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EDC de 35633

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1-Une enfance, une mère, une vie effacée

"Maman ! Où tu es ?"
Le petit garçon avançait à travers les longs corridors de l'immense villa.
"Maman !"

Il avait mis ses mains en cône autour de ses lèvres en espérant faire entendre un peu mieux. Une voix douce lui répondit :
"Oui mon chou, je suis à la cuisine."
Le gamin se mit à courir, affichant un large sourire, il fit quelques mètres dans un puis deux couloirs avant d'ouvrir une petite porte sur sa droite. Sa mère était là, dos à lui, devant un large wok duquel émanait des odeurs d'épices. Il se rua vers elle et s'accrocha brutalement à ses jambes.
"Maman ! Je croyais que tu étais partie !"
Elle éteignit les plaques chauffantes et se retourna, lui caressant ses cheveux bruns.
"Mais non, pourquoi je serais partie ?"
Le petit releva la tête et la contempla bêtement.
"Maman ?"
"Oui ?"
"Je t'aime."
La femme s'accroupit et serra doucement son fils contre elle, laissant couler une larme le long de sa joue.
"Moi aussi mon chou, moi aussi..."
Le garçon l'essuya du bout de son doigt et fit la moue.
"Pourquoi tu pleure maman ?"
Elle se mordit l'intérieur de la joue nerveusement et répondit la voix nouée.
"Pour rien... T'inquiète pas..."
Il fronça les sourcils un instant. Sa mère ajouta en hochant la tête :
"Je vais bien."
L'innocence des enfants est leur plus grande faiblesse, ou le plus grand des dons, l'innocent ne connaitra jamais le malheur.
Le petit garçon retrouva tout de suite son large sourire et reprit en sautillant :
"Tant mieux ! Dis maman ? Tu peux me raconter une histoire ?"
La femme répondit en désignant le wok :
"Il faut qu'on mange, c'est prêt."
Le gamin la regardait avec des yeux grands comme des lunes.
"S'il te plait..."

Un sourire triste gagna les lèvres de la mère.
"Bon. Viens t'assoir, je vais te raconter la vie d'un homme qui s'appelait Alexander, Alexander Tchaïkovski."
Il pouffa de rire.
"C'est un nom bizarre !"
Elle le regarda en soupirant.
"Oh, tu veux une histoire ou pas ?"

Le garçon baissa la tête et n'ajouta rien. Elle sourit et ferma les yeux.
"Alors... C'était un grand compositeur, ça veut dire qu'il faisait de la très belle musique. Il..."
TANG TANG TANG
La femme ouvrit les yeux brusquement et posa un regard horrifié sur son fils.
"C'est toi qui a fait ça ?"
Il était tétanisé. Sa mère le souleva en le prenant dans ses bras et l'emmena en courant dans sa chambre.
TANG TANG TANG
Une voix rauque, puissante se fit entendre.
"Ouvrez tout de suite ou j'enfonce la porte !"
Elle assit son fils sur son lit et le regarda droit dans les yeux.
"Tu ne bouge pas d'ici mon chou, je reviens, si tu entend quelqu'un venir, tu te cache, d'accord ?"

Le gamin fondit en larme et lui attrapa le poignet.
"Non ! Je veux pas que tu parte !"
Elle le foudroya du regard.
"Abraham !"
Il pleura de plus belle, mais la lâcha. Elle se radoucit.
"Ne t'in..."
CLAC
Les gonds de ma porte avaient sauté. La femme se précipita vers l'entrée. Le petit était recroquevillé sur lui même à sangloter, à se morfondre. Qui était cet homme ? Il n'avait jamais connu que sa mère, et les personnages des films. Et que leur voulait-il ?
Un cri brisa le silence pesant qui régnait dans sa chambre. Un cri de femme.
"Maman..."
Le garçon releva la tête et essuya d'un revers de main ses larmes avant de quitter son lit. Il sortit de sa chambre et avança dans le couloir, nerveux, inquiet. Les cris continuaient à se faire entendre, sans se faire comprendre. Il fallait s'approcher un peu plus, toujours un peu plus, se concentrer sur ses pas, ne pas faire de bruit, pour ne pas se faire remarquer...
BAM
Le coup de feu le stoppa brusquement dans son élan. Il sursauta, s'arrêta, cru que son cœur le ferai aussi. Tout redevint calme dans la villa, mais pas dans sa tête. Il avait peur, pour lui, et surtout pour sa mère. Ses jambes le portèrent jusqu'à la porte derrière laquelle tout se déroulait. Il se retint de se précipiter à l'intérieur et s'accroupit pour observer à travers la serrure. L'homme était là, vêtu d'une combinaison noire arborant le signe de L'Empire au niveau de l'épaule. L'enfant décala sa tête pour voir le reste de la scène et se crispa. Sa mère était là, à genou, avec le canon d'une arme sur la tempe. Il ferma les yeux, tremblant.
"Alors sale chienne ! Tu me dis où il est ou tu préfère que j'te cale une balle dans la tête ?"
Le petit ouvrit des yeux exorbités en déglutissant.
"Non..."
Il se leva poussa la porte et courut vers elle.
"Maman !"
L'homme se retourna en l'entendant et lui envoya une puissante gifle du dos de la main. Le garçon s'écroula dans un gémissement. La femme, abasourdie, battit légèrement des paupières et se traina à quatre pattes vers son fils. Le gars en noir pointa son flingue sur elle :
"Toi ! Tu bouge pas !"
Elle n'écoutait plus, continuait à s'approcher, sous le choc.
"Tu bouge pas j'ai dit !"
Elle prit le petit visage ensanglanté entre ses mais et remit une mèche de cheveux derrière son oreille. Elle le regarda un instant, sa pureté souillée.
"Mon... Mon fi..."
BAM
L'homme avait tiré, avait tué... Le bruit sortit le garçon de sa torpeur. Il découvrit, sur son torse, le crâne explosé de sa mère. Sans comprendre, il commença à la secouer aux épaules.
"Maman..."
L'agent Impérial lança un regard assassin au petit. Et s'approcha de lui.
"Toi ! Tu vas le payer !"
L'enfant ne réagit pas, il la contemplait, toujours aussi bêtement.
"Maman... Réveille toi... Répond moi..."
L'homme le saisit à la hanche et le porta sous son bras jusqu'à la sortie. Il ne se débattit même pas, laissant son regard posé sur sa mère. Et avant que la porte de son enfance ne se ferme, que son innocence le quitte, qu'il ne commence à haïr... Il prononça l'unique et ultime parole scellant à jamais le pacte d'un ultime et véritable amour.
"Maman... Je t'aime..."

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Avant
19 Décembre 2012
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