement miteux, la jeune cyborg écrit, sans relâche, sur ce livre qui a vu passer les années avec elle.
Elle ressasse ses dernières fins de journées ,relisant même parfois à haute voix certain paragraphe qui une fois dit à l'orale ne lui conviennent pas.
Sa voix ne se répercute pourtant pas à ses oreilles ,seul sa musique retombant dans ses tympans.
Elle replace sa jambe correctement sur sa chaise de bureau en laissant se marquer une grimace de douleur sur son visage suivi d'un léger soupire de soulagement, malgré le temps elle n'est toujours pas parvenue à s'habituer à sa blessure.
Elle finit par revenir à son écriture, laissant son feutre flirter avec douceur sur le papier.
Les mots s'y trouvant ne correspondant même plus à sa vie initiale, reflétant juste son impression de voir la vie, ici, dans quelque bribes de phrase sans teint.
La camera zoomant automatiquement la cible mouvante, suivant les gestes de la main et les arabesques faites à l'encre que celle ci dessine sans grande attention.

"Un souffle et des battements de cœur plus présent. Des minutes qui semblent longue mais qui au final se font pourtant courte. Ce gout amer en bouche et ce liquide encore visqueux dans les cheveux. Un brouhaha ambiant et presque un coup de pied au cul pour se faire réveiller encore plus brutalement. Une série d'yeux braqués sur soi ,incrédule, avant de finir en dehors de cette bâtisse avec ce qui nous semble être un semblant d'amour propre. Ce courant d'air, violent, rabattant d'un coup sec la porte, sans nous avoir laissé le temps de la refermer de notre dernier semblant de force. Ce même vent nous refroidissant dans ses murmures, nous laissant seul, témoin de cette ville, dans la morsure du froid. La diode de notre messagerie clignotant sans relâche, nous en brulant presque la rétine, sous l'assaut d'une lumière incessante. Une rue Glauque, avec pour seule animation, un lampadaire à l'ampoule grésillante, nous forçant à faire un premier pas non assuré dans une parcelle de cette ville dénaturée..."

La camera suivant toujours ses doigts, zoomant et dezoomant dans un bruit qui lui est sien.
L'attention se faisant maintenant attirée par une fumé blanchâtre, s’échappant du tabac embrasé de cette cigarette maintenant allumée, la camera dezoome brutalement englobant ainsi la cyborg et ce feutre qui couche à nouveau ces mots sur ce papier au couleur jaunie.

"..Soirée longue de ressentit et de vengeance pour les plus irrités. Ou juste longue nuit emplie d'aspirine et de sommeil pour les plus éreintés. Le chemin vers notre destination qui nous semble aussi long que ces premières minutes à sortir d'un monde liquéfié. Réapprendre à marcher quand on a l'impression d'avoir comaté durant des années. Pianoter sur les touches de ce petit objet au allure de guirlande de noël une fois des messages reçus. Tout en mesurant la pression de ses doigts quand on a perdu toute force dans ceux ci, pour une simple réponse positive quant à un retour attendu... "

Le bruit sourd de la tête de la cyborg endormie, retombe sur le journal ouvert ,audible et visible que pour les micros qui accompagne cet objet qui l’épie depuis le début de son récit.
Le mégot fumant retombant sur le parquet, où il se consume lentement , s'éteignant dans une douce fumé blanche..