EDC de 39865

Ca vous prend comme ça aux tripes. La douleur, le chagrin. Ca vous enserre et vous oppresse, ça vous contrôle et vous torture.

Elle avait erré toute la journée à la recherche d'un but à donner à sa vie. Geoffrey était partie, elle avait perdu tous ses amis à cause de lui, elle était seule. Seule comme un chien, seule à ruminer sa haine. Lanna lui avait tourné le dos, lui venait de la quitter gougeatement. Elle n'avait plus personne à qui parler, aucun ami à qui se confier. Seule.

La seule chose qui l'apaisait un tant soit peu était les entraînements. Entraînement qui devenaient de plus en plus fréquents, de plus en plus longs, de plus en plus brutaux. Varta aimait ça. Donner des coups et en recevoir. Sentir le sang sur sa langue, l'odeur de sueur et de souffrance. Souffrir pour oublier qu'elle souffrait. Sentir la violence des coups reçus pour oublier la violence de sa haine et de son désespoir.

Varta découvrit un aspect d'elle-même qu'elle ne soupçonnait pas. Un penchant pour la violence, qu'elle s'efforçait de repousser et de maitriser. Mais qui l'attirait malgré tout, la fascinait et la dégoûtait à la fois. Elle n'éprouvait plus que rage et colère, envers lui, envers sa compagne, envers Lanna et les autres, envers elle-même et envers ces satanés NI qui se permettaient de dormir partout en salissant les rues déjà suintantes de crasse.

Plus les heures passaient, plus la pulsion se faisait sentir. Au début ce n'était qu'un simple tiraillement, une idée qui avait germé dans sa tête en voyant tous ces endormis à la prison. C'est vrai qu'on pouvait appeler le cdo, mais ne pourrait-on pas régler cela d'une manière plus simple ? Prendre une arme et leur exploser la cervelle sur le marbre sombre ? L'envie de les expédier en cuve dans un bain de sang l'avait effleurée, mais elle avait résisté, préférant contacter l'agent Elaneth du Cdo afin de régler le problème.

Mais au fil de la soirée sa rage était montée. Il y avait eu ce maudit entretien avec l'elfe et sa compagne. Elle avait fini par perdre patience et l'insulter copieusement dans l'espoir que l'autre idiote se rende compte qu'elle avait affaire à un rustre. Mais cela n'avait pas marché. Le fille était restée impassible, écoutant ce qu'elle avait à dire d'un air résigné. Lui non plus n'avait pas essayé de la calmer ou de se défendre. Quel lâche ! En cet instant elle l'avait détesté, regrettant de ne pas être assez forte pour les tuer tous les deux.

Elle avait quitté le bar furieuse. Là, assis par terre devant le centre d'arrivée, gisaient une dizaine de nouveaux arrivants. Varta les avait contemplé, avec au coeur la haine que lui inspiraient ces déchets humains et meta-humains. Un homme était assis les bras ballants, un filet de bave lui coulant au coin des lèvres. Une femme dormait à moitié nue, ses cheveux recouvrant son visage. Rebuts de la société.

Varta marcha d'un pas rapide, puis se mit à courir vers le magasin d'arme le plus proche. Personne, heureusement. Mais l'automate était en service, alors elle commanda un gant de fer à sa taille et s'empressa de le chausser. Puis elle esquissa un sourire cruel.

Elle sortit dans les rues sales en quête d'une victime. Elle avisa un homme échoué dans le caniveau en basse ville. Le regard mauvais, elle vérifia qu'il était bien endormi puis lui tomba dessus. Elle le saisit par le col et lui envoya un coup de poing dans la machoire. Plusieurs dents tombèrent au sol. L'homme ne se défendit pas. Lentement, en savourant l'instant, elle lui souleva la tête puis l'écrasa lourdement au sol plusieurs fois, jusqu'à ce qu'elle entende ses os craquer et voie le sang se répandre. Varta sourit en voyant le liquide rouge colorer la boue autour. Elle regarda le corps disparaître avec une lueur sauvage dans les yeux.

Puis, elle se mit en quête d'une autre victime. Elle tomba sur une femelle endormie, et sentit le rythme de son coeur s'accélérer. Varta vérifia son équipement. Des choses basiques, rien qui puisse laisser suggérer qu'elle serait de taille à lui tenir tête. Oui, c'était parfait. Elle fit craquer les os de sa main avant de se pencher vers sa victime. Elle l'observa un moment avant de murmurer à son oreille:
"Ce soir, tu vas rencontrer la mort"
Puis elle se recula légèrement et lui donna un grand coup derrière la nuque, lui brisant tous les os dans un craquement sinistre. Varta lui fit tourner la tête jusqu'à ce que quelque chose cède, puis relâcha sa victime d'un air satisfait avant que celle-ci disparaisse.

Elle contempla le sang qu'elle avait sur les mains. Lentement, elle ôta son gant de fer puis porta ses doigts à sa bouche pour lécher le sang frais. Pour la première fois, elle avait tué quelqu'un de ses mains. Elle en ressentait une joie sauvage mêlée de haine. Varta éclata d'un rire sinistre puis elle disparut dans la nuit en laissant la rue souillée par les miasmes des deux inconnus.